RECYCLAGE/CÔTE-D’OR. En cette période de soldes, chacun remplit à nouveau ses placards des vêtements à la mode et en profite souvent pour les débarrasser des achats des saisons passées.
C’est sur ce créneau de la récupération des textiles que se positionne Novation Recycling qu’Emmanuel Bouillin a créée il y a un peu plus d’un an, dans la grande périphérie de Dijon, à Mirebeau (Côte-d’Or).

 

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Tri des vêtements selon la qualité. © Traces Ecrites.

 

La collecte des vêtements usagés ou simplement démodés a un potentiel énorme. Chaque Français achète en moyenne 11 kg de vêtements par an, soit l’équivalent de plus de 600.000 tonnes. Or, selon l’éco-organisme des textiles d’habillement, du linge de maison et des chaussures (TLC), guère plus d’un tiers de ce volume est collecté : 210.000 tonnes en 2016 dont 184.000 tonnes, une fois triées, ont retrouvé une seconde vie.

 

Environ 60% sont revendus en seconde main, le reste est transformé en chiffons ou effiloché pour retourner à l’état de matière première pour le rembourrage, l’isolation ou encore la fabrication d’autres textiles.

 

Deux types d’opérateurs développent le marché de la récupération et du recyclage du textile : historiquement, en Côte-d’Or comme dans l’hexagone, les organisations et associations caritatives (les plus connues, Emmaüs ou encore la Croix-Rouge française et le Secours catholique), et les entreprises privées. Novation Recycling se situe entre les deux.

 

L’entreprise qu’Emmanuel Bouillin a créée il y a un peu plus d’un an, à Mirebeau (Côte-d’Or), a bâti son modèle économique dans le registre de l’économie sociale et solidaire. Il s’agit d’une “entreprise adaptée” (nouvelle dénomination de l’atelier protégé) qui emploie sur un effectif de 20 salariés, 10 personnes handicapées, physiques ou atteintes de légère déficience mentale, dont les postes sont subventionnés par l’Etat.

 

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La structure juridique de Novation Recycling est une SAS (société par action simplifiée) au capital de 47.000 €, majoritairement (60%) détenue par le fondateur Emmanuel Bouillin et sa famille, et qui compte 10 actionnaires parmi lesquels Benoît Blancher, animateur du réseau Cyclethique, spécialisé dans le retraitement des déchets non dangereux. « J’ai préféré ce statut plutôt de la Scop [société coopérative Ndlr] car le processus de décision est plus court donc plus rapide », explique le président.

 

novtioinbornedeuxL’installation de Novation Recycling dans la grande périphérie de Dijon, dans la petite commune de Mirebeau (2.000 habitants) n’est pas seulement une opportunité foncière. L’entreprise a pris ses quartiers dans une ancienne usine de 5.000 m2, la surface nécessaire pour stocker la marchandise, avant de la trier puis de l’expédier.

 

La localisation périurbaine répond également à sa stratégie de développement. « Notre ambition est d’avoir une présence physique dans les zones périurbaines de Bourgogne-Franche-Comté, là où les habitants n’ont pas forcément des points de collecte », précise Emmanuel Bouillin.

 

Petit à petit, l’entrepreneur installe des bornes dans les communes, dont il tient à soigner l’apparence. « L’image du lieu de collecte participe à la pédagogie de la population au développement durable, aux gestes du tri, à leur connaissance de la filière du recyclage », explique celui qui se rend régulièrement dans les écoles et les centres de loisirs pour porter la bonne parole aux enfants.

 

 

Revendus sur place et sur le marché de la fripe en France et à l'étranger

 

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Balles de vêtements en attente d'une expédition aux négociants de la friperie. © Novation Recycling.


Les dons dans les bornes de récupération constituent le socle de l’activité de la fripe. « Le prix du kilo de matière recyclée doit rester compétitif [70 centimes à 1,2 € le kg selon la qualité] pour trouver sa place sur le marché de la revente ou un intérêt pour les industriels par rapport à de la matière vierge », explique Emmanuel Bouillin qui souhaite explorer une nouvelle source d’approvisionnement, les invendus et fins de série.

 

Même s’il s’agit de postes peu qualifiés, le tri de la marchandise est chronophage, donc coûteuse. Dans le vaste hangar de la zone artisanale de Mirebeau, tous les vêtements sont repris en main, triés en fonction de leur état d’usure. Les plus belles qualités sont revendues au kilo (environ 4€ ) dans la boutique installée sur les lieux. L’entreprise en commercialise ainsi 800 kg à une tonne par mois.

 

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Le reste part sur le marché de la fripe un peu partout en France et à l’export, Afrique, Maghreb, Russie. Les textiles les plus abîmés sont revendus à des négociants qui les défibrent et en refont de la matière première.

 

La fripe est l’une des trois activités de Novation Recycling qui, à sa création en décembre 2016, a bâti ses fondations sur la collecte et le recyclage des déchets de bureaux (200 tonnes de papiers, cartons, plastiques en 2017), une activité réglementaire pour les entreprises de plus de 20 salariés depuis janvier 2018.  L'entreprise collecte aussi des déchets électriques et électroniques (l’Université de Bourgogne et des cabinets médicaux font partie de ses clients) à hauteur de 250 tonnes en 2017. 

 

Mais le vêtement d'occasion est l'activité qui a le plus gros potentiel de développement, malgré la concurrence y compris des consommateurs eux-mêmes qui les revendent sur des sites de e-commerce.

 

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Novation Recycling collecte aussi des déchets électriques et électroniques. © Traces Ecrites.

 

Qui est Emmanuel Bouillin ?

 

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Emmanuel Bouillin, président de Novation Recycling (à droite) et Benoît Blancher, l'un de ses associés. © Traces Ecrites.

 

Il est un acteur connu dans le domaine du développement durable auquel il s’est intéressé dans les années 2000 comme chargé d’opération à la Sodeb, la société d’équipement du Territoire de Belfort, chargée des aménagements publics.
Il parfait ses connaissances au sein du groupement d’intérêt économique (GIE) des SEM (sociétés d’économie mixtes) de Franche-Comté. Pour la Socad, il bâtit l’un des premiers écoquartiers à Lure (Haute-Saône) et met en oeuvre la certification ISO 14001 dans plusieurs parcs d’activités (Innovia à Dole, Technoland 2 à Montbéliard, l’Aéroparc à Belfort).
En 2008, il rejoint l’association PALME, de promotion du développement durable dans l’aménagement des zones d’activités.
Puis, directeur pendant une dizaine d’années, du développement durable aux EPLAAD (Établissements publics locaux d’aménagement de l’agglomération de Dijon), il met en place un Système de Management Environnemental.
Parallèlement à la création de Novation Recycling en 2016, sur les racines de la société AD3E Environnement, en dépôt de bilan, Emmanuel Bouillin créée Novation Consulting, activité de conseils auprès des collectivités locales et accompagne les entreprises dans la responsabilité sociétale des entreprises (RSE).

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