
VIN. Le négociant en vins d’origine alsacienne cède son site de Montagny-lès-Beaune (Côte-d’Or) à Vente-Privée.
S’il réalise à n’en pas douter une très belle opération immobilière, sa motivation est toutefois autre.
Elle lui permet de regrouper ses forces sur son autre unité toute proche à Vignoles, à l’appui d’un investissement de 3 millions d’€.
Explication avec Jean-Daniel Tresch, président du directoire de l’entreprise qui porte son nom.
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La cession à Vente-Privée d’un bâtiment de 9 600 m2, près de Beaune et juste en façade de l’autoroute A6, a focalisé toute l’attention sur l’acheteur (relire notre interview de Jacques-Antoine Granjon, fondateur et dirigeant du site de vente en ligne, en cliquant ici).
Elle en aurait fait presque oublier l’existence du vendeur : le groupe viticole Tresch que préside Jean-Daniel Tresch. « Notre site de Montagny-lès-Beaune était en vente depuis 2011 et plusieurs repreneurs potentiels ont manifesté un vif intérêt, le premier à s’être décidé a juste été Vente-Privée », souligne le dirigeant.
« Mais si nous vendons (*), ce n’est pas pour une quelconque difficulté rencontrée. La seule raison est que ce site ne correspond plus à nos besoins », précise t-il.
Les besoins actuels de ce négociant en vins consistent à doper sa productivité d’au moins 20% sur son autre unité toute proche à Vignoles où il pourra améliorer ses flux logistiques et regrouper ses lignes d’embouteillage.
Un investissement de 3 millions d’€ est prévu en ce sens. Il permettra d’étendre de 4000 m2 les 12 925 m2 existants pour mieux stocker les produits finis. Il favorisera également la mise en service d’un parc de six lignes d’embouteillage, dont trois seront rapatriées de Montagny-lès-Beaune.
Selon le calendrier arrêté, Tresch devra avoir libéré ses anciens locaux à fin mars prochain et compte être opérationnel dans le courant du second trimestre 2014.

Transfert à terme du siège social alsacien
Peu connue sous son nom, cette entreprise viticole de 130 salariés et 70 millions d’€ de chiffre d’affaires se définit sans côté péjoratif comme un « faiseur industriel ».
Elle commercialise jusqu’à 50 millions de bouteilles par an de très nombreux vignobles français, dont une moitié en AOC et l’autre en vins de cépage et vins de table.
« Nous ne possédons pas d’outil de vinification en propre, mais travaillons avec un réseau de partenaires dédiés », explique Jean-Daniel Tresch.
Une mutation totale lorsque que l’on découvre que le premier métier de Tresch, lancé dans les années 60, était d’être l’embouteilleur et le distributeur attitré de brasseurs, dont Kronenbourg. Ces derniers ayant intégré progressivement leur distribution, le secteur viticole représentait un nouveau débouché à saisir.
D’où l’acquisition en 1997 du Bourguignon Maurice Chenu et sa célèbre et ancestrale marque Raoul Clerget, puis courant 2006, par échange de titres avec Schenk (**), d’un autre négociant bourguignon, François Martenot.
« Nous sommes tellement devenus un opérateur local, que nous allons à terme transférer sur Vignoles notre siège alsacien d’Illzach, dans le Haut-Rhin », confesse Jean-Daniel Tresch.
Cet ancrage viticole régional correspond à la stratégie de vendre à terme jusqu’à 40% sous ses marques propres (Raoul Clerget et François Martenot notamment), contre 20% aujourd’hui, et de développer fortement l’exportation dans les pays de l’Est et l’Asie, Chine comprise, avec des produits à plus forte valeur ajoutée.
(*) Le montant de la transaction demeure confidentiel.
(**) Schenk détient 20% du groupe Tresch.

Qui est Jean-Daniel Tresch ?
Loin du microcosme vini-viticole beaunois aux traditions parfois Vieille France, un rien ampoulées et souvent condescendantes, ce dirigeant de 38 ans parle franc. Son éducation et sa formation professionnelle plaident pour lui.
Ingénieur diplômé des Arts et Métiers, il est par ailleurs titulaire d’un master délivré par HEC. Après une expérience de sept ans à la Société Alsacienne de Développement et d'Expansion (SADE), il rejoint en 2006 le groupe familial.
Aux côtés d’un père retraité, mais encore « très actif », il développe aujourd'hui un management collégial et très participatif où l'argument et le dialogue priment le droit d'aînesse.
Crédit photos : Tresch