VIN/BOURGOGNE. L’une des plus vieilles maisons de vin de Bourgogne inaugurera ce jeudi 1er octobre la rénovation complète du château Corton Grancey, à Aloxe-Corton (Côte-d’Or), qu’elle possède depuis 1891.
Cet investissement d’1,5 million €, étalé sur deux années de travaux, lui offre un site de réception idéal pour ses clients, distributeurs et commerciaux.
Car chez les Latour, on porte un nom, tient un rang et vend une marque qui rayonne dans le monde entier.

Au château de Corton Grancey (*) ce jeudi 1er septembre, il n’y aura pas de défilé de calèches pour amener les nombreux invités attendus, ni de domestiques en livrée pour les servir, mais, sans nul doute, une très belle réception.
La famille Latour inaugurera en soirée l’aménagement et la rénovation de cet édifice qu’elle possède depuis 1891 sur la commune viticole d’Aloxe-Corton. Un chantier important qui a nécessité deux années de travaux et 1,5 million d’€ d’investissement.
« Nous en faisons un lieu d’accueil pour nos commerciaux, distributeurs et clients, adapté aux réunions de groupes, mais nous pourrons aussi ponctuellement le louer à d’autres », explique Louis-Fabrice Latour, président du directoire et douzième génération aux commandes de l’une des plus vieilles maisons de vin beaunoise fondée en 1797.
Et il lui fallait bien cela pour défendre un nom qui est devenu une marque mondiale et tenir un rang dans un métier devenu de plus en plus concurrentiel, surtout entre professionnels locaux. Le prestige des vieilles pierres, comme le vernis des tuiles bourguignonnes, ne font toutefois pas tout au sein de ce groupe familial.

« Nous amortissons chaque année plus de 2 millions d’€ issus de renouvellements d’équipements, de mise aux normes, d’opérations de croissance externe… », indique Éric Fougère, le directeur financier de Louis Latour.
Un minimum pour ce négociant qui produit des vins bien au-delà de la Bourgogne, avec un domaine de 100 hectares dans le Var, planté en pinot noir (rouge), et un partenariat avec les vignerons Ardéchois et leur coopérative pour commercialiser pas moins de 15 000 hectolitres de chardonnay (blanc).
Un très gros acheteur de bourgogne
Cet apport d’activité se révèle vital à l’entreprise Louis Latour qui pèse 65 millions d’€ de chiffre d’affaires et emploie plus de 200 personnes dans le monde (**). « Les trois petites récoltes de bourgogne, ces quatre dernières années, nous pénalisent d’un manque à gagner de 2 millions de bouteilles », assure le président du directoire.
Le négociant reste néanmoins un poids lourd de sa région viticole. Il achète en moyenne l’équivalent de 35 000 hectolitres à des viticulteurs sous contrat et produit aussi une quantité importante de vin de ses propres domaines. Sa société civile possède 50 hectares en Côte-d’Or.
Deux opérations de croissance externe lui permettent aussi d’exploiter 70 hectares dans le Beaujolais avec la société Henry Fessy et 4 hectares dans le Chablisien avec Simonnet-Febvre, qui cultive en outre 15 hectares de vignes estampillés IGP Coteaux de l’Auxois.

Très exportatrice - 82% des ventes sont effectuées dans 100 pays -, la maison Latour est le second exportateur de bourgogne aux États-Unis et y réalise 20 millions de $ de chiffre d’affaires. Mais cela ne lui suffit toujours pas et elle recherche de nouveaux débouchés à l’étranger.
Un cadre franco-bolivien vient d’être recruté pour développer le Brésil et le Mexique et trouver des importateurs au Chili et en Équateur.
(*) Le mot « Corton » est une contraction de « Curtis Othonis », qui signifie « Domaine d’Othon », Othon étant un empereur descendant de Charlemagne. « Grancey » était le nom des derniers propriétaires du château situé sur la rue des Corton à Aloxe-Corton (source Wikipédia).
(**) Louis Latour exploite deux filiales commerciales à l’étranger, à San Francisco et à Londres, qui emploient chacune 15 personnes. A noter que la filiale anglaise distribue sur ce marché une vingtaine d’autres marques de spiritueux.

Qui est Louis Fabrice Latour ?
L’histoire familiale rappelle qu’en 1768, les premières vignes plantées à Aloxe-Corton par un Latour, était le fait d’un Jean. Depuis, tous les dirigeants de l’entreprise qui se sont succédés par ordre de primogéniture portent comme nom de baptême celui de Louis.
Coquetterie de classe, version vieille France ? « Nous avons toujours fait le choix de défendre une maison plus que bicentenaire qui a la grande chance d’être devenue une vraie marque, aussi est-ce bien plus simple d’avoir le même nom, surtout à l’étranger », rétorque Louis-Fabrice Latour.
Cet homme de 51 ans, Beaunois d’origine, commence son activité professionnelle à Paribas, après une formation à Sciences Po Paris. Il y reste deux ans avant de rejoindre la société familiale où il apprend son métier aux côtés de son père. Dix ans plus tard, en juillet 1999, il lui succède.
Très actif au sein de sa profession, l’entrepreneur a longtemps présidé le Syndicat des Négociants-Eleveurs de Grande Bourgogne (FNEB). Il co-préside actuellement le Bureau Interprofessionnel des Vins de Bourgogne (B.I.V.B.) avec une ouverture d’esprit bien plus large, un sens du dialogue éprouvé et l’art du compromis avéré.
Louis-Fabrice latour, marié depuis 1995, est le papa de quatre enfants, dont l’aîné, vous l’aurez deviné, se prénomme… Louis.
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