
TRAMWAY. À l’invitation du Grand Besançon (Doubs), maître d’ouvrage d’un tramway qui entrera en service au mois de décembre 2014, nous avons visité l’usine CFD, filiale française du groupe espagnol CAF à à Bagnères de Bigorre, où est assemblé le matériel roulant.
La seconde des 19 rames commandées entre en essais statiques, et deux autres sont en cours de montage.
Plongée au cœur d’une usine et description des différentes étapes de fabrication des rames du futur tramway de la capitale comtoise, qui rouleront sur une seule ligne longue de 14,5 km.
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• L’usine CFD Bagnères-de-Bigorre (Hautes-Pyrénées)
Le site industriel de CFD Bagnères, anciennement les établissements Soulé, appartient de longue date au patrimoine ferroviaire national. De ses ateliers sort du matériel roulant depuis un siècle, avec déjà en 1912, le tramway de Limoges. Construction Ferroviaire de (CFD) Bagnères rachète en 1992 la branche ferroviaire de Soulé et hérite de cette usine. L’Espagnol CAF reprend 60% de l'entreprise en 2008 et les 40% restants deux ans plus tard.
Il investit au total 8 millions d’€ dans cette opération, en conduisant notamment un important programme de travaux avec la création d’un atelier de fabrication (1825 m2) et d’un centre d’essais (1818 m2), et la rénovation de deux autres bâtiments dédiés au stockage et au câblage. Un peu moins de 100 personnes travaillent sur place. Dans l’atelier de fabrication, quatre lignes permettent de travailler simultanément sur deux rames. En fonction de son futur plan de charge en France, le groupe CAF pourrait réinjecter progressivement plus d’une vingtaine de millions d’€ pour développer son usine française.

• Le câblage
Cette opération se déroule en deux étapes. La première consiste à couper et identifier les câbles qui passent ensuite en atelier de fabrication sur des mannequins. De là, on prépare les faisceaux électriques qui se logeront dans des « pavillons » posés sur le toit de la rame.
Le câblage concerne également les sous-ensembles : pupitres, coffres, armoires électriques. Une rame du tramway bisontin intègre la modique longueur de 9 000 mètres de câbles. On ne qu’admirer la minutie et la dextérité des opérateurs qui tricotent et nouent littéralement des dizaines de câbles entre eux.

• L’aménagement des chaudrons et le remontage des pavillons
Les rames CAF qui circuleront dans la cité comtoise possèdent trois tronçons. On ne les appelle pas ainsi lorsqu’ils arrivent de l’usine espagnole de Saragosse, mais caisses ou chaudrons. Ce sont des structures nues en aluminium, juste peintes à l’extérieur.
Il faut alors les aménager en intégrant les mécanismes de portes, les différents revêtements et les sièges. Francis Nakache, directeur général de CAF France montre une innovation maison dans l’espace réservé aux bogies (chariots situés sous le véhicule ferroviaire, sur lesquels sont fixés les essieux, les roues, le système de freinage et les moteurs).

«Ils s’encastrent parfaitement et n’imposent pas de surélever le plancher avec une double rampe. Ce dernier reste toujours plat, ce qui facilite la circulation et augmente le confort des passagers», argumente le dirigeant. À l’issue de ces différentes tâches, on remonte en toiture le pavillon avec son câblage électrique puis, on installe les deux pupitres du conducteur, l’un à chaque extrémité pour changer de sens de conduite à chaque terminus. A noter que tout le système de billettique est fourni par l’entreprise bisontine Vix Technologies.

• L’assemblage des tronçons et les tests statiques
Après le montage des bogies, les différents tronçons sont maintenant prêts à être assemblés pour former la rame complète. Grâce à un judicieux système de rails au sol, la rame pivote vers son centre d’essais où un mois de tests statiques est nécessaire pour vérifier tous les paramètres de roulage et de sécurité. Elle peut même la faire circuler sur quelques mètres. Sa longueur totale est de 23,6 mètres, sa vitesse maximale de 70 km/h. La capacité d’accueil atteint les 152 places, dont 38 places assises et 2 places pour personnes à mobilité réduite ou 6 strapontins.
Ce modèle adapté à Besançon s’appelle Urbos et 77 rames ont déjà été commercialisées de par le monde. «Il nous faut avec 50 personnes, deux mois et demi pour monter une rame», indique Vincente Alzugaray, directeur du site de Bagnères-de-Bigorre. L’unité livrera un total de 19 rames pour une facture globale de 34,6 millions d’€. Relire sur le volet financier notre article : Le tramway de Besançon est-il le-moins cher de France ?

• Le groupe CAF
La société hispanique Construcciones y Auxiliar de Ferrocarriles (CAF) est née en 1917 à Beasain, au pays Basque espagnol. Devenu au fil du temps un groupe international, CAF conçoit et fabrique tous les produits ferroviaires : trains, métros, tramways. Cotée à la bourse de Madrid, l’entreprise affichait un chiffre d’affaires 2011 de 1,725 milliard d’euros et un résultat net de 146,2 millions.
Sa santé financière, un temps mise en cause par les nombreux détracteurs du tramway bisontin, est plutôt bonne. À juin 2012, l’activité s’élevait à 935,7 millions d’€ (+11%) pour un bénéfice de 61,8 millions (+6%). À fin septembre dernier, le chiffre d’affaires tutoyait 1,3 milliard (+7,63%) et le carnet de commande dépassait dans le monde les 5 milliards. CAF emploie plus de 7 500 personnes dans le monde, dont près de 130 en France.

• L’infrastructure bisontine
La future ligne de tramway s’étirera sur 14,5 km d’Ouest en Est. Elle possèdera 31 stations et attend plus de 50 000 voyageurs/jour à sa mise en service courant décembre 2014. La fréquence en heure de pointe sera de 5 minutes et le temps d’attente moyen estimé à 2mn30. Le coût total de l’infrastructure devrait atteindre les 256 millions d’euros (actualisation 2015), soit un coût au kilomètre inférieur à 18 millions d’€. Pas moins de 500 personnes travaillent actuellement sur le chantier qui fait appel à une centaine d’entreprises sous la maîtrise d’œuvre du groupe Egis.
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