MEUBLES EN KIT. L’entreprise de Saint-Loup-sur-Semouse avait été rachetée, en avril, par dix cadres-dirigeants.
Pour retrouver de la rentabilité, les nouveaux actionnaires ont mené de front plusieurs chantiers, dans un contexte de baisse du marché du meuble, et conçu de nouveaux produits afin de mieux coller aux modes de vie contemporains.
La reprise de Parisot par dix cadres historiques de l’entreprise, en avril 2014, avait mis fin à dix-huit mois de procédure collective et à des inquiétudes sur la pérennité de cet employeur important de Haute-Saône et des Vosges. A l’époque, les nouveaux dirigeants s’étaient engagés à faire le point sur l’entreprise dans les mois qui devaient suivre.
Neuf mois plus tard, en ce début 2015, Jacques Cuelhe se joignait à Vincent Heuraux pour présenter la situation de cette entreprise spécialisée dans les meubles en kit historiquement implantée à Saint-Loup-sur-Semouse. Ancien directeur financier de l’entreprise, le premier est aujourd’hui le président du holding PMH détenu à 51% par les dix cadres dirigeants (les 49% restants appartenant toujours à l’actionnaire historique François-Denis Poitrinal), qui réunit Parisot SAS et CFP, filiale voisine de fabrication de panneaux.
Ex-responsable commercial et marketing, le second est le président de l’activité meubles de Parisot SAS. A quelques jours du salon de Cologne – le rendez-vous le plus important de l’année pour le spécialiste du meuble en kit du 19 au 25 janvier 2015 –, l’entreprise trouvait là aussi l’occasion de présenter les nouveaux produits maison (voir ci-dessous).
Après avoir rappelé le contexte de la reprise, Jacques Cuelhe a expliqué que les premiers mois avaient été consacrés à rassurer clients, fournisseurs et salariés des différents sites. Seul celui de Mattaincourt, dans les Vosges, a subi des suppressions d’emploi dans le cadre d'un PSE, avec 45 licenciements effectifs. Il compte aujourd’hui 222 salariés et va bénéficier, en ce début 2015, d’investissements pour des machines destinées à fabriquer des portes de placard et de dressing, qui remplacent peu à peu les armoires.
Sur le site haut-saônois de Saint-Loup-sur-Semouse, Parisot emploie 580 personnes à la production. En Roumanie, l’entreprise compte deux unités industrielles employant 800 personnes, et avec CFP, à Corbenay, cela porte l'effectif effectif total de 1800 salariés, dont 26 pour le holding. Environ 8 millions d’€ ont été investis en 2014 sur l’ensemble des sites du groupe, a indiqué Jacques Cuelhe, qui prévoit un chiffre d’affaires 2015-2015 de 192 millions d’euros, en recul de 1% par rapport au précédent.

Réduction du cycle de fabrication
« Un chiffre d’affaires quasi stable dans un contexte de marché défavorable, c’est une performance que l’on estime correcte. Les clients ne nous ont pas lâchés mais ont montré une certaine prudence. Autre satisfaction : nous avons restauré notre taux de service qui est aujourd’hui supérieur à 90%, ce qui nous redonne de la crédibilité ».
D’autres leviers ont été actionnés pour redonner à Parisot de la performance industrielle et un meilleur taux de marge : des gains de productivité, une amélioration de la consommation matière, un dialogue social pour une adhésion forte du personnel au projet d’entreprise, de nouveaux produits et, dès 2015, un chantier visant à réduire le cycle de fabrication de 80 à 60 jours, pour une économie de cash de 5 millions d’€, estiment les dirigeants.
« C’est l’enjeu pour 2015 », explique Vincent Heuraux. « Le chantier démarre le 1er février et nous permettra d’amener de la compétence à nos clients : nous leur offrirons des cycles plus courts, au plus près de leurs besoins, et les distributeurs porteront moins de stock. Notre objectif, en taux de service, est cette fois de 95% ».
Conforama, But, Leroy-Merlin, Alinéa, Fly et des pure players comme Cdiscount restent les principaux clients de Parisot en France. Pour l’export, qui atteignait 22% lors de la reprise, les choses se présentent bien également, avec de volumineux contrats signés, depuis, en Amérique du Sud et en Australie.
A tel point que les 25% visés pour 2016 seront atteints dès la fin de cet exercice, pensent le management, qui annoncent aussi, à défaut de chiffres, des résultats positifs, ainsi « qu’une trésorerie et une capacité de financement en voie de reconstitution rassurante. » De bon augure.
Des meubles pour les ados et les bricoleurs du dimanche
Parmi les nouveautés que présentera Parisot au salon du meuble de Cologne, figurent trois concepts dont les prototypes ont été présentés en avant-première à la presse, à Saint-Loup-sur-Semouse, dans une salle de réunion transformée, pour l’occasion, en show-room.
Dans un contexte défavorable du marché du meuble, que les dirigeants de l’entreprise estiment à 10 points cumulés depuis 3 ans, la question de la réponse du produit aux attentes des consommateurs s’est posée. « Depuis un an, nous avons recartographié les fonctions des meubles, étudié les comportements et fait plancher chefs de produits et designers sur de nouveaux concepts », explique Vincent Heuraux, le président de la filière meubles.
Deux des nouveaux concepts mobiliers développés s’adressent plus particulièrement aux ados : un « bar à beauté », qui revisite la coiffeuse avec éclairages leds pour donner à la jeune fille, dans sa chambre, « l’impression d’être une star dans sa loge », raconte le dirigeant, et où le smartphone trouve sa place, cela va de soi. Et un « lit vidéo digital », au look plus masculin, avec mezzanine, branchement USB et grand écran.
La troisième nouveauté s’adresse aux deux tiers des Français qui s’adonnent aux loisirs créatifs. Cet « établi d’intérieur » comporte un étau, de nombreux rangements, une hauteur de travail confortable, et a été pensé pour s’intégrer dans les pièces à vivre. A Cologne, Parisot devrait rapidement savoir si, oui ou non, les distributeurs sont sensibles à ces nouveautés.
Photos fournies par l'entreprise.