C’est une filière globalement solide malgré les crises qui s’est réunie ce mardi dans l’enceinte de Stellantis à Sochaux (Doubs), dans le nouveau lieu MatternLab. L’industrie automobile de Bourgogne-Franche-Comté et du Grand Est a amélioré l’an dernier 7 des 11 indicateurs qui composent le Baromètre de la performance confectionné d'année en année par son association fédératrice, PerfoEst.


Document toujours très attendu, la version 2022 du Baromètre de la performance de la filière automobile de Bourgogne-Franche-Comté et du Grand Est s’est fondée sur un panel de 40 entreprises qui y ont donné suite. Cet échantillon est représentatif de la diversité des tailles et profils d’entreprise, même s’il gagnerait à s’enrichir de davantage de réponses parmi les quelque 400 entreprises adhérentes du Pôle Véhicule du futur interrégional.

Les deux tiers de ceux qui ont pris le temps de s'y atteler sortent de cet exercice avec la mention en progrès (31 %) ou stable (36 %). Pour les résultats consolidés à l’échelle du panel, les indicateurs améliorés d’une année à l’autre sont : le taux de service, la valeur ajoutée par salarié, le nombre de suggestions par personne, le taux de gravité des accidents (dans le sens de la baisse !), les investissements matériels sur trois ans, les dépenses de formation et la diminution de l’absentéisme.

« Le bon résultat pour le taux de service souligne que les fournisseurs ont fait ce qu’il fallait pour respecter leurs engagements vis-à-vis de leurs clients, en dépit des contextes compliqués : crise sanitaire, crise des approvisionnements qui a perturbé le rebond post-Covid constaté pourtant dès début 2021, envolée des prix des matériaux depuis bientôt deux ans et de l’énergie », relève Ludovic Party, directeur de PerfoEst.

 

PVFmars

 

Les investissements, quant à eux, sont stimulés par la transition vers l’électro-mobilité et le lancement des nouveaux modèles de Stellantis à Sochaux et Mulhouse. En particulier, la nouvelle 308 et prochainement le lancement de la 408 sur le site alsacien,. Mais la filière de l'Est bénéfice aussi de la montée du Master dans l’usine Sovab de véhicules utilitaires de Renault à Batilly en Lorraine. Ces perspectives devraient porter l’ensemble de la production automobile de Bourgogne-Franche-Comté Grand Est (incluant Ineos le repreneur de Smart à Hambach) à 430.000 véhicules en 2026, le double environ de 2022, selon l'estimation du cabinet Inovev. Ce qui ferait de l’inter-région le second pôle incontestable de production en France, loin encore derrière les Hauts-de-France.

Ce Baromètre laisse toutefois apparaître quatre indicateurs en dégradation, plus ou moins forte. Un recul prononcé est observé pour le retour usines clients, mais il serait imputable à un seul cas selon PerfoEst. « Hors celui-ci, ce critère est en progression et cinq des entreprises répondantes atteignent le zéro indicent client, le zéro ppm », souligne Ludovic Party.

Les autres baisses, plus modérées, concernent l’évolution du taux de fréquence des accidents, le coût des rebuts et retouches, et la rotation des stocks. Ce dernier facteur vient rappeler qu’on ne peut pas faire des miracles dans le contexte automobile du moment : « C’est la conséquence des stop and go des constructeurs qui rend très difficile d’avoir à chaque instant le niveau de stocks optimal », poursuit le responsable de PerfoEst.

Quant à l’avenir, il se lit tout aussi difficilement. À la conjoncture mouvante s’ajoutent les interrogations de fond sur l’attitude à adopter face à la fin programmée des véhicules thermiques en 2035 : investir encore pour ne pas rater la marche de la prochaine génération de moteurs peu émissifs Euro 7 ? Ou tourner la page déjà ? « Rendez-vous l’année prochaine pour, peut-être, en savoir plus », conclut Marc Becker, président du Pôle Véhicule du futur.

 

Les trophées pour un trio de PME en forte amélioration

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Eric Schwartz (à gauche) et Sébastien Renaud ont reçu mardi le Trophée de la performance pour leurs entreprises respectives ActBlue et Sideo-RDT.
A également été distinguée Baomarc Automotive Solutions dont le directeur de site Xavier Vrignaud n'a pu être présent.


Qui dit Baromètre de la performance de la filière automobile régionale, dit Trophées, autrement dit récompense des entreprises les plus méritantes, pour la progression de leurs indicateurs d’une année à l’autre. Au titre de 2021, les trois distinguées sont ActBlue France (dépollution de moteurs thermiques), Sideo-RDT (découpe-emboutissage) et Baomarc (éléments de soubassements).

Basée à Faulquemont (Moselle) où elle emploie 100 salariés et prévoit un chiffre d’affaires de 32 millions d’€ cette année, ActBlue France se démarque de sa concurrence dans les systèmes de réduction catalytique SCR « par le fait de disposer d’un bureau d’études qui réalise la R&D avec leurs laboratoires », souligne son président Eric Schwartz. Ce portefeuille a été entièrement réorienté vers les véhicules professionnels (utilitaires, poids lourds, engins de chantier, machines agricoles…) en 2019 alors que le véhicule léger représentait près de la moitié du chiffre d’affaires. Une mutation exigeante, mais réussie, et qui ne s'est pas opérée au détriment de la qualité au travail selon l’entreprise qui en veut pour preuve sa récente labellisation « Great Place to work ».

 

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Autre mosellan, Baomarc Automotive Solutions France appartient à un groupe de 600 personnes lui-même filiale du sidérurgiste chinois Baosteel. Son site de 156 salariés à Argancy s’est imposé comme un fournisseur-clé pour l’usine Sovab (Renault) proche à Batilly, en pièces de soubassements de structure et portes, en acier ou aluminium, profilés à froid et assemblés sur des îlots robotisés.

Quant à Sideo-RDT, il fait partie du groupe local SIFC formant le pôle découpe de Pont-de-Roide-Vermondans et environs (Doubs) de 330 personnes et 75 millions d’€ de chiffre d’affaires annuel. Lui-même emploie 90 collaborateurs. Son Trophée salue notamment son positionnement sur des pièces complexes, comme équipementier de rang 1 pour Stellantis et de rang 2 par ailleurs. « Nous réalisons nos outillages en interne, grâce au pôle de machines spéciales que nous avons constitué. Nos équipes d’études interviennent en co-conception avec les clients », relève Sébastien Renaud, directeur de la PME presque centenaire.

 

Photos fournies par les entreprises.

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