CHIMIE/BAS-RHIN. L'Allemand Merck KGaA  investit dans les procédés de contrôle microbiologique, en particulier pour l'industrie agro-alimentaire.

En plus de deux lignes de production dont une déjà opérationnelle, les 12 millions d'€ inaugurés en fin de semaine dernière à Molsheim, comprennent un centre de prototypage pour les tests microbiologiques  et des laboratoires de R&D en biomonitoring.

Les créations liées à l’investissement restent d’un nombre limité : 10 à 15, mais le projet conforte la croissance du site alsacien, le plus grand en France et le troisième dans le monde.

 

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Milieux de culture prêts à l'emploi fabriqués sur les nouvelles lignes de production de Merck Molsheim. © Merck Molsheim.

 

Connu sous le nom de son précédent propriétaire Millipore et pour ses activités de filtration d’eau et de fabrication d’équipements de filtration et chromatographie, le site Merck de Molsheim évolue vers le contrôle microbiologique en milieu industriel. Dénommé biomonitoring en anglais, ce troisième pilier devient le premier, en tout cas celui qui concentre les principales extensions récentes.

Longtemps opérée dans la discrétion, cette évolution s’est dévoilée au grand jour la semaine dernière avec la solennelle inauguration d’une nouvelle unité, en présence des hauts dirigeants de la division Life Science (sciences de la vie) du géant pharmaceutique allemand Merck KGaA. L’investissement mis en exergue se monte à 12 millions d’€. Sa composante centrale consiste en la création de deux lignes de fabrication de « milieux de culture », l’une déjà en route, l’autre mise en service durant le second semestre 2017, dans 800 m2 de salles blanches.

 

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Prenant la forme des boîtes de Petri, ces petites boîtes rondes transparentes que tout élève a manipulé un jour dans ses études secondaires, ou des boîtes de contact de gélose, ces spécialités permettent la surveillance microbiologique de l’air et des surfaces pour l’industrie pharmaceutique. Les tests et essais qu’elles permettent vont contrôler les procédés de production aseptique et, in fine, garantir la qualité du produit une fois parvenu au consommateur. L’agro-alimentaire en constitue l’autre débouché.


Loin de se réduire à une unité de production, cette spécialité s’insère à Molsheim dans toute une chaîne de conception qui fait la force du site. Comme on peut le supposer, un tel investissement n’est pas tombé comme un fruit mûr sans que la multinationale Merck KGaA n’ait envisagé d’autres alternatives. En l’occurrence, étendre l’unité allemande d’Eppelheim qui exerce déjà de telles activités.

« Mais pour répondre à la croissance, ce site manquait de place, au contraire de nous, et nous avons pu faire valoir l’expertise de nos personnels dans les milieux de culture, qui a été accumulée au fil des années », souligne Jean-Philippe Maurer, le directeur du site de Molsheim. « La clé a été la proximité de la R&D et de l’industrialisation », renchérit Jean-Philippe Maurer, par ailleurs président de Millipore SAS & Merck Biodevelopment.


Contaminations artificielles pour détecter des micro-organismes 

 

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Le nouveau bâtiment dedié au BioMonitoring. © Merck Mosheim.

 

L’implantation bas-rhinoise comprend aussi un centre de prototypage pour les tests microbiologiques qui conçoit notamment les pièces plastiques, ainsi qu’une dizaine de laboratoires de R&D en biomonitoring, où se concentrent des compétences en métrologie, stérilisation, microfluidique, culture cellulaire, optique, etc. C’est là par exemple que les équipes créent des contaminations artificielles, comme l’introduction de légionnelle et de salmonelle dans des aliments, pour prévenir a contrario les risques dans la vie réelle. Plus généralement, elles détectent des micro-organismes pour les développer ou les contenir, selon les cas.

« Le groupe s’organise de plus en plus en centres d’excellence, et nous en sommes un pour le biomonitoring », poursuit le directeur du site. Les espaces de travail doivent favoriser cette indispensable synergie : l’investissement inauguré s’inscrit dans la construction d’un nouveau bâtiment, « Le Cube », qui regroupe les services de R&D, les laboratoires et les équipes de marketing, dans le prolongement des locaux historiques.

Côté effectifs, les créations liées à l’investissement restent d’un nombre limité : 10 à 15 en fonction des réorganisations jusqu’à la mise en service de la deuxième ligne. Mais le projet conforte la croissance de Merck Molsheim : ouvert avec 30 personnes en 1972, le site compte désormais 1 400 salariés.

Le site alsacien est devenu le plus grand en France et le troisième dans le monde de sa maison-mère allemande forte de 50.000 salariés.  A lui seul, il réalise « près d’un milliard d’€ » de chiffre d’affaires annuel, sur les 12,85 milliards du groupe en 2015. Il exporte 85 % de sa production.

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Jean-Philippe Maurer, nouveau président des entités légales de Millipore SAS et Merck Biodevelopment, et responsable des opérations du site de Molsheim. © Merck Mosheim.

Ses clignotants semblent au vert vif, à entendre les dirigeants du groupe. Ils identifient la spécialité de « biomonitoring » comme le tremplin de la croissance des prochaines années : en témoigne le rachat en début d’année d’une pépite américaine, BioControl Systems.

 

« Ce site fait parmi de nos plus performants dans le monde », affirmeChris Ross, directeur des opérations industrielles de Merck.


Selon le groupe, l’augmentation mondiale de la consommation de médicaments et d’aliments, son corollaire, le besoin de garantir la sécurité des produits, et les règlementations de plus en plus drastiques se combinent pour générer une croissance de 2 à 8 % par an des marchés de Molsheim.

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