
VIN. Pour la première fois, le crémant de Bourgogne organise ces samedi 26 et dimanche 27 janvier une Saint-Vincent, grande fête du vignoble bourguignon, à Châtillon-sur-Seine (Côte-d’Or).
Les ventes de ce vin effervescent progressent sans discontinuer depuis plus d’une décennie au point de connaître, certaines années, un risque de pénurie. Si bien que l'interprofession milite pour la création d'un vignoble dédié.
Portrait du élaborateur producteur Louis Picamelot qui officie à Rully, en Saône-et-Loire, avec à sa tête, Philippe Chautard, la quatrième génération qui aime faire des bulles.
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Ne comparez pas un crémant de Bourgogne à un champagne devant Philippe Chautard. Le patron de Louis Picamelot, élaborateur producteur implanté à Rully (Saône-et-Loire), saura rester aimable mais n’en pensera pas moins.
En tout premier lieu, qu’il vous manque un peu de culture viticole.
L’homme aura raison, car les vins effervescents s’apprécient pour les connaisseurs en fonction de leur terroir d’origine.
A la Champagne, cette réussite exceptionnelle faite de produits au goût distinctif selon leurs maisons de production.
À la Bourgogne, ce vin pétillant titulaire d’une appellation d’origine protégée (AOP), ex-AOC, depuis 1975, qui exprime toute la richesse des climats, savant mélange entre la nature des sols, les cépages, l’exposition des parcelles et le savoir-faire des vignerons.
Un crémant de Bourgogne est tout cela et la première Saint-Vincent tournante (*), organisée ce week-end 26 et 27 janvier à Châtillon-sur-Seine (Côte-d’Or), en fera l’éclatante démonstration.
Alors que ce vin s’élabore par mélange de cépages pinot noir et chardonnay – l’aligoté et le gamay étant dans certaines mesures également autorisés -, Philippe Chautard pousse le défi jusqu’à faire des cuvées très spéciales.
«L’un de mes crémants est issu d’une seule parcelle et d’un seul cépage comme un bourgogne tranquille, les bulles font ici seulement office de sel et poivre sur un plat», explique t-il.
Quatrième génération à la tête de l’entreprise (1,5 million d’€ de chiffre d’affaires, font plus de 30% à l’exportation, 6 salariés), le dirigeant produit 90 000 bouteilles à partir de son domaine de 9 hectares, et 250 000 au total avec des achats de raisins complémentaires.

(Crédit photo : Jean-Christophe Tardivon)
L’urgence d’un vignoble dédié
Son affaire, comme celle des 2000 autres producteurs régionaux (près de 18 millions de bouteilles par an) bénéficie de ventes en constante augmentation depuis une bonne dizaine d’années, notamment en grande distribution.
En 2012, se sont ainsi écoulées dans les grandes et moyennes surfaces (GMS) françaises, 6,4 millions de bouteilles (+ 8,4 %), pour un chiffre d'affaires de 36,6 millions d'€, en hausse de 9 %.
Cette bonne santé rencontre toutefois un sérieux problème en matière d’approvisionnement, notamment les années, comme le millésime 2012, où le vignoble n’offre pas une récolte suffisante.
«Les vignerons préfèrent alors vendre à meilleur prix pour des appellations en vins tranquilles et nous manquons de stock pour satisfaire la demande. C’est pourquoi, nous plaidons pour la création d’un vignoble dédié au crémant», défend Pierre du Couëdic, délégué général de l’UPECB (Union des Producteurs et Elaborateurs de Crémant de Bourgogne).
Le débat est lancé au sein de l’interprofession et doit trouver une réponse rapide pour continuer à gagner des parts de marché en France, comme dans le monde : 30% à l’exportation.
D’autant que la Bourgogne n’est pas la seule région viticole à crémants. La Loire en produit 11 millions de bouteilles, l’Alsace 32 millions. L’AOP crémant bénéficie aussi à Bordeaux, Limoux, Die et au Jura (2,5 millions de bouteilles)
«C’est l’une de mes préférés car il est beau, à savoir élégant et fort bon», s’enthousiasme Philippe Chautard pour ses confrères comtois.

(*) Au programme de la Saint-Vincent Tournante. Samedi 26 janvier : 7h30, défilé dans les rues de Châtillon des 80 sociétés de secours mutuel de Bourgogne avec leurs saints et leurs bannières. 9h45, messe solennelle. 11h15, intronisation au sein de la confrérie des Chevaliers du Tastevin. 11h jusqu’à 17h, ouverture des caveaux de dégustation (achat d'un kit de dégustation, 15 €) dans les rues de Châtillon, ainsi que le dimanche 27, même heure. Le samedi 19h, banquet des vignerons ouvert à tous sur réservation auprès de l’Office de Tourisme du Pays Châtillonnais dans la limite des places disponibles (prix par personne : 125 €). www.chatillonnais-tourisme.fr/
A noter : Six cars Transco sont spécialement affrétés depuis Dijon au tarif de 3 € l’aller-retour.
Le dimanche matin à Dijon, l’Association Saint Vincent organise un défilé et une messe.
Crédit photos : Louis Picamelot et Jean-Christophe Tardivon.