Pour le nouveau deux-roues à assistance électrique qu’il a lancé ce 6 septembre, Moustache Bikes a développé un cadre 100% « made in France ». Cette relocalisation industrielle a été rendue possible grâce à une collaboration avec le Jurassien Elcam Usinage, Fonderies du Midi près de Marseille et l’Alsacien Colibru, les trois entreprises qui unissent leurs compétences pour assurer la production pour le compte de la jeune pousse des Vosges.


Le leader national du vélo à assistance électrique Moustache Bikes ramène en France la fabrication de cadres de cycles, un savoir-faire qui s’était envolé il y a une quarantaine d’années vers des horizons asiatiques. Ce 6 septembre, la jeune pépite basée à Thaon-les-Vosges (Vosges), au nord d’Epinal, a annoncé le lancement commercial de son nouveau modèle le « J », un deux-roues haut-de-gamme dont le cadre a été intégralement produit dans l’Hexagone et non à Taïwan, la plateforme mondiale pour ce marché.

« Tout est parti d’un coup de fil », rappelle Emmanuel Antonot, le cofondateur de l’entreprise avec Grégory Sand. « L’entreprise Elcam Usinage de Poligny (Jura) voulait savoir si nous étions intéressés par l’usinage de pièces de fonderie. Cet appel a marqué le point de départ du projet. »

Petit pédalage en mode rétro. Moustache Bikes a démarré son activité en 2012 en assemblant des vélos à partir des composants livrés par différents fournisseurs nationaux et internationaux (cadre, moteur électrique, roues, dérailleurs, etc.). La société de 200 salariés, aujourd’hui détenue par le fonds d’investissement LBO France, a franchi un premier cap fin 2020, en internalisant l’assemblage de ses roues. « Depuis les premiers jours de Moustache Bikes, nous n’avons cessé de nous creuser les méninges pour ramener un maximum de compétences en France. La fabrication de ce cadre constitue la suite logique de ce que nous avons amorcé il y a douze ans avec des ressources limitées », martèlent les deux cofondateurs.

 

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Relocaliser la production d’une telle pièce s’avère une opération extrêmement ambitieuse, dans la mesure où elle se double d’un challenge technique, celui de passer d’une fabrication par « aluminium soudé » à un process par « aluminium coulé. » Grégory Sand explique que « les ossatures des vélos Moustache Bikes sont composées de plusieurs tubes en aluminium soudés entre eux. Pour le J, nous avons changé de procédé. Cela nous a permis d’obtenir une plus grande régularité dans la production, mais aussi des finitions plus nettes, sans soudures. Par ailleurs, cette technique offre la possibilité de placer les renforts sur le cadre, là où nous le souhaitons. C’est un atout, car les vélos à assistance électrique subissent des contraintes supérieures aux deux-roues ordinaires, dues à la motorisation et au poids en moyenne plus élevé de leurs utilisateurs. »

Pour son nouveau modèle, la jeune société a imaginé un cadre composé de deux pièces principales, avant et arrière, articulées entre elles et reliées par deux suspensions.

 

Brevet en cours d’instruction

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Emmanuel Antonot (à gauche) et Grégory Sand, cofondateurs de l’entreprise. © Moustache Bikes


La recherche et développement s’est prolongée pendant deux ans pour les équipes de Moustache Bikes et celles de ses partenaires : Elcam Usinage, mais aussi la fonderie aluminum du Midi à Vitrolles (Bouches-du-Rhône) et le spécialiste de la peinture-poudre, la coopérative Colibru à Schirmeck (Bas-Rhin) pour le thermolaquage. Fonderies du Midi, davantage familier des grosses pièces aéronautiques ou ferroviaires, a appris à travailler sur de plus petites dimensions et s’est dotée d’un nouveau four de traitement thermique pour l'occasion.

De son côté, Elcam a acquis un centre d’usinage spécifique. Enfin, Moustache Bikes a investi dans des gabarits d’usinage et de contrôle et elle fait actuellement breveter l’intégration du moteur électrique Bosch dans un carter moulé dans le bras arrière du cadre.

 

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L’option du « made in France » renchérit le coût du cadre d’environ 20% par rapport à un modèle similaire fabriqué en Asie. Aussi l’entreprise réserve-t-elle son innovation à sa gamme premium. Le deux-roues disponible en trois coloris (blanc, noir et vert olive) se situe dans une fourchette de prix de 5.200 € à 6.800 €, selon les options. Le J a été décliné en trois versions : urbaine, tous chemins et tous terrains. Pour ceux qui disposent du budget nécessaire, il ne reste plus qu’à l’enfourcher !

 

Un marché du deux-roues électrique au ralenti

La croissance du marché du deux-roues à assistance électrique marque le pas, après avoir connu une explosion sans précédent dans les mois suivant la pandémie de Covid-19. « Nous sommes sortis de la phase d’euphorie. On observe aujourd’hui un surplus de vélos sur le marché, car les acteurs ont surréagi face aux pénuries. Mais les tendances à long terme demeurent favorables », analyse Grégory Sand. Moustache Bikes a commercialisé 62.000 vélos en 2022, de sorte à atteindre un chiffre d’affaires de 130 millions d’€. L’entreprise compte vendre annuellement entre 6.000 et 9.000 exemplaires du J, un ordre de grandeur correspondant aux ventes de deux-roues haut de gamme, alors que ses modèles plus accessibles s’écoulent chaque année à la cadence de 15.000 à 20.000 exemplaires.

Le J porte aussi des ambitions à l’export, en Allemagne, Autriche et Suisse notamment, des marchés décrits par les dirigeants de Moustache Bikes comme « très matures avec une grande culture vélo. » Le fabricant, qui travaille pour près de moitié hors de l’Hexagone, a d’ailleurs doublé ses ventes cette année en Allemagne à la suite à la création d’une filiale commerciale sur place.

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