Lors de l’inauguration, le 13 juin, du nouveau bâtiment de son siège social, l’entreprise familiale de composants électriques a annoncé la poursuite de ses investissements dans son fief de Benfeld, dans le Bas-Rhin. Socomec renforce sa recherche et développement et crée un centre de formation pour un montant cumulé de 14 millions d’€. L’orientation pour les années futures va vers le stockage de l’énergie, un sujet capital pour ses principaux clients que sont les data-centers, l'industrie et les hôpitaux.

Socomec déclare aimer Benfeld et le prouve par les actes. Un pôle innovation l’an prochain, puis un centre de formation et d’accueil des clients (learning center) en 2022 vont conforter cette commune bas-rhinoise, située aux portes du Ried, zone humide entre Sélestat et Strasbourg, comme place forte de l’entreprise familiale de composants électriques. Elle y est née en 1922 avant de commencer à s’étendre dans le monde pour devenir la conséquente ETI actuelle de 3.500 salariés et 537 millions d’€ de chiffre d’affaires (*).
Avec leur budget respectif de 6 et 8 millions d’€, les deux constructions poursuivront un mouvement d’investissements immobiliers qui a déjà bénéficié à Benfeld entre 2014 et 2018 pour un montant cumulé de près de 10 millions d’€, dont le nouveau bâtiment du siège social qui a été inauguré jeudi dernier, 13 juin. 

 

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À cet effort s’ajoute celui récurrent pour les trois sites de production sur place. Ils emploient un millier de salariés dans l’appareillage (interrupteurs, commutateurs, coffrets) et dans les onduleurs. « Les deux-tiers des productions alsaciennes concernent des produits dits de différenciation, c’est-à-dire très techniques requérant des équipes de développement et des compétences techniques pointues », décrit Michel Krumenacker, directeur général délégué.


Bâtiment dédié à la R & D et entité, au stockage de l’énergie

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Le futur bâtiment du pôle innovation de Socomec qui abritera en 2020 les 300 salariés de la R &D. © Socomec.

Facteur plus crucial encore, « l’essentiel de notre R&D se concentre ici au siège », ajoute Ivan Steyert, PDG représentant la quatrième génération. L’autre pôle est localisé en Italie dans la région de Venise. Les quelques 300 personnes de la recherche-développement à l’alsacienne se regrouperont dans le nouveau bâtiment innovation en 2020.
Socomec entend ainsi consolider sa stratégie de convergence de ses métiers pour proposer des solutions énergétiques globales à ses clients professionnels. « Notre taille ne nous permet pas de jouer les généralistes. Nous sommes positionnés sur trois niches : la coupure de l’arc électrique (interrupteurs, commutateurs…), la conversion de l’énergie qui s’incarne dans les onduleurs, et la mesure, analyse et supervision », expose Ivan Steyert. « Notre horizon désormais, c’est de les regrouper en réalisant des systèmes complets. »


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Le point d’intersection des métiers commence à se dessiner : il s’agit du stockage de l’énergie. Socomec est convaincu que l’avenir de son secteur passe par la maîtrise de cette compétence. Il l’a logée dans une entité dédiée qui a réalisé 8 millions d’€ de chiffre d’affaires l’an dernier. « À ce jour, ce marché reste clairement au stade de l’émergence, il est rempli d’incertitudes quant à la direction qu’il prendra. Cela justifie de lui dédier une organisation spécifique, plus flexible pour réagir à des mutations rapides », juge le directeur de l’unité stockage, Antoine Baveux.
L’intérêt du stockage, entre autres, réside dans le fait de pouvoir se prémunir au moins pour un temps contre une coupure généralisée. Les équipes de Socomec sont parvenues à un record mondial d’autonomie (ou « îlotage ») de 10 heures lors d’une expérimentation avec leurs partenaires du programme Nice Smart Valley dans l’agglomération azuréenne.
La sécurisation de l’alimentation, en outre, forme la préoccupation majeure des principaux clients de Socomec : les data-centers, premier débouché avec une part de près de 25%, l’industrie, les hôpitaux, les gestionnaires d'infrastructures (aéroports, autoroutes…) et de bâtiments, les centrales de production d’énergie.

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Fabrication d'onduleurs.© Socomec.
Un fonds pour soutenir les start’up sans les acheter

Le « modèle » Socomec présente quelques originalités qui inspirent au PDG Ivan Steyert la comparaison avec  « un porte-avions flanqué de frégates ». Socomec produit les séries et actionne la force de frappe d’un groupe de plus de 3.000 personnes. Mais conscient que la révolution numérique qui impacte ses domaines d’intervention implique de l’agilité, il a constitué depuis six ans un pôle de six PME de services, E’nergys. Celui-ci regroupe 280 salariés pour 45 millions d’€ de chiffre d’affaires annuel.
Le troisième échelon est formé d’une constellation de start’up en lien avec les métiers du groupe. Pour aller plus loin que les échanges techniques, la coopération va jusqu’à la prise de participation minoritaire, par la mobilisation d’un fonds d’investissement interne et dédié, nommé E’cap, et doté de 3 millions d’€.
Mais le rapprochement ne franchit pas le pas d’un rachat. Selon Socomec, « il est plus pertinent, pour nous et pour les jeunes sociétés, de laisser celles-ci se développer dans toute leur créativité plutôt que de les absorber. »

(*) Le chiffre d’affaires est réalisé en Europe (70 %), en Asie et en Amérique du Nord, au départ de 12 usines en Tunisie, Chine, Italie, Inde, aux États-Unis et en France sur quatre sites : deux à Benfeld, Uttenheim commune voisine, et Sauvigny-les-Bois dans la Nièvre suite au rachat de l’entreprise TCT (Tores Composants Technologies) de composants électromagnétiques.

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