Stellantis (PSA) Sochaux propose aux salariés dont le poste n’est pas jugé durable eu égard de la mutation de l’industrie automobile vers l’électrique, un « Passeport de transition professionnelle ». Ces transfuges, qualifiés, font le bonheur des PME comme l’entreprise de mécanique Mecadep dans le Territoire de Belfort.


Elle est bien révolue, l’époque où l’on entrait pour la vie à Sochaux. La « maison Peugeot » a changé, au point que sous son appellation PSA et désormais Stellantis, elle déroule le tapis rouge à ceux qui veulent la quitter, dans certaines conditions. Elle leur délivre alors le « Passeport de transition professionnelle » qui les oriente vers les PME du territoire environnant. Cinquante salariés ont ainsi changé d’employeur avec cet accompagnement (sur un total de 279 du groupe en France) depuis son instauration en 2016.

Ceux qui s’en félicitent le plus, ce sont les nouveaux employeurs : nombre parmi les entreprises d’accueil sont trop heureuses de trouver ainsi une partie de la main d’œuvre qualifiée qu’elles peinent à dénicher par ailleurs sur le marché du travail classique. Pour l’entreprise de mécanique de précision Mecadep  à Essert (Territoire de Belfort), le dispositif PSA-Stellantis s’est même apparenté à la manne tombée du ciel : ces six derniers mois, pas moins de quatre ex-Sochaliens sont venus rejoindre les rangs des usineurs au sein de la PME de 18 salariés.


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« Avant, on avait réussi à en recruter deux en trois ans, avec toutes les peines du monde », a souligné son président Tarek Bouzid le 23 novembre dernier : il a fait partie des personnes invitées cette matinée-là par la direction de Sochaux à témoigner des vertus des actions de reconversion professionnelle du site auprès d’Elisabeth Borne, la ministre du Travail. « Un premier candidat a démontré son autonomie au poste en une semaine sur des tâches simples et en un mois seulement pour des opérations plus complexes. Et en plus, il a attiré trois collègues vers nous ! », se félicite le dirigeant.



Des postes à l’avenir incertain

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L'entreprise de mécanique de précision Mecadep, près de Belfort, trouve chez les salariés de Stellantis Sochaux, une partie de ses techniciens qualifiés. © P.-Y. Ratti

 

De même, un ex-responsable de ligne de montage a rejoint une autre société, l’antenne de Mulhouse (Haut-Rhin) de Car Garantie, spécialiste de l’assurance des programmes de garantie et fidélisation pour les véhicules neufs et d’occasion. « Ce fut pour lui un « saut » non négligeable, qui l’a amené beaucoup plus qu’avant derrière un ordinateur, et qu’il a franchi avec succès », a témoigné Laurent Geffard, dirigeant de Car Garantie, devant la ministre.

Les transfuges chez Mecadep exerçaient à Sochaux le métier de technicien d’usinage. Comme celui de responsable de ligne, il est classé « sensible » par le constructeur selon la grille de son observatoire interne des métiers et des compétences. Le label n’est pas, en soi, un bon signe. Il signifie que le poste n’est pas promis à un avenir durable chez Stellantis, au regard de la mutation que connaît l’industrie automobile. Il s’agit dès lors pour son titulaire de se reconvertir, en interne ou, s’il est « partant » au sens propre et figuré, à changer d’entreprise.

« Le parcours vers l’extérieur est sécurisé, ce qui fait sa force : le salarié, volontaire, accède à une formation qualifiante ou diplômante, dont le parcours est défini sur-mesure entre le futur employeur et nous-mêmes, et que nous prenons en charge financièrement », décrit Bruno Bertin, le DRH France de Stellantis.
Le candidat demeure inscrit aux effectifs du groupe pendant la formation et la « clause de retour » lui est ouverte. Pendant les six premiers mois de sa nouvelle embauche, il garde la possibilité de revenir chez le constructeur, si l’expérience ne répond pas à ses attentes. Selon les responsables RH de Stellantis, cette clause est actionnée une fois sur dix.


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Quelque que soit la « menace » qui peut peser sur son emploi, le Passeport vise aussi à proposer un changement de cap qui reste de proximité. Ainsi
, Frédéric Peretti a quitté au bout de 19 ans l’usine de Sochaux où il avait terminé comme analyste qualité, afin de se reconvertir technicien chauffagiste dans l’entreprise Barbalat de chauffage-plomberie à Maîche (Doubs). Au lieu de parcourir  90 kilomètres aller-retour chaque jour, «  je travaille désormais à quelques mètres de la maison », a-t-il souligné.

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La direction de Sochaux a témoigné le 23 novembre dernier, des vertus de ses actions de reconversion professionnelle auprès d’Elisabeth Borne, la ministre du Travail. © Mathieu Noyer

 

Reconversion interne aussi

Le Passeport de transition professionnelle de Stellantis fait partie d’un programme de mobilité qui se décline aussi en interne chez le constructeur, par le dispositif  « Top Compétences ». Selon un principe similaire, celui-ci organise un parcours de reconversion sur-mesure, en particulier aux salariés dont le métier est classé « sensible » (les deux autres profils de métiers sont ceux « à l’équilibre » ou « en tension », c’est-à-dire en manque de bras à plus ou moins long terme).
Top Compétences a concerné 4.500 salariés depuis 2012 au niveau du groupe  - dont une forte proportion de personnel de R&D - et il intègre chaque année 250 personnes supplémentaires. Le rythme pourrait s’accélérer avec l’électrification qui bouscule les métiers de la mécanique et peut les condamner à terme.

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