Les 300 acteurs de l’industrie automobile réunis à l’occasion du salon Tomorrow in motion organisé les 14 et 15 juin à Metz, en Moselle, s’accordent sur la pertinence de collaborer à l’échelle d’un territoire transfrontalier à cheval sur le Grand Est, le Luxembourg, la Belgique et l’Allemagne. Près de 2.000 entreprises représentant 450.000 emplois sont concernées par la mutation du secteur, du thermique à l'électrique.


L’industrie automobile ignore les frontières entre le Grand Est et ses voisins belges, allemands et luxembourgeois. Le salon Tomorrow in motion organisé les 14 et 15 juin à Metz a rappelé la nécessité de cultiver ces relations transfrontalières eu égard les mutations en cours dans ce secteur. L’évènement a réuni plus de 300 acteurs autour de quatre conférences, huit tables rondes, un espace d’exposition, un espace d’essais mais aussi des visites d’entreprises. « Notre objectif consiste à rapprocher les professionnels de nos régions, qu’ils soient constructeurs, équipementiers ou qu’ils représentent la recherche académique », a introduit Jean-Paul Hassler, président de la Chambre du commerce et de l’industrie du Grand Est (CCI Grand Est).

 

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Ce rendez-vous s’inscrit dans le cadre du Pôle Automobile Européen (PAE), un projet cofinancé par l’Union européenne pour 2018-2022 et coordonné par la CCI Grand Est. Le PAE réunit dix partenaires transfrontaliers dont le pôle de compétitivité Véhicule du Futur. Après une première édition 100% digitale l’an passé, le désir de nouer des échanges plus approfondis, en présentiel, demeurait important. Ikbal Ben Salah, directeur commercial de Technitube (groupe MC Industrie) a fait le déplacement depuis Etupes (Doubs). Il confiait son impatience de renouer ces contacts, afin de proposer ses solutions de formage et cintrage de tubes, d’assemblage par soudure robotisée et de brasage.

Le secteur automobile compte près de 2.000 entreprises représentant 450.000 salariés dans cet espace de coopération transfrontalier appelé « Grande région » autour duquel s’organise le Pôle Automobile Européen. Cette « Grande région » associe les départements lorrains du Grand Est, le Luxembourg, la Wallonie belge et les Länder allemands de Sarre et de Rhénanie-Palatinat.

L’actuel président de cette instance, Jean Rottner, par ailleurs président du Conseil régional du Grand Est, s’est inquiété des conséquences de la décision prise par Bruxelles d’interdire la vente de véhicules à motorisation thermique en 2035 : « Il s’agit d’une interdiction, alors que nous aurions préféré un objectif, ce qui stimule davantage l’innovation. Du côté des constructeurs, les choix sont faits depuis longtemps et nous assistons depuis plusieurs années à la restructuration des centres de production. Mais derrière, c’est toute une chaîne de sous-traitance qui va devoir se transformer d’ici 2035. C’est très rapide ».


Hydrogène et véhicule autonome

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Parmi les exposants, le mosellan Solsi-Cad présentait ses solutions de modélisation 3D de pièces par scanner laser. © Philippe Bohlinger


Le challenge est de taille, pour éviter de voir le marché trusté à terme par des acteurs chinois de la mobilité électrique, plus compétitifs. D’autant que secteur n’a pas retrouvé sa dynamique d’avant pandémie. Éric Friedrich, gérant de la société de conseil en ingénierie mécanique Solsi-Cad à Hagondange (Moselle) le confirme. Cette entreprise de 70 salariés née en 1985 propose des solutions de modélisation 3D de pièces par scanner laser.

Marc Becker, président du pôle de compétitivité Véhicule du Futur évoque les enjeux auxquels sont confrontés les acteurs de la mobilité bas-carbone.  « Le véhicule du futur est confronté à trois enjeux techniques. Celui de la transition énergétique, de l’autonomie-connectivité et des services connexes (bornes de rechargement, logiciels de covoiturage, etc.). C’est un écosystème global à l’intérieur duquel le véhicule n’est qu’un élément. Il est donc pertinent d’aborder ces questions à l’échelle des territoires. La formation est aussi une problématique cruciale, car là où nous avions hier des mécaniciens, nous aurons demain des électroniciens et mécatroniciens. »

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L’allemand Hahn Robotics présentait un robot mobile autonome capable de remplacer un cariste pour certaines tâches. © Philippe Bohlinger


Les problématiques de ressources humaines ne connaissent pas non plus les frontières. Dans ce contexte, la robotique peut parfois offrir des alternatives aux acteurs du marché automobile. L’intégrateur allemand Hahn Robotics en présentait un exemple avec son robot mobile autonome lors du salon. Pour transporter une caisse d’un point A à un point B, celui-ci se guide grâce à des capteurs de distance. « Nous l’avons mis en œuvre récemment sur le site d’Heraeus Electro-Nite à Houthalen (Belgique) en remplacement d’un chariot élévateur conduit par un cariste. Cette solution par ailleurs plus souple qu’un chariot AGV (Automatic guided vehicle) classique a contribué à améliorer la sécurité », détaille Philippe Teller, directeur des ventes de Hahn Robotics Belgium.

 

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Le périmètre de la Grande Région apparaît pertinent pour aborder les enjeux de la mobilité de demain. Parallèlement au Pôle Automobile Européen, l'initiative Grande Région Hydrogène lancée en 2021 appuie la mise en place d’un écosystème hydrogène interconnecté sur ce territoire transfrontalier. Un groupement d’intérêt économique européen a été fondé par les gestionnaires de réseaux de distribution Creos (Allemagne) et GRTgaz (France), le groupe énergétique Encevo (Luxembourg) et le producteur d'hydrogène H2V (France). De même, le projet pilote européen 5GCroCo (5G Cross-Border Control) mis en place entre 2019 et 2022 entre le Luxembourg, l'Allemagne et la France a permis d’explorer les enjeux de la mobilité autonome par-delà les frontières.

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