INFRASTRUCTURES. A quelques jours de l'inauguration des gares TGV de Besançon-Franche-Comté et de Belfort-Montbéliard, le 1er décembre, élus et socioprofessionnels ont fait entendre des voix discordantes vendredi 25 novembre à Dijon sur la poursuite de la LGV Rhin-Rhône.
Au sein même de la région Bourgogne, les points de vue divergent sur la pertinence des trois branches de la LGV, à l'aulne du projet de LGV Paris-Orléans-Clermont-Ferrand-Lyon (POCL), en débat public jusqu'au 31 janvier 2012.
Les invités à dialoguer au sein du salon Entreprissimo à l'occasion de la sortie d'un hors-série du journal Le Moniteur (1), ne se sont pas contentés d'un satisfecit sur l'ouverture de nouvelles perspectives économiques sur l'axe Rhin-Rhône.
Par la voix de son vice-président, Michel Neugnot, le conseil régional de Bourgogne a soulevé la question de l'opportunité de réaliser la branche sud (en direction de Lyon) eu égard au projet Paris-Orléans-Clermont-Ferrand-Lyon (POCL).
Perçue comme un moyen de désenclaver l'ouest de la Bourgogne, en particulier la ville de Nevers, cette nouvelle ligne à grande vitesse se présente comme une alternative à la ligne TGV Sud-est (Paris-Montchanin-Mâcon-Lyon), à la limite de la saturation.
«La branche sud aurait la même utilité, or la POCL aurait l'avantage de libérer des sillons sur la LGV Sud-Est et d'en ouvrir de nouveaux en direction de Dijon», explique t-il.
Le projet Paris-Orléans-Clermont-Ferrand-Lyon trouve aussi des supporteurs dans le milieu consulaire. Sans remettre en question la branche sud, Michel Bernard, vice-président de la CCI Côte-d'Or chargé de l'aménagement y voit une formidable opportunité pour la Nièvre, alors à moins d'une heure de Paris et de Lyon.
Au conseil général de la Côte-d'Or, la branche sud n'a pas bonne presse non plus. «Les collectivités locales n'ont pas les moyens d'investir dans des projets pharaoniques, mais elles restent attentives à un projet de réhabilitation de la ligne Paris-Lyon-Marseille pour densifier le trafic», argumente Denis Thomas, conseiller général et président de l'association Dijon Côte-d'Or Bourgogne TGV.
Pour l'agglomération dijonnaise, pas question de sacrifier la branche sud sur l'autel du projet nivernais. «Lorsque le Grand Dijon s'est engagé à cofinancer le TGV Rhin-Rhône, la condition était que le projet soit réalisé en son entier, avec trois branches (1)», rappelle Didier Martin, vice-président du Grand Dijon.
Avis plus que partagé par Philippe Trimaille, vice-président de l'agglomération de Mulhouse (M2A) et président du club TGV de Mulhouse «Il faut rappeler que c'est la branche sud qui assure la vocation européenne de la LGV Rhin-Rhône, en reliant Francfort à Barcelone».
En ces temps de vache maigre, faut-il d'ailleurs terminer la branche est, dont la 1ère phase (140 km entre Villers-les-Pots en Côte-d'Or et Petit-Croix dans le Territoire de Belfort) est mise en service le 11 décembre ? Là encore des divergences apparaissent chez les Bourguignons.
Également conseiller général de la Côte-d'Or, Denis Thomas ne semble pas décidé à «céder à la forte pression de la Franche-Comté et de l'Alsace pour que les collectivités locales cofinancent cette 2ème tranche». Il estime que les 2 minutes que le TGV gagnera grâce aux 15 km de ligne nouvelle, de Villers-les-Pots à Dijon, ne sont pas primordiales, tant que la branche ouest (traversée de Dijon en direction de Paris) n'est pas sur les rails.
Le conseil régional de Bourgogne, ne l'entend pas de cette oreille. «N'oublions pas que les collectivités des trois régions ont signé un pacte d'engagement», rappelle Michel Neugnot. Pour le vice-président de la CCI Côte-d'Or, il faut terminer la branche est, «surtout côté Mulhouse».
L'avis de la communauté consulaire est moins tranchée pour la branche ouest. Michel Bernard avoue être interpellé par son coût de 3,5 milliards d'euros.
Au milieu cafouillage, les Suisses ont confirmé leur intérêt pour le raccordement ferroviaire, en projet, de l'EuroAirport de Bâle-Mulhouse, a rappelé Thierry Bregnard, chef du service de l'économie du canton du Jura-Suisse.
(1) Cahier détaché du n° 5635, 25 novembre 2011, Le Moniteur du BTP.
(2) Pour comprendre les trois branches de la LGV Rhin-Rhône, voir le schéma sur le site de Réseau Ferré de France.
http://est.lgvrhinrhone.com/4-.php