VIN/CÔTE-D'OR. Nouvelle transaction, alors que les vendanges battent leur plein presque partout en Bourgogne. La prestigieuse maison de vins beaunoise s’est offert cet été le domaine Prieur-Brunet de Santenay et ses 18 hectares de vignes en Côte-d’Or.
Louis Jadot étend par ailleurs sa surface viticole en Oregon (Etats-Unis) et y fait bâtir une cuverie intégrée.
Propriété depuis 1985 de la famille américaine Kopf, la société est dirigée par la famille Gagey qui perpétue son succès.

Le propriétaire et négociant éleveur beaunois Louis Jadot indique dans un communiqué laconique l’achat du très ancien domaine Prieur-Brunet de Santenay (Côte-d’Or), sans succession, et ses 18 hectares de vignes principalement plantés en premiers crus dans des appellations aux noms mondialement connus : Chassagne-Montrachet, Meursault et Pommard.
« N’oublions pas que le domaine intègre aussi quatre parcelles en AOC Santenay 1er cru qui donnent de très bons vins et à des tarifs beaucoup plus attractifs, le bourgogne étant devenu dans le haut de gamme un produit très cher », précise Thibault Gagey, le directeur général adjoint et fils de Pierre-Henry Gagey, président de l’entreprise depuis 1992.
Le montant de cette transaction, sans nul doute de plusieurs millions d’€, en raison d’un foncier viticole de plus en plus inflationniste en Bourgogne, restera confidentiel. Avec plus de 93,6 millions d'€ de fonds propres (*), la confiance des banques et des taux de crédit encore très attractifs, l'entreprise peut se le permettre sans aucun danger et dit même vouloir saisir d'autres opportunités à venir.
« Nous ne savons pas encore si nous intégrerons à notre stratégie ces vins à la marque Jadot ou si nous leur laisserons leur identité actuelle », argumente le jeune dirigeant. Le propriétaire et négociant éleveur, qui contrôle dorénavant près de 250 hectares de vignes, pratique depuis toujours la carte de l’étiquette unique.

A l’exception du Château des Jacques et ses 80 hectares en Beaujolais, ainsi que du Domaine Ferret, 18 hectares dans le Mâconnais (Saône-et-Loire), qui ont été acquis respectivement en 1996 et 2008. « Mais toutes les contre-étiquettes précisent bien que ces vins ont été vinifiés par Louis Jadot. »
Pas de commercialisation en grande distribution française
Aux États-Unis, le négociant est aussi propriétaire depuis 2013 du domaine Résonance Vineyard, (7 hectares) en Oregon, un état américain du nord-ouest et berceau du cépage pinot noir, la référence des rouges bourguignons.
Il y étoffe son vignoble. Après avoir acheté un terrain limitrophe d’une centaine d’hectares, l’exploitant étend progressivement sa surface viticole de plusieurs dizaines d’hectares et lance la construction de sa propre cuverie.
L’investissement qualifié de « significatif », demeure également confidentiel. Car chez les Gagey, père et fils, la discrétion financière fait office de seconde nature. Il faut dire à leur décharge que la maison Louis Jadot, fondée en 1859, ne leur appartient pas, même s’ils en sont l’âme, le bras armé et la réussite.
Naguère en 1985, le propriétaire et négociant éleveur est entré dans le giron de la famille américaine Kopf qui distribuait ses vins outre-Atlantique, via sa société Kobrand Corporation, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. C’est dire s'il est fort présent sur ce vaste marché nord-américain où il réalise 35% de son activité.

Viennent ensuite prendre place sur le podium le Royaume-Uni et la France, où l'opérateur viticole n’accepte toujours pas de vendre dans les enseignes de la grande distribution pour privilégier sa clientèle ancestrale des restaurants et des boutiques spécialisées (cavistes).
Louis Jadot, société très intégrée, avec trois vastes sites de vinification en Bourgogne, possède même des parts majoritaires dans la tonnellerie Cadus à Ladoix-Serrigny (Côte-d'Or) qui lui fournit tous ses foudres, cuves et fûts de 228 litres. Son chiffre d’affaires frise les 67,5 millions d’€.

La société emploie 80 personnes et réalise l’une des meilleures rentabilités de sa région viticole : 3,7 millions d'€ de résultat net et un résultat d'exploitation de 8,24 millions.
Une véritable performance qu'apprécient les trois soeurs héritières Kopf qui ne prendraient, de source sûre, « jamais aucun dividende ».
(*) Toutes les données financières sont tirées de l'exercice 2015, dont également l'excédent brut d'exploitation (EBE), arrêté à 9,14 millions d'€.
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