MÉCANIQUE/Saône-et-Loire. Cet équipement de 30 mètres de long, co-conçu par le groupe chalonnais Pinette, est une première mondiale au sens strict du terme.
Il permet de produire, avec un cadencement à la minute, des pièces composites par procédé de nappage.
35 000 heures d'études et 7 millions d'€ ont été nécessaires à sa mise au point pour séduire les constructeurs automobiles et les avionneurs.
Une illustration de la stratégie collaborative du groupe Pinette qui ne cesse de croître.
Les dernières journées européennes des composites (JEC), organisées à Houston (Texas), ne s’y sont pas trompées en décernant le grand prix au groupe Pinette pour un équipement d'un linéraire de 30 mètres, destiné à la fabrication de pièces composites par procédé de nappage.
Cette double innovation de rupture réside ici dans l’accélération du temps de cycle pour réaliser toutes les minutes une pièce finie, prête à être montée.
« Mais également dans la capacité à transformer jusqu’à cinq kilogrammes de matière en rouleaux ou granulés, ce qui permet d’obtenir des pièces de structure moyennes, voire grandes », ajoute Jérôme Hubert, président du groupe Pinette, implanté à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire).
Pour concevoir une telle ligne, ce spécialiste des machines de formage de pièces composites et de bancs de test s’est associé avec le Cetim de Nantes et les entreprises Loiretech (Loire-Atlantique) et Compose (Ain).
« Nous procédons de plus en plus de cette façon, en allant chercher chez d’autres, les compétences que nous ne maîtrisons pas pour jouer au final le rôle d’ensemblier », précise le dirigeant.
Aucune rupture de flux
Pas moins de 35 000 heures d’études et de développement, ainsi qu’un budget de 7 millions d'€, ont été nécessaires pour concevoir le pilote industriel, en démonstration depuis le 3 novembre dernier dans les locaux du Cetim de Nantes.
Baptisé QSP®, l’équipement s’adresse au secteur automobile et au monde de l’aéronautique. Les constructeurs et avionneurs recherchent de plus en plus des matériaux de substitution au métal pour gagner du poids, ce que leur offrent les composites.
« Avec notre process complètement intégré, les industriels évitent les pertes de matière et gagnent un temps considérable de fabrication, car il n’y aucune rupture de flux », argumente Franck Bourcier, le directeur de l’ingénierie chez Loiretech.
Le temps d’obtenir toutes les certifications, la commercialisation ne devrait pas commencer avant trois ans, mais d’ores et déjà des constructeurs automobiles allemands et français ont montré leur intérêt, indique le chef d'entreprise.
Recrutements à haut niveau
La R&D (30% du chiffre d’affaires), souvent collaborative, chez Pinette va de pair avec un développement du marketing et de la promotion par une présence accrue sur les salons professionnels, ainsi qu’une participation à des conférences techniques.

Elle épouse aussi le concept d’entreprise étendue où les fournisseurs apportent leur technologie et la création d’entreprise commune, comme Global RTM, spécialisée dans l’injection basse pression des composites pour l’aéronautique et Compose, Isojet et Sise.
« En interne, je délègue aussi beaucoup pour que chaque collaborateur utilise son autonomie comme une liberté d’entreprendre », assure Jérôme Hubert qui recrute huit ingénieurs et techniciens (*).
Le groupe Pinette atteint aujourd’hui les 33 millions d’€ de chiffre d’affaires et emploie 120 personnes dans le monde, avec les filiales allemande et américaine, les bureaux commerciaux du Brésil et du Japon, et une dernière présence physique implantée en Chine, à Qingdao précisemment, le pays de la bière.

(*) 6 ingénieurs : 2 responsables bureau d’études mécanique et automatisme ; 1 chef de projet expérimenté pour l’international ; 1 responsable commercial services (maintenance, suivi machines, évolution du parc), 2 ingénieurs automaticiens et 2 techniciens SAV.
Crédits photos : à l’exception du portrait de Jérôme Hubert (©Traces Ecrites), toutes les photos ont été fournies par l’entreprise.
Bravo et sincères félicitations pour cette distinction.