A six mois des élections régionales, le plan de relance du Conseil régional de Bourgogne-Franche, d’un montant de 435 millions d’€ a été perçu par l’opposition davantage comme un pré-programme électoral qu’un « plan d’accélération de l’investissement » comme l’a baptisé l’exécutif. Avec les 105 millions de fonds européens que gère la région, il atteint 540 millions d’€, l’équivalent d’une année d’investissement. Son adoption dégage de nouveaux moyens pour doper, directement ou indirectement, l’économie régionale. Davantage sur le moyen terme que dans l’immédiat.
Le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté dégrade ses ratios financiers pour mettre en oeuvre son « plan d’accélération des investissements » de 435 millions d’€ destiné à atténuer les conséquences économiques de la crise sanitaire. La capacité de désendettement de la Région passe de 3 ans à 9 ans. Mais la présidente Marie-Guite Dufay l’assume car, dit-elle, « notre gestion rigoureuse depuis le début du mandat permet de dégager de tels moyens et il faut alimenter la machine économique. »
Ce plan de 435 millions d'€ actif jusqu’à fin 2022 est complété par la mobilisation de fonds européens d’un montant de 105 millions. Il succède au plan d’urgence de 100 millions voté ce printemps qui visait à abonder la trésorerie des entreprises (report des échéances d’avances remboursables, prêt Rebond, garantie des prêts bancaires) en complément des mesures de l’Etat (Prêts Garantis par l’Etat et activité partielle). Quelques 70 millions ont été mandatés à ce jour, précise Michel Neugnot, vice-président aux finances.
A ses opposants qui ont voté contre ce plan de relance (*), vendredi 9 octobre en session plénière, – « il arrive trop tard et est trop décalé dans le temps » selon Les Républicains et « il n’est pas pas un accélérateur d’investissement et a en ligne de mire les élections régionales » selon le Rassemblement National –, la présidente avait expliqué que les aides apportées par la Région auront un effet levier d’ampleur : « dans l’industrie, quand la Région met 1 €, l’entreprise en investit 3 et lorsque la collectivité intervient en fonds propres, l’effet de levier est de 7 à 8. »
Quant à la durée du plan, jusqu'à fin 2024 pour le règlement de toutes les factures, l’exécutif le justifie par le temps nécessaire à la finalisation des projets, qu’ils soient publics ou privés, et leur instruction financière. D’ici la fin de l’année, la Région prévoit d’attribuer 25 millions d’€ à des projets « mûrs ».
Plus un soutien à la trésorerie, mais un coup de pouce à l’investissement

Sur l’enveloppe dédiée à l’emploi (113,45 millions d’€), les aides directes aux entreprises, d’un montant de 51,5 millions d’€, sont de deux sortes. Il ne s’agit plus d’un soutien à la trésorerie, mais d’un coup de pouce à l’investissement. D’une part, une intervention en fonds propres à travers les outils régionaux de capital risque qui existent déjà et les sociétés d’économie mixte qui construisent des bâtiments industriels (8 millions d’€).
D’autre part, une aide à l’investissement dans des domaines choisis : la décarbonisation des outils de production, leur modernisation, le développement de l’hydrogène, l’économie sociale et solidaire ainsi que l’hébergement touristique.
Pour accélérer l’instruction des dossiers, un guichet unique permettra de mieux cibler la réponse aux demandeurs, entre le plan France Relance de l’Etat, les fonds européens et le plan de relance régional, promet l'exécutif. Et pour éviter la chasse aux subventions, une charte de bonne conduite dit que toute entreprise recevant plus de 50.000 € d'aides publiques devra s'engager à maintenir les emplois.
Avec pour fil rouge, la transition écologique (237, 05 millions d’€), ce plan se présente particulièrement favorable aux entreprises du BTP. Une enveloppe supplémentaire de 50 millions d’€ accélère les travaux de rénovation des lycées qui bénéficient de 100 millions d’investissements par an. L’abondement des subventions aux communes et aux communautés de communes permet de soutenir de nouveaux projets d’aménagement (protection de la ressource en eau, énergies renouvelables ou restauration du patrimoine). Les particuliers sont également concernés avec la rénovation thermique des logements.
Ce plan de relance est aussi l’occasion de financer les trains hydrogène que la Région souhaite acquérir auprès d’Alstom, dans le cadre d’un groupement de commandes avec les régions Grand Est, Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie. Ils devraient circuler sur la ligne Auxerre-Migennes dans l’Yonne à l’horizon 2023. A quelques mois des élections régionales, leur inscription budgétaire se présente comme une pérennisation du projet quelque soit l’issue du scrutin de l'an prochain.
En Bourgogne-Franche-Comté, 8.400 emplois ont été supprimés au deuxième trimestre 2020 et l’industrie a perdu 2,1% de ses effectifs en un an : tandis que l’Insee publiait ce 9 octobre son bilan trimestriel, portant sur les mois qui ont suivi le déconfinement, la présidente du Conseil régional Marie-Guite Dufay a énuméré les principaux plans sociaux en cours.
SKF Aerospace projette de supprimer 123 postes sur 300 à Perrigny, près de Lons-le-Saunier (Jura) à cause d’une baisse des commandes des avionneurs de 28,5%. Le groupe américain Kohler veut se séparer de l’usine historique de la marque de sanitaires Jacob Delafon (Jura), où travaillent 151 personnes. En redressement judiciaire, l’entreprise d’électronique Eolane à Montceau (Saône-et-Loire) qui emploie 77 salariés sera fixée sur son sort le 19 novembre, poursuite de l’activité ou liquidation.
Des suppressions d’emplois pointent également dans l’industrie horlogère, grippée par un ralentissement des ventes au plan mondial. Et précise Marie-Guite Dufay, « il y aura encore de nouvelles réductions d’effectifs dans les jours à venir chez General Electric à Belfort. »
La présidente a quand même délivré de bonnes nouvelles pour l’économie régionale. Un « investisseur étranger prêt à créer 200 emplois à Chalon-sur-Saône. » Elle a également rendu public le projet de l’équipementier automobile espagnol Grupo Antolin de construire une nouvelle usine à Besançon où il emploie 390 salariés, « alors qu'il avait l'intention de partir en Allemagne ». Ce projet sur lequel le fabricant de systèmes d’éclairage pour l’automobile demeurait plus que discret, regrouperait ses différents sites de l’agglomération bisontine.

(*) Le plan de relance a été adopté par 51 voix contre 49, les conseillers régionaux du Parti Républicain (LR) et du Rassemblement National.
Le plan en détail sur le site du Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté.