
VŒUX. Ce lundi à Dijon comme à Belfort, les présidents des organisations patronales ont, chacun avec leurs mots, exhorté leurs adhérents à garder intact l'esprit d'entreprise.
Certains ont passé le message avec le renfort d'intervenants comme le journaliste François de Closets au Medef Côte-d'Or ou le philosophe Vincent Cespedes à la CGPME du Territoire de Belfort.
D'autres comme à la CGPME Côte-d'Or, l'ont dit plus abruptement avec un « merde à la déprime ».
En toile de fond, un vœu partagé : que cesse l'empilage de mesures fiscales et réglementaires.
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Un sursaut de la part d'eux-mêmes : c'est le message commun des vœux de nouvelle année prononcés lundi 6 janvier à Dijon et à Belfort par les deux organisations patronales, le Medef et la CGPME.
Non sans relever leur étouffement face aux mesures fiscales et réglementaires, les syndicats patronaux ont exhorté leurs adhérents à garder intact l'esprit d'entreprise.
Pour faire passer le message, le Medef Côte-d'Or s'est appuyé sur le journaliste François de Closets, auteur du récent ouvrage Maintenant ou jamais décrivant une France en déclin depuis vingt ans.
« Les chefs d'entreprises utilisent le principe de précaution ; ils ont peur d'investir, de s'engager, d'embaucher dans un climat politique, socioéconomique et psychologique à l'arrêt », constate t-il.

(Photos : Jacques Lévesque).
A Belfort, c'est le philosophe Vincent Cespedes, auteur de l'ouvrage L'ambition et l'épopée de soi qui a invité les adhérents de la CGPME à « sortir de (leur) zone de confort pour se mettre en danger ».
A Dijon, le même syndicat, par la voix son président Patrice Tapie a mis en exergue les valeurs de l'entreprise qui n'est « pas un lieu d'asservissement, mais d'épanouissement ».
«Nous sommes là pour faire taire les dénigrements permanents sur le patronat et valoriser ceux qui prendront encore des risques en 2014 ».
Plusieurs raisons incitent les chefs de file des syndicats patronaux à redonner le moral à leurs troupes.
Pour ne citer que quelques griefs : « un apprentissage sacrifié », selon Pierre-Antoine Kern, président du Medef de Côte-d'Or, « des absurdités comme le temps partiel réduit à 24 heures par semaine », retient Louis Deroin, président de la CGPME du Territoire de Belfort ; « un code du travail qui prend une page supplémentaire tous les trois jours », relève son homologue de Côte-d'Or.

(Crédit : Bruno Lédion)
Les patrons veulent qu'on les entendent, y compris au niveau local.
« Les chefs d'entreprises ne sont pas assez influents dans l'action publique », estime Pierre-Antoine Kern. Faisant un vœu pour que cela change, il affiche la force de frappe que représentent les entreprises en Bourgogne : 22 organisations patronales réunies, représentant tous les secteurs d'activité industrielle et de services ainsi que la chambre régionale de commerce et d'industrie.
Car le patron du Medef dresse un portrait sévère de l'action publique en Bourgogne. Dans une région « à la peine », Dijon ne joue pas « son rôle de capitale régionale », estime t-il.
Il le justifie par l'échec de l'aéroport de Dijon-Bourgogne et le refus des élus locaux de coopérer avec le voisin de Dole-Tavaux. Il souligne aussi le retard de Dijon en matière de haut-débit, mettant Besançon sur un piédestal avec son réseau Lumière (*).
A la CGPME aussi, les patrons veulent être « associés dans (vos) réflexions », a dit Patrice Tapie à l'adresse de François Rebsamen, le maire de Dijon.
Le président des petits patrons a fait part d'un jugement plus modéré, énumérant les investissements publics (tramway, aménagements urbains, logement) et relevant la démarche de lobbying politique entreprise pour faire valoir les capacités exportatrices des entreprises.
Il jette à contrario un regard plus critique sur l'efficacité des structures de promotion économique : « l'électroménager, le cassis ou les bonbons à l'anis : comme s'il n'y avait que ça»…

Daniel Dureux, président de l'UIMM Côte-d'Or passe la main en mai.
Deux présidents sur le départ
- Le président de l'UIMM (union des industries de la mécanique et de la métallurgie) Côte-d'Or depuis 6 ans, Daniel Dureux passe le relais en mai 2014. Il est à l'origine d'une limitation à deux mandats de 3 ans.
- Président de la CGPME Côte-d'Or depuis 20 ans, Patrice Tapie cède son fauteuil en juillet prochain.
(*) Le réseau Lumière à Besançon est une infrastructure publique qui transporte plus de 1700 km de fibres optiques. Mis en place en 1994 pour accélérer les relations entre administrations, il s'est étendu depuis aux entreprises avec l'installation de data centers.
Photos : Medef Côte-d'Or, Jacques Lévesque, Bruno Lédion et Traces Ecrites.