Enjeu dans le contexte de renaturation des villes et de remise en état des sites industriels, la technologie de Microhumus commence à s’imposer. Ses récents développements conduisent la société d’ingénierie de Jarville (Meurthe-et-Moselle) dans l’Ouest et l’Ile-de-France. Dans le Grand Est, elle travaille sur le projet de reconversion du Plateau de Frescaty, une ancienne base aérienne, où la métropole de Metz veut implanter des activités agricoles.



Qu’ont en commun l’ex stade de Gerland à Lyon et la carrière de Jaillon, en Meurthe-et-Moselle ? Leurs exploitants ont tous  les deux bénéficié dernièrement de la technologie de Microhumus à Jarville, près de Nancy, (Meurthe-et-Moselle), une société d’ingénierie de 12 salariés et associés. Le stade a pu ainsi verdir ses abords ; la carrière renaturer un ancien site d’extraction de granulats.
« Depuis le lancement de notre produit SubsTer il y a cinq ans nous avons évité le prélèvement de 100.000 tonnes de terres agricoles, soit l’équivalent de l’arasement de 27 hectares », calcule Yann Thomas, gérant de l’entreprise.


La technologie basée sur l’économie circulaire, revient à transformer les sous-produits des carrières ou stériles d’exploitation, en terre végétale. Dans le détail, la « recette » combine 70 à 90% de matériaux de différentes compositions et granulométries issus des carrières ou des plateformes de recyclage de matériaux inertes à 10 à 30% d’amendements organiques externes.

 

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Le réseau de treize producteurs indépendants, partenaires de Microhumus, permet à l’entreprise de diffuser SubsTer dans toute la France. Ces spécialistes des matériaux élaborent les terres selon un cahier des charges bien précis. Deux nouveaux venus, Spie Batignolles Poitiers début 2021 et Gaïa Gironde (groupe Colas) en 2020 ont ouvert le réseau sur l’Ouest. « Bordeaux Métropole s’est montré très intéressé par notre offre. Car si la tendance est à la nature en ville, cela n’aurait aucun sens de puiser des terres agricoles dans les espaces périphériques ! », martèle le gérant.

 

Ingénierie aux grandes entreprises de travaux

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L’innovation de Microhumus réside dans une méthode
de caractérisation des matériaux, dite de microscopie électronique à transmission,
que les analyses physicochimiques ne savent pas révéler. © Cogésud /Nicolas Dorh

 

Créée en 2007 sur la base d’un transfert de technologie du CNRS et du Laboratoire Sols et Environnement de Nancy (INRA, Université de Lorraine), Microhumus a aujourd’hui atteint sa maturité. En témoigne son désengagement progressif des programmes de recherche qui assuraient une partie de son financement.


L’activité de restauration des sols représente environ la moitié de l’activité de son activité (chiffre d’affaires non communiqué). L’autre moitié provient de la gestion des sites et sols pollués par phytoremédiation, autrement dit par le recours aux plantes pour réduire, dégrader ou immobiliser des composés polluants.


L’entreprise qui a investi 1 million d’€ en recherche et développement depuis sa création, apporte son ingénierie aux grandes entreprises de travaux que sont Burgeap (groupe Ginger), Suez RR IWS Remediation France (groupe Suez), Biogénie Europe (groupe EnGlobe), etc. Yann Thomas évoque des résultats spectaculaires : « En six ans, nous sommes parvenus à abaisser de 90% la concentration en hydrocarbures d’une lagune de 5,5 hectares à Biganos (Gironde), propriété du papetier Smurfit Kappa pour un coût dix fois moindre par rapport aux techniques conventionnelles. »

 

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L’entreprise œuvre également dans le Grand Est sur plusieurs sites. Elle est intervenue en 2020 en assistance à maîtrise d’ouvrage pour le compte d’ArcelorMittal en vue de la mise en sécurité d’un bassin à boues sidérurgiques de 3 hectares à Moyeuvre-Petite (Moselle).
Trois ans d’études ont permis à Microhumus de bâtir le protocole mis en œuvre par Suez RR IWS Remediation France. Les travaux se sont achevés l’automne dernier. Un travail d’orfèvre, car comme le précise l’entrepreneur, « lorsque nous intervenons, il faut s’assurer entres autres que l’équilibre chimique du sol existant garantisse la stabilisation des polluants, pour s’assurer de la coupure des voies de transfert vers la nappe phréatique par exemple. »


Les enjeux autour de la renaturation des villes portés par les élections récentes de maires Europe-Ecologie-Les Verts à Besançon, Strasbourg, Lyon, Bordeaux, Tours, Annecy et Grenoble, mais aussi l’objectif de « Zéro artificialisation nette des sols » (Plan biodiversité de 2018) pourraient encore enrichir le terreau sur lequel croît Microhumus.

 

Pourquoi une étude pour l’Agrobiopôle messin ?


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Microhumus collabore au projet d’Agrobiopôle sur le Plateau de Frescaty, une ancienne base aérienne de 380 hectares. © Metz Métropole / Fly Pixel

Microhumus a rendu mi-décembre une étude dans le cadre du projet d’Agrobiopôle porté par Metz Métropole. L’agglomération ambitionne en effet de développer des activités agricoles de proximité sur 70 hectares du Plateau de Frescaty, une ancienne base aérienne acquise en 2015 par la collectivité territoriale. Pour permettre à ce projet de production, transformation et commercialisation de produits maraichers de se concrétiser, l’étude conduite par Microhumus propose d’optimiser par phytoremédiation la dépollution des surfaces. Les zones saines et conformes aux normes pourront accueillir des cultures maraichères. Les secteurs plus impactés seront réservés à des cultures dépolluantes ou qui stabiliseront les polluants, en vue de la production d’énergie.

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