PLASTURGIE/DIJON. Le numéro un français du PVC engage une stratégie de croissance externe vers l’Europe de l’Est et de diversification vers des composants biodégradables. L'acquisition du Polonais Alfa et de la start-up italienne Plantura doivent l’y aider.
Racheté le 1er janvier 2018 par Investindustrial, le plasturgiste dijonnais, leader français du PVC, engage la croissance externe qui avait motivé l’intérêt de la société d’investissement de l’Italien Andrea Bonomi, connu pour être notamment l'heureux propriétaire du constructeur automobile Aston Martin et le fonds qui avait naguère voulu s'offrir en vain le Club Méditerranée.
Benvic installé à Chevigny-Saint-Sauveur, dans l’agglomération de Dijon, qui possède aussi une usine de compound à Ferrara, en Italie, et une autre, au nord de Barcelone, en Espagne, annonce simultanément l’acquisition du Polonais Alfa et d’une start-up italienne dont le nom demeure pour l’instant confidentiel.
Alfa qui réalise un chiffre d’affaires de 10 millions d’€ est présentée comme une pépite « très à la pointe de son métier », dont l’acquéreur veut doubler l’activité dans les trois ans. « Nous n’étions pas du tout présent en Europe de l’Est et pour maintenir le cap, Benvic avait un besoin impérieux d’expansion géographique », explique Luc Mertens, le directeur général.

Quant à la prise de contrôle de la start-up italiennne Plantura, elle doit aider le fabricant de granulés et poudres à base de PVC, à se diversifier dans d’autres polymères. Ses clients qui sont principalement des fabricants de profilés pour fenêtres demandent des solutions thermoplastiques « plus vertes et notamment biodégradables. »
Une enveloppe d'investissement de 14 millions d'€
Cette jeune entreprise possèderait des brevets européens de tout premier plan. « Elle sera dotée dans les prochains mois d’un laboratoire de R&D ultra-performant qui sera rattaché à notre usine italienne de Ferrara », assure le dirigeant.
Benvic entend aussi avancer sur le recyclage des produits finis en PVC. Car ce matériau issu de la distillation de composés pétroliers, associé à du sel, se recycle à 100%. « Nous avons plusieurs pistes, s’associer à des recycleurs ou intégrer une entreprise spécialisée du secteur ; nous étudions d’ailleurs trois ou quatre propositions d’acquisition », indique Luc Mertens.
Cette stratégie s’accompagne d’une politique d’investissement dans l’outil industriel. En plus des investissements courants de l’ordre de 4 millions d’€ par an pour l'ensemble de ses sites, l’usine de de Ferara sera dotée d’une nouvelle ligne très polyvalente pour 4 millions d’€. L’industriel a aussi racheté pour 6 millions les murs de son unité espagnole afin d’en « pérenniser l’implantation ».

Benvic réalise aujourd'hui, avec 250 salariés, un chiffre d’affaires de 200 millions d’€, à 75% dans l’industrie du bâtiment ; le reste, dans le médical et l’automobile. L’entreprise est née, en 1963, dans le giron du chimiste belge Solvay, qui l’avait cédé en juin 2014 au fonds américain Opengate Capital. Ce dernier l'ayant restructuré comme une entreprise indépendante.
Qui est Luc Mertens ?

Ingénieur en chimie de l'Université de Louvain La Neuve (Belgique), ce ressortissant d’outre-Quiévrain a fait l’essentiel de sa carrière chez le chimiste international Solvay où en 2012, il prend les commandes de Benvic. Ingénieur chef de projet, responsable qualité, directeur de production, cet homme de 53 ans maîtrise la plupart des fonctions stratégiques d’une entreprise.
En 1994, il entre dans la plasturgie avec le PVC et n’en est pas sorti depuis avec Benvic, créé en 1963. L’écouter parler ne fait pas un seul instant penser à un homme du nord. Éloquent, avec un débit verbal important, il exprime une culture comme une éducation beaucoup plus méditerranéennes.
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