
MECANIQUE. Le fabricant de broyeurs et cribles pour le secteur des mines et carrières redresse la tête suite à la crise de 2008 qui a divisé par deux son volume de commandes.
Sous l’impulsion de Réa Bjorkqvist-Martinez, sa directrice générale et de Patrick Grandaud, le directeur de production, la filiale française du groupe finlandais Metso, installée à Mâcon (Saône-et-Loire), revisite son système industriel pour gagner en productivité, délai et qualité.
L’ensemble des personnels, soit plus de 520 personnes, est impliqué dans ce vaste plan d’amélioration continue qui s’achèvera en 2016.
Que faire lorsque la crise depuis 2008 a eu pour effet de plomber de moitié les commandes en cinq ans ; que la concurrence qui vit la même situation, devient de plus en plus agressive ; que la parité euro dollar n’est guère favorable et que la clientèle exige le meilleur prix, des délais raccourcis et une qualité plus que parfaite ?
Les responsables de Metso Minerals, à Mâcon (Saône-et-Loire), pensent avoir trouvé la solution : le lean manufacturing ou meilleure gestion de la production, imaginé et déployé à partir des années 1970 par le groupe Toyota dans ses usines de montage automobile.
La démarche progressivement mise en place par ce fabricant de broyeurs et cribles pour le secteur des mines et carrières, a toutefois été complètement adaptée à ses propres spécificités et tient compte des 522 salariés du site. Ce qui, il est bon de le souligner, n’est pas toujours le cas ailleurs.
« Nous avions une organisation trop rigide, trop pyramidale, alors que maintenant nos collaborateurs sont directement impliqués et font remonter problèmes et suggestions pour améliorer notre performance », reconnaît Patrick Grandaud, le directeur de production.
Entre 5 et 10% de gains de productivité
Cette petite révolution industrielle fait suite à un accord de modulation du temps de travail signé cette année avec les représentants du personnel. Il prévoit un travail hebdomadaire de 28 heures à 40 heures par semaine suivant les besoins. « Nous prévenons les équipes neuf jours avant pour permettre à chacun de s’organiser personnellement », précise Réa Bjorkqvist-Martinez, la directrice générale de Metso Minerals France.
Parallèlement, trois unités autonomes de production (UAP) ont été constituées. Elles appliquent toutes les composantes du lean. Avis aux spécialistes : kaizen (amélioration continue) ; les 5 pourquoi (système de qualité) ; les 5 S (gestion de la production), le kanban (flux tendu) VSM, pour Value Stream Mapping (cartographie des process productifs) et le SMED (changement rapide d’outil).
Les équipes se réunissent par ailleurs chaque mois pour un management de la qualité et toutes les semaines, elles échangent avec le bureau d’études.
Pareil régime porte déjà ses fruits : sur 409 propositions faites, 283 ont été réalisées. « Nous travaillons beaucoup à simplifier nos flux avec l’objectif de réduire nos délais de fabrication de quatre à deux semaines, d’améliorer notre logistique interne de 10% et de faire passer la non qualité de 1,3% à 0,5%, pour générer au total entre 5 et 10% de gains de productivité », explique le directeur de production.
Un centre de formation international
Face au secteur des carrières en grande difficulté, l’entreprise s’est diversifiée à celui des mines. Elle retrouve pour l’instant une visibilité à deux mois et demi pour sa gamme de broyeurs à cône, broyeurs à percussion et différents cribles. Cette activité représente 78 millions d’€ des 289 millions de chiffre d’affaires réalisés en 2013, dont 80% à l’international. « Nous en avons livré pas moins de 15 000 unités ces vingt dernières années », indique Jacky Verdenet, le responsable de production.
L’industriel développe deux autres activités. Le SAV, uniquement assuré en France, lui procure 84 millions d’€ de rentrées financières, mais c’est surtout son expertise en ingénierie sur des installations livrées clés en main ou à rénover qui génère les plus importantes recettes (127 millions).
Mâcon est aussi un centre de formation clients à l’utilisation et à la maintenance des matériels. Sur les 600 formés en 2013, la moitié ont été accueillis sur place.
L’unité française du groupe finlandais est un poids lourd de l’industrie locale. Son site s’étend sur 51 000 m2 face à la Saône, non loin du centre-ville, et participe pleinement à la vie de la cité. La direction cite en vrac : 87 recrutements en huit ans, 47 millions d’€ d’impôts et de taxes diverses ces six dernières années et plus 1500 nuitées à l’année, sans compter les repas des visiteurs et clients en formation. « Cela mérite vraiment d’être souligné », glisse non sans malice Réa Bjorkqvist-Martinez.
Un peu d’histoire
Qui est Réa Bjorkqvist-Martinez ?
De nationalité finlandaise, la directrice générale et administrateur Metso Minerals (France) SAS, également gérante de la filiale en Algérie, manie le finnois, le suédois, l'anglais, le français à la perfection et possède de bonnes notions d'espagnol et d'allemand. Sa formation passe déjà par une école de commerce en Finlande, puis une autre en France.
Après ce passage dans l’hexagone, elle rentre en Finlande et intègre un cabinet d'audit qui la renvoie chez nous en 1987. Pendant ce temps, Rauma-Repola (le groupe finlandais devenu Metso en 1999) rachète l'entreprise mâconnaise Bergeaud (aujourd'hui Metso Minerals France SAS). Rea est alors chargée de faire l'audit pour l'intégrer. En 1989, elle rejoint la société Rauma-Repola en tant qu'auditeur interne et prend la responsabilité du holding créé en France. Elle est toujours présidente de ce holding (Metso SAS).
Elle gère pendant des années la partie économique et financière du rapport annuel destiné à la bourse de New-York. De 2004-2005 jusqu'en 2012, elle aura une mission de formation, de mise en place et suivi de IFRS (normes internationales de comptabilité) pour toutes les sociétés françaises du holding coté. En 2011, à la veille du départ du directeur général, Metso lui propose le poste. Elle prend officiellement ses fonctions en juillet 2012.
Photos fournies par l'entreprise Metso Minerals France