Alors que l’Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction (Unicem) de Bourgogne-franche-Comté démarre les négociations sur le nouveau schéma régional des carrières avec la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal), un exemple des enjeux environnementaux sur la carrière Eqiom à Savigny-le-Sec, en Côte-d’Or.
L’impact environnemental est au centre des débats pour l’élaboration du schéma des carrières de Bourgogne-Franche-Comté attendu pour la rentrée 2022. Le sujet ne date pas d’aujourd’hui. Au cours des 20 dernières années, les exploitants de carrières ont du intégrer la problématique de réduction des déchets. Adoptée en février 2020, la loi AGEC (Anti-gaspillage et économie circulaire) basée sur la « responsabilité élargie du producteur » renforce cette préoccupation. Elle prévoit que tous les déchets de la déconstruction devront obligatoirement être accueillis par les carrières.
La carrière de calcaire d’Epagny à Savigny-le-Sec, en Côte-d’Or, propriété du groupe Eqiom (*), gère déjà une Installation de Stockage des Déchets Inertes (ISDI) sur une partie de la carrière qui n’est plus exploitée. Depuis quelques années, dans son cycle de recyclage, du béton issu de la déconstruction est récupéré pour être concassé, transformé puis réutilisé. La diversité et la nature des matières à recycler s’est nettement accrue passant d’environ 120.000 tonnes il y a 4/5 ans à 200.000 tonnes aujourd’hui.
L’Unicem (Union nationale des industries de carrières et matériaux de construction) qui fédère les producteurs de matériaux minéraux, comme les responsables de la carrière d’Epagny, s’accordent sur le fait que le recyclage introduit de nouvelles donnes pour lesquelles le métier doit s’adapter. À titre d’exemple, les matériaux doivent être répartis sur le site sans être mélangés, ce qui amène à une attention particulière sur le contenu des camions entrants.
Un mélange de différentes granulométries pour en recomposer d’autres

Le béton de déconstruction est trié pour ôter le fer. © Sabrina Dolidze

Conséquence, le laboratoire de la carrière qui intervient pour déterminer la composition chimique des matières travaillées, verra son activité nettement accrue. Car il devient plus complexe de définir la composition d’un produit recyclé de multiples fois par rapport à la matière brute dont on connait déjà la composition.
Les nouvells donnes environnementales complexifie quelque peu la tâche d’une carrière comme celle de Savigny-le-Sec qui a la particularité de fabriquer du sable sur mesure. Il y a un peu moins de 10 ans, le site s’est équipé d’une « centrale de recomposition ». Cette machinerie mélange différentes granulométries pour en recomposer d’autres, spécifiques selon les besoins des clients.
Myriam Peltier, cheffe d’agence d’Eqiom en Côte-d’Or, présente fièrement la cuisine du site : « Le site fonctionne comme une usine, on a des recettes de fabrication pour faire un sable très spécifique par le biais de tamis d’alimentation et de silos de stockage ». Cet équipement permet de nous démarquer et de satisfaire un de ses gros clients en béton.


Les morceaux éclatés sont ensuite acheminés par des tombereaux (d’énormes camions transporteurs) – photo du milieu – et des bandes transporteuses – photo du bas – qui les amènent vers le concassage (réduction de la taille des roches), le criblage (les pierres passent dans des tamis pour réduire leur taille), enfin le lavage. © Sabrina Dolidze
Découvrez l’activité de l’industrie extractive en Côte-d’Or :
Piloté par le Préfet de région, le schéma régional des carrières est un outil de planification stratégique qui vise à définir des orientations en matière d’approvisionnement et de gestion durable des matériaux et des substances des carrières. L’impact environnemental est au centre des débats ainsi que la question du recyclage. Pour Christophe Bauduin, le président de l'Union Nationale des Industries de Carrière et des Matériaux de construction (Unicem) en Bourgogne-Franche-Comté, les changements liés à l’économie circulaire sont inévitables et liés à la révolution des modes de construction (bas carbone, recyclage.)…
Toutefois, l’Unicem déplore des contraintes de plus en plus lourdes qui restreignent le développement des activités de ses adhérents alors que « 21 millions de tonnes de matériaux issus des carrières sont nécessaires à l’économie régionale ou commercialisés à l’échelle nationale voire internationale », peut-on lire dans un document régional du CERC (Cellule Économique Régionale de la Construction) qui analyse l’empreinte socio-économique des carrières.
Tout l’enjeu, pour l’UNICEM, dans la réactualisation du schéma régional, est « de sauvegarder les entreprises existantes qui accèdent aux ressources premières, tout en prenant en compte l’environnement et en effectuant les réaménagements nécessaires des carrières ». Il devrait être finalisé au cours de l’été.


(*) Eqiom est une filiale du groupe irlandais Cement Roadstone Holdings. La société était née de la fusion du Suisse Holcim et du Français Lafarge en 2015. Eqiom emploie 1.500 salariés en France dans les métiers du ciment et du granulat. La société compte 45 carrières en France, situées en grande majorité en Bourgogne-Franche-Comté et dans le Grand-Est. Le siège national de la branche granulats d’Eqiom se situe à Chenôve. La carrière de Savigny-le-Sec emploie 7 salariés, principalement des conducteurs d’engins.