Le fabricant de câbles électriques Lapp à Forbach (Moselle) s’organise pour répondre à la demande croissante des industriels consécutive à la crise sanitaire. Le propriétaire allemand du site de 247 salariés a prévu d’injecter 7,5 millions d’€ dans l’outil de production. Il recrute parallèlement 30 salariés.
« Enrouler, puis dérouler, c’est notre cœur de métier », résume-t-on avec malice chez Lapp. La relance industrielle consécutive à la crise du Covid-19 augmente considérablement les cadences de ce fabricant de câbles électriques basé à Forbach (Moselle). Pour répondre à la demande, le propriétaire allemand du site, le groupe familial Lapp, investit 7,5 millions d’€ cette année dans deux nouvelles lignes de production. La première est destinée à augmenter les capacités en gainage des fils de cuivre par un isolant, la seconde valorisera les résidus plastiques de l’usine.
En parallèle, la société de 247 salariés dirigée par Stéphane Kaczmarek a entamé un plan de recrutement de 30 collaborateurs, des opérateurs en plasturgie indispensables au fonctionnement des nouvelles lignes, mais également des commerciaux, chefs de produit et de projet, techniciens, etc.
« Nous avons l’objectif de doubler la capacité du site de Forbach sur les cinq prochaines années afin d’atteindre 100 millions d’€ de chiffre d’affaires », annonce Ad van de Noort, le directeur général de Lapp France. Mise en service en 1990, l’unité de production mosellane tourne aujourd’hui au rythme de 11.000 à 12.000 kilomètres de câbles chaque mois. Elle est la plus importante pour cette fabrication au sein de son groupe, qui constitue lui-même l’un des leaders mondiaux des technologies de câblage et de connexion avec près de 4.600 salariés, un chiffre d’affaires d’1,7 milliard d'€ l’an dernier, 21 sites industriels et 44 filiales commerciales.
Effet moteur du commerce en ligne

« Les plans de soutien aux économies européennes lancés au lendemain du premier confinement ont fait exploser la demande. Celle-ci est portée par les géants de la logistique qui répondent à l’accroissement du commerce en ligne en investissant massivement dans de nouvelles plateformes automatisées. Les programmes de développement des énergies renouvelables (parcs éoliens, fermes solaires, etc.) suscitent également de forts besoins en câbles électriques », poursuit le directeur général de Lapp France.
Pour le groupe allemand, il en résulte une croissance de plus de 16 % de son chiffre d'affaires en 2021, de loin la plus forte de son histoire, soit 295 millions d'€ supplémentaires en un an. Cette hausse doit toutefois composer avec celle des prix du cuivre qui ont eu un « impact significatif ».
A Forbach, les 23.000 m2 d'ateliers tournent 24 heures sur 24, sept jours sur sept en vue de fournir aux industriels des câbles multibrins extrêmement flexibles. Le procédé se déroule en quatre étapes. Tout commence par l’étirement d’un cordon de cuivre rigide de 8 millimètres de diamètre en un brin de 1,8 mm, lui-même transformé en brins de 0,15 à 0,40 mm de diamètre. Ceux-ci sont ensuite assemblés en rotation, afin d’obtenir une section bien précise. Le procédé se poursuit par le gainage par un isolant dans une ligne d’extrusion. Ultime étape, celle de l’assemblage final des fils multibrins en rotation autour d’une cordelette de papier, l’ensemble étant recouvert d’une bande textile garantissant un bon maintien et prévenant les frottements.
« Une de nos deux nouvelles lignes a pour objectif de remplacer les cordelettes de papier par un jonc en plastique issu du recyclage des chutes de production (purge d’extrusion, résidus de fabrication, etc.) », livre Sébastien Lovsin, le directeur qualité du site. Mise en service le mois prochain, elle s’inscrit dans le programme de réduction de l’empreinte carbone de l’entreprise mosellane en cours d’élaboration avec la plateforme du CEA Tech à Trémery (Moselle), qui forme la branche « recherche technologique » du Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA).

La seconde partie de l’investissement porte sur une ligne de gainage. Actuellement en phase d’homologation, elle travaillera au rythme de 1.000 à 1.500 kilomètres de câbles supplémentaires par mois, soit une hausse d’environ 10% de la production. Elle a été pensée pour permettre des changements rapides de matière : PVC, polyuréthane, plastique sans halogène. « Ces dernières années, la taille moyenne des lots produits sur nos installations s’est considérablement réduite. Les clients sont de plus en plus demandeurs de câbles personnalisés », poursuit le directeur qualité.
Lapp a également réduit ses temps de production en mettant en service il y a quelques années une ligne à haute cadence. Elle réalise en simultané les opérations de gainage et d’assemblage, ce qui permet de diviser par trois les délais de fabrication. Elle demeure toutefois moins flexible que les chaînes de production plus traditionnelles. En production industrielle comme en ressources humaines, les anciennes générations s’avèrent complémentaires des nouvelles !