Agroalimentaire. La cession au groupe Fruiterroir de la société Bazin (280 salariés), numéro un français des ingrédients de charcuterie pour l’industrie du plat cuisiné implanté à Breuches (Haute-Saône), mérite quelques explications.

Effective depuis le 7 avril dernier pour un montant non communiqué, elle trouve déjà sa justification dans la volonté de ses dirigeants de pérenniser leur entreprise.

«Cooperl, le plus gros abatteur et découpeur national de viande de porc, voulait réaliser sa participation de 20% dans notre capital et Albert Locatelli, qui possède comme moi 40% des parts, souhaitait partir progressivement en retraite, après avoir débuté sa vie professionnelle dès l’âge de 14 ans», explique Philippe Wagner, président de Bazin.

S’il avait voulu rester seul maître à bord, le chef d’entreprise aurait alors dû financer la reprise de 60% des actions. «Ce qui financièrement était irréaliste et je n’acceptais pas le recours à des fonds d’investissement», assure t-il. D’autant que le charcutier se porte plutôt bien avec un dernier chiffre d’affaires qui s’élève à 80 millions d’ €.

Pour des raisons plus stratégiques, le choix du groupe Fruiterroir n’obéit pas non plus au hasard. «Il s’agit d’une réelle opportunité pour Bazin, car nous avons beaucoup de synergies communes à développer», indique le dirigeant.

Un pôle plus fort de produits alimentaires intermédiaires

Fruiterroir, holding appartenant à Jean-Louis Brunel, contrôle les sociétés Yabon, basée à Verneuil-sur-Avre, dans l’Eure, et EP Fromatis, implantée à Bain-de-Bretagne (Ille-et-Vilaine).

Intégrée à Fruiterroir depuis 2005, Yabon (30 millions d’€, 130 salariés) conçoit et fabrique des desserts prêts à consommer, des produits pour enfants et des aliments bio, ainsi que des ingrédients en poudre, comme des fonds de sauce, pour l’industrie agroalimentaire.

Fromatis (près de 15 millions d’€ d’activité, une trentaine de salariés), est, de son côté, spécialisée dans les ingrédients fromagers fondus.

«Nous allons en conséquence monter un pôle beaucoup plus fort en produits alimentaires intermédiaires» pour l’industrie», se félicite Philippe Wagner qui demeure président du charcutier industriel, Albert Locatelli acceptant de prendre en charge, encore un certain temps, la R&D dans ce domaine.

«Je ne concevais pas de racheter Bazin sans m’appuyer totalement sur l’équipe de management en place», ponctue Jean-Louis Brunel. Le nouveau propriétaire confirme par ailleurs à terme le projet de nouvelle usine, dimensionnée entre 5 000 et 6 000 m2 pour un coût d’environ 8 millions d’€, dédiée à devenir l’unité du groupe des ingrédients alimentaires.

Autre apport de Fruiterroir : son référencement auprès de toutes les centrales de la distribution. Un atout de débouchés futurs non négligeable, car Bazin ne commercialise aujourd’hui en grandes surfaces, qu’environ 10% de ses salaisons traditionnelles : jambon de Luxeuil, saucisse de Morteau, saucisses de Montbéliard, terrines franc-comtoise...

«C’est un véritable nouveau challenge qui s’offre à moi, en partenariat avec un industriel qui partage mes valeurs professionnelles, notamment sociales (*)», confesse Philippe Wagner. «J’ai une forte ambition de croissance, externe comme organique», reconnaît Jean-Louis Brunel qui, après Bazin, envisage déjà de nouvelles acquisitions.

(*) Philippe Wagner a prévenu officiellement, vendredi dernier, l’ensemble des salariés du rachat de leur entreprise.

Crédit photo: Société André Bazin

1 commentaire(s) pour cet article
  1. Pugnetdit :

    Super pour la croissance des Ets Bazin. Bravo pour le manager Philippe. Très amicalement, Robert et Jeanine.

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