MACHINES-OUTILS/LORRAINE. Numalliance à Saint-Michel-sur-Meurthe (Vosges) rachète la société alsacienne EMS et ouvre une filiale en Inde.

La machine-outil « made in Vosges » continue de bien s’exporter.

Le fabricant lorrain qui est passé à deux doigts du dépôt de bilan il y a six ans, compte doubler son activité d’ici à 2020 avec de nombreuses embauches à la clé.

 

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La réalisation des commandes numériques de ses machines permet à l’entreprise de produire des îlots complets de fabrication. ©Philippe Bohlinger.

 

Dans le show-room de Saint-Michel-sur-Meurthe, près de Saint-Dié (Vosges), un technicien met la dernière main à une "FRX04", une machine à plier les fils de 0,8 à 4mm, aux couleurs gris et orange emblématiques de cette PME des Vosges née en 1986. 

 

Numalliance qui dispose de quatre sites industriels en France, revendique un positionnement « haut de gamme » sur un marché de niche, la fabrication de machines-outils pour le pliage à froid du fil, du tube et du feuillard métalliques. Ses ateliers en assemblent 150 par an.

 

L’acquisition de Satime (Ile-et-Vilaine) et Latour (Ardennes) au début des années 2000 avait conduit à donner plus d’envergure à l’industriel. Le rachat de Silfax (Rhône) en 2013 avait étendu la palette de ses savoir-faire : machines-outils pour l’automobile (siège, appuie-têtes, échappements, etc.), la grande distribution (caddies, crochets pour présentoirs, etc.), l’aéronautique, l’agriculture, les mobiliers intérieurs et extérieurs, etc.

 

La reprise en juin 2015 d’EMS à Saverne (Bas-Rhin) et de ses 40 salariés a permis à Numalliance d’intégrer un savoir-faire complémentaire : la déformation des extrémités des tubes.

 

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Châssis d’une future machine destinée au pliage de fil de grande longueur. ©Philippe Bohlinger.

 

« EMS travaillait en partenariat avec Silfax pour le parachèvement des pièces. La société alsacienne qui rencontrait des difficultés, nous a contactés. Cette opportunité s’inscrivait complètement dans notre stratégie », détaille Joël Etienne, président de Numalliance (45 millions d'€ de chiffre d'affaires en 2015).

 

Cette opération de croissance externe ouvre également le marché du sanitaire à l’entreprise vosgienne qui réalise 60% de son CA dans l’automobile.

 

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Fonds propres renforcés

 

La croissance de cette PME ne devrait pas s’arrêter là. Avec son associé, Jean-François Counilh, directeur-général, le dirigeant a repris cette année la majorité au capital, fait entrer deux nouveaux actionnaires (InnovaFonds et Bpifrance) et levé 15 millions d'€.

 

« Notre objectif est de doubler de taille d’ici 2020 par des opérations de croissance externe, mais aussi par développement interne. Notre plan d’embauche pour l’année à venir prévoit de recruter une vingtaine de personnes. C’est assez ambitieux, mais pour être viable, notre entreprise doit se développer » annonce Joël Etienne.

 

Ainsi, un nouvel atelier devrait également ouvrir début 2016 sur le site de Saint-Michel-sur-Meurthe (100 personnes), une extension de 1224 m2 de bureaux et 924 m2 d’atelier.

 

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Numalliance est en mesure d’intégrer des opérations complémentaires (emboutissage, filetage, crantage, etc.) et les robots d’autres fabricants. ©Philippe Bohlinger.

 

La croissance de l’entreprise passe essentiellement par l’international qui représente déjà 92% du chiffre d'affaires. Numalliance a ouvert une filiale en Inde le 1er septembre et poursuit ainsi sa stratégie commerciale en direction des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du sud) qui lui avait permis de surmonter la crise de 2009.

 

« Notre idée n’est pas de construire des machines à l’autre bout de la planète, mais d’avoir des relais proches de nos clients pour apporter un service technique et commercial de qualité », insiste le dirigeant. Depuis la Lorraine, il pilote huit filiales et une quarantaine d’agents apporteurs d’affaires dans le monde.

 

Le secret de la réussite des deux associés est révélé par Sophie Hesse, directrice marketing. « Nous commercialisons des îlots de fabrication complets, entièrement automatisés. Une telle offre est possible, parce que nous avons développé notre propre commande numérique : ainsi, nous sommes en mesure d’intégrer des opérations complémentaires (emboutissage, filetage, crantage, etc.) ainsi que les robots d’autres fabricants. »

 

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Les clients viennent tester les machines (ici une FRX04) dans le show-room de Numalliance. ©Philippe Bohlinger.

 

Qui sont Joël Etienne et Jean-François Counilh ?

 

Né à Saint-Dié-des-Vosges, Joël Etienne, 54 ans, a créé Macsoft en 1986, précurseur de Numalliance, avec son associé Jean-François Counilh, 58 ans. Les deux techniciens supérieurs venaient de quitter l’équipementier automobile vosgien Autocoussin industrie (devenue Faurecia). Ils avaient à l’époque respectivement 24 et 28 ans !

 

Chez le spécialiste des sièges pour automobile, les deux hommes ont pris conscience de l’étendue des besoins sur le marché. Pour seuls bagages, Joël Etienne avait à l’époque un BTS en conception de produits mécaniques, Jean-François Counilh, un DUT en Génie mécanique, mais une solide envie d’entreprendre.

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