MÉCANIQUE/SAÔNE-ET-LOIRE. Le fabricant de broyeurs et cribles pour les activités de mines et carrières lance un nouveau plan social qu’il justifie par une baisse de chiffre d'affaires de 26%.
L’entreprise reste très rentable et, selon la CGT, a distribué à ses actionnaires près du triple des bénéfices réalisés ces trois dernières années.
La direction répond que seules les activités liées au service sont rentables, la production ayant plombé ses comptes de 2,3 millions d’€ en 2015.

Le fabricant de broyeurs et cribles et, plus largement d’installations de concassage pour le secteur des mines et carrières, dont le siège France se situe à Mâcon (Saône-et-Loire), n’a pas pu redresser la tête suite à la crise de 2008 qui avait déjà divisé par deux son volume de commandes.
La mise en place d’un vaste plan d’amélioration continu et de meilleure gestion de la production n’aura pas endigué les méventes de la filiale du Finlandais Metso qui se traduit par une chute régulière du chiffre d’affaires, passé de 296,3 millions d’€ en 2013 à 278,4 millions en 2014, pour s’établir à 207 millions l’an dernier, soit une baisse de 26%.
Dans un communiqué, adressé vendredi 22 avril et concomitant à la réunion d’un comité d’entreprise extraordinaire, la direction annonce une « réorganisation qui entraînerait la suppression de 89 postes, dont 82 à Mâcon où travaillent 415 personnes, et les autres au sein de l’établissement d’Orléans qui en emploie 21, ainsi que dans les bureaux commerciaux de Paris et Toulouse. »
Une conjoncture très difficile sur les deux marchés principaux de l’entreprise - l’industrie minière et le secteur de la construction -, justifierait cette décision qui fait déjà suite à la suppression de 90 CDI ces deux dernières années, sans compter la perte de 70 intérimaires et d’une trentaine de prestataires.
« Les capacités actuelles ne sont utilisées qu’à 78% », précise t-on pour la direction qui a délégué la gestion des relations presse pour cette actualité à une agence spécialisée.
Un climat social très lourd
Les partenaires sociaux devraient se donner un mois pour négocier ce projet de plan avant d’engager la procédure d’information-consultation et ce, dans le but, de trouver, selon la direction : « des possibilités de reclassement ou une solution professionnelle personnalisée pour chaque salarié concerné. »
Cyril Cavet, délégué syndical CGT, s’il accepte l’analyse économique du secteur, pointe des erreurs stratégiques inadmissibles à ses yeux. « L’entreprise demeure rentable au point d’avoir dégagé les trois dernières années 23,4 millions d’euros de bénéfices (ndlr : nous avons pu vérifier près de 18 millions sur les exercices 2013 et 2014), mais elle a distribué pas moins de 60 millions durant la même période aux actionnaires », dénonce-t-il.

Même discours avec les aides de l’Etat : CICE, Crédit Impôt Recherche et exonération Fillon. « Metso a touché 1,7 million sur deux ans et cela s’est traduit par une réduction sensible du personnel. Si c'est cela leur bonne utilisation, il y a de quoi s'étrangler », vitupère Cyril Cavet.
Interrogée, la direction répond par écrit : « les bénéfices réalisés sont principalement rattachés à des contrats liés aux activités de service : maintenance, entretien, fourniture de pièces, amélioration des procédés…) et non à la production de biens d’équipement, réalisée sur le site de Mâcon notamment. Cette dernière a connu des pertes de 2,3 millions d’€ sur la seconde partie de l’année 2015. Si Metso France ne prend pas de mesures aujourd’hui, la société risque de se retrouver en perte fin 2016. »
La direction de Metso tient à ajouter en outre que si : « Les effectifs ont effectivement évolué à la baisse depuis 2012, cela ne résulte pas de licenciements pour motif économique mais de non renouvellements de contrats dans le cadre de départs à la retraite, de démissions, ou de licenciements pour d’autres raisons. »
Des propos qui s’inscrivent dans un climat social délétère au sein de l’unité de Saône-et-Loire. Selon nos confrères de France 3 Bourgogne, la CGT dénonçait en septembre dernier des pressions et harcèlements sur certains salariés.

L’un d’entre eux a même tenté de se suicider en voulant sauter d’un pont roulant, haut de dix mètres, et a fort heureusement été raisonné à temps par les pompiers. « Et maintenant, nous avons appris ce nouveau plan social en même temps que vous les journalistes, ce qui en dit long des méthodes utilisées par la direction des ressources humaines », critique Cyril Cavet.
Metso Minerals France est aussi présente à Vitrolles (Bouches-du-Rhône), à Gainneville (Seine-Maritime) et possède un autre bureau commercial à Grenoble (Isère), avec un effectif national de 470 salariés au total.