Centenaire l’année prochaine, le minotier de Cluny peaufine son outil industriel pour élaborer des farines issues d’une culture de blés écoresponsable, et asseoir une démarche de commerce équitable. L’entreprise dirigée par la quatrième génération soigne aussi ses clients boulangers en termes de marketing, de formation et de transmission, via une agence immobilière spécialisée.
Ils ne sont aux commandes que depuis deux ans et tout s’accélère. Avec Karine Forest, son frère Damien et leurs deux cousins Valentin et Nicolas, les projets fourmillent sur la rampe de lancement mise en place par Alain, père des deux premiers et André et Jacques, respectivement père des deux seconds. La quatrième génération - l’entreprise a été fondée en 1921 et sera centenaire en 2021 - met ses pas à marche forcée dans ceux de la troisième.
Un programme en cours de 5 millions d’€ d’investissements intéresse les équipements avec pour première tranche, l’automatisation du transilage afin d'améliorer la réceptionn des blés et d’opérer des formulations plus fines, plus traçables et plus sécuritaires. « Sur ce dernier thème, nous avons un dossier déposé en vue d’obtenir l’Iso 22.000, norme internationale relative à la sécurité des denrées alimentaires », explique Karine Forest, la directrice générale.

Le second volet concerne l’installation d’une station de mélange dans un nouveau bâtiment, accolé au moulin et destiné à élaborer des farines composées, intégrant des ingrédients de différentes natures pour les pains spéciaux. La Minoterie Forest propose déjà une petite centaine de farines différentes à ses 1.300 clients artisans boulangers et pâtissiers. « Nous avons par ailleurs en réflexion toute la refonte de notre logistique interne », indique la dirigeante.
Une aide à la transmission des fonds de commerce
Implantée à Bray, près de Cluny (Saône-et-Loire), l’entreprise livre directement ses points de vente sur 53 départements, de Lille à Bastia, et possède en ce sens d’un parc d’une cinquantaine de poids lourds, ainsi que de trois plates-formes de réexpédition. Minoterie Forest conduit également une démarche filière liée à la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) en travaillant sur un label de commerce équitable.
« De l’agriculteur au stockeur des blés, en passant par le meunier et le boulanger, nous garantissons le juste prix et cela pour une période de trois ans », indique la dirigeante. À cela s’ajoute, pour ses artisans boulangers - beaucoup étant de surcroît pâtissiers -, une véritable boîte à outils.
« Nous les aidons développer un marketing personnalisé : création d’un logo, d’une tenue vestimentaire de travail, élaboration d’une promotion sur le lieu de vente (PLV)… », détaille Cévrine Estoubé, la responsable marketing et communication. Vient en complément, un centre de formation agréé pour les aider à améliorer, par des stages, l’élaboration des produits, la gestion ou encore les techniques de vente.

L'entreprise propose aussi, pour cette corporation indépendante, un appui précieux pour céder leur affaire en cas de cessation d’activité. « Nous disposons avec La Brat, d’une agence immobilière spécialisée dans la transmission des fonds de commerce et traitons une cinquantaine de dossiers par an », souligne Karine Forest.
Le minotier en retire un double avantage. Il revitalise son réseau de clients, tout en préservant la vie sociale des villages et des gros bourgs. Avec la disparition progressive des cafés, des marchands de journaux et de la plupart des services publics, les boulangeries restent l’un des derniers lieux de rencontre des habitants.
Minoterie Forest emploie 160 personnes et réalise un chiffre d’affaires de 33 millions d’€. Elle exploite l’un des sept plus gros moulins nationaux avec une capacité d’écrasement frisant les 90.000 tonnes. Grâce à la notoriété internationale de la baguette française, elle s’engage dans une démarche d’exportation, en Italie, Belgique, ainsi qu’au long cours : Australie, Corée, Singapour et Arménie. Le minotier s’appuie sur la société Eurogerm pour disposer d’ingrédients et d’améliorants de panification et sur la Banque Palatine (groupe BPCE) pour la situation patrimoniale des dirigeants.

Dix ans plus tard, elle devient la directrice générale de Minoterie Forest, qui a aussi pour filiale, une société commerciale, baptisée SNRA.
Son frère Damien, commercial. Valentin, l’un de ses deux cousins, occupe les fonctions de directeur administratif et financier et directeur des ressources humaines. Quant à Nicolas, second des cousins, il a en responsabilité le développement du réseau. Sacrée famille !
N'étant plus clients pour de multiples raisons, j'espère pouvoir retravailler avec ce moulin un jour dans un prochain projet. Des gens formidables à l'écoute de leurs clients.