Les histoires d’Epopia, construites par les enfants par échange de courrier postal, veulent leur redonner le goût de la lecture et de l’écriture, comme au temps du sans écrans. Cinq ans après ses premiers scénarii, la jeune entreprise qui approche désormais le million de chiffre d’affaires, met en scène des personnages célèbres : les Schtroumpfs et Miraculous, une série animée sur TF1.
Et deux aventures de plus pour Epopia ! La société de Strasbourg (Bas-Rhin) qui se fait fort de (re)donner aux enfants du primaire le goût de la lecture et de l’écriture d’antan, comme au temps du sans écrans, ajoute deux histoires à son panel créatif constitué depuis maintenant plus de cinq ans.
Nouveauté : alors que les premières étaient élaborées de toutes pièces, les plus récentes s’appuient sur des personnages déjà bien présents dans l’univers des enfants : les Schtroumpfs depuis septembre, et depuis le mois dernier Miraculous, une série animée sur TF1 qui fait fureur auprès de 5-10 ans.
Ces partenariats requièrent une gestion fine de leur utilisation, auprès des ayants-droits des créateurs, respectivement le dessinateur Peyo et le réalisateur Zag, et des détenteurs des licences, avec validation des scénarii et des graphismes. « Ces interlocuteurs se sont montrés enthousiastes. Ils ont été bien conscients que notre concept ne peut que contribuer à la notoriété de leurs personnages auprès des enfants, à les faire venir ou revenir sur un média papier, et à faire partager des moments avec leurs parents », relate Rémy Perla, le dirigeant fondateur d’Epopia.
Pour le reste, Epopia reproduit le modèle initié par les trois histoires initiales autour du « royaume », de la « réserve naturelle » et des « dinosaures ». Ses équipes d’écrivains, illustrateurs, graphistes et informaticiens élaborent une trame d’histoire, contenue dans un premier courrier, postal, à l’enfant abonné.
À partir de cette missive, l’enfant est invité à réagir, à imaginer la suite, en somme à coconstruire un scénario, sur 6 à 12 échanges épistolaires qui vont s’échelonner sur quelques mois (la formule sur trois mois revient à 41,97 € actuellement, celle à 12 mois à 119,88 €).
Des thèmes de scénarii dans l’air du temps

Le thème des nouvelles histoires hume le même air du temps, celui du développement durable. Chez les Schtroumpfs, une pollution prenant la forme d’un nuage noir menace la pérennité même de la forêt des célèbres lutins bleus. Promu « premier assistant du Grand Schtroumpf », l’enfant va chercher l’origine de la pollution (la rivière ? l’inévitable Gargamel ?) pour trouver une solution, sans trop froisser le Schtroumpf à lunettes, l’intellectuel de la bande qui ne manque pas d’avoir ses propres idées. Chez Miraculous, l’intrigue tourne autour d’un méchant papillon qui sème la panique dans Paris. L’enfant est alors appelé à la rescousse pour aider Ladyburg et Chat Noir, les personnages vedettes de la série.
L’issue se voudra heureuse…comme elle l’est jusqu’à ce jour sur le plan économique pour Epopia. La petite société née dans une pépinière d’entreprises du quartier de Hautepierre à Strasbourg s’est installée dans un immeuble cossu du centre-ville, elle grandit pas à pas en direction du seuil d’1 million de chiffre d’affaires qu’elle pourrait atteindre dès la fin de cette année, ou l’an prochain.
Epopia a levé 1,5 million d’€ de fonds il y a un an, auprès de la société régionale Capital Grand Est, de divers fonds liés notamment à l’édition scolaire, d’Alsace Business Angels et d’investisseurs privés. Et a porté ses effectifs au niveau de ceux d’une PME : 23 salariés sont chargés de l’écriture, du dessin et de la gestion informatique des courriers. « Depuis les débuts, nous avons touché 50.000 enfants », calcule Rémy Perla. Et quelque 500 classes, élémentaires principalement, quand bien même les approches de partenariats avec l’Education Nationale ne se sont pas – encore ? – concrétisées. Le « rêve aux lettres », pour reprendre le nom d’origine d’Epopia, se prolonge donc avec bonheur.

Un souvenir d’enfance lui est revenu, en guise de déclic, quant à la magie de la réception d’un courrier inattendu. Un jour, cherchant comme toujours le courrier dans la boîte aux lettres, il découvrit une enveloppe non pas une fois de plus au nom de ses parents, mais au sien : elle contenait une clé de voiture, et la lettre qui l’accompagnait expliquait qu’il était l’heureux gagnant d’un véhicule. Pure publicité, mais qui lui donna envie de prendre sa plus belle plume pour répondre par un autre courrier… qui resta bien sûr sans suite. Mais « cela m’a rappelé que pour les enfants, recevoir et lier du courrier peut devenir un plaisir », témoigne Rémy Perla. Les lettres des abonnés d’Epopia, elles, reçoivent bien leur réponse, et de façon personnalisée.