INNOVATION/MOSELLE. Ancy Groupe a créé pour Mercedes-Benz France une caisse surbaissée adaptée à la distribution urbaine. Le carrossier industriel va également commercialiser en Europe sa marque Ecorad, un mini-ensemble tracteur/semi-remorque.
L'entrepreneur mosellan compte aussi sur son déménagement cet été à Ennery, au carrefour des autoroutes A4 et A31, pour booster son chiffre d’affaires. Un investissement de 3,7 millions d'€.

Dans la tournée d’un chauffeur, 27 centimètres en moins à gravir par livraison, ça compte. Fabriquée par le mosellan Ancy Groupe, la caisse extra-basse Ecobox élargit la palette des aménagements possibles en France sur les châssis d’utilitaires Mercedes-Benz.
« La seule indication transmise par le constructeur allemand était d’abaisser au maximum le seuil de chargement. De notre côté, nous avons dessiné, travaillé les aspects techniques et établi les plans de la caisse en interne », insiste Jean-Marie Rouch, le gérant d’Ancy Groupe, un des huit carrossiers français agréés par le constructeur.
L’utilisation de palpanches en aluminium a permis de gagner les précieux centimètres et de lancer Ecobox début 2016.
Le dynamisme et la capacité d’innovation de cette PME de 30 personnes installée à Ancy-sur-Moselle apporte un vent d’air frais. D’autant plus qu’en Lorraine, le secteur a été marqué par les difficultés du constructeur de semi-remorques Kaiser et la liquidation du fabriquant Trailor en 2013.

Créée en 1982, Ancy Poids-lourds – rebaptisé l’an dernier Ancy Groupe – a évolué au fil des décennies de son métier initial de carrossier-réparateur vers celui d’aménageur d’utilitaires, puis de carrossier industriel et enfin de constructeur.
« Un carrossier industriel c’est un équipementier : nous personnalisons les porteurs qui sortent des chaînes de production des grands constructeurs poids-lourds pour une clientèle dans les travaux-publics, le frigo, la messagerie, etc. », résume le dirigeant.
Cette diversification réussie va être couronnée cet été par l’installation dans 3.500 m² d’ateliers flambants neufs sur la zone industrielle d’Ennery (Moselle). Un investissement de 3,7 millions d’€ soutenu à hauteur de 250.000 € par la Région Lorraine et le Fonds européen Feder.
Ce nouveau départ suscite beaucoup d’espoir chez l’entrepreneur. Il compte notamment sur cette installation au carrefour des autoroutes A4 et A31 pour faire décoller de 20% son chiffre d’affaires, de 3,5 millions d’€ en 2015. L’investissement dans des outils modernes de gestion de production devrait également lui permettre d’optimiser l'activité de ses salariés.
Une mini semi-remorque par un utilitaire

L’évolution vers le métier de fabricant a quasiment été une question de survie pour le carrossier industriel. « J’ai créé ma première marque Ecorad en 2008 pour apporter du travail à l’entreprise dans un contexte de crise économique. Cette diversification nous a en effet permis d’élargir notre activité à toute la France. Et nous avons ainsi pu conserver une dizaine d’emplois », détaille l’entrepreneur.
L’innovation en question ? Une mini semi-remorque qui peut être tractée par un utilitaire Iveco, Renault, Mercedes ou Nissan transformé en mini-tracteur par les soins du carrossier industriel [avec l'ajout d’une sellette, Ndlr.]. Une centaine d’ensemble « Ecorad » ont été commercialisés en cinq ans : véhicules événementiels pour le Tour de France, porte-engin pour Bayer chimie, transport d’abris de piscines pour Abrisud, etc.
L’objectif est désormais de promouvoir les trois gammes (2,6 tonnes, 5 tonnes et 7 tonnes de charge utile) en Europe.
« Ce produit est prisé en Suisse, en Allemagne, aux Pays-Bas, mais aussi dans de petits pays qui ont de petites infrastructures. Ecorad peut être conduit avec le permis B+E ou le nouveau permis européen C1E. C’est un simple utilitaire qui résout les problèmes de dépassement de charge utile sur tous les petits véhicules », conclut le dirigeant bien décidé à mettre le turbo.

Qui est Jean-Marie Rouch ?
Le gérant d’Ancy Groupe a démarré sa carrière à 14 ans, un CAP de mécanicien en poche. Dix ans plus tard, en 1982, Jean-Marie Rouch s’est lancé comme artisan « avec [sa] caisse à outil et [sa] prime de licenciement ».
A l’aube de la soixantaine, ses yeux brillent encore lorsqu’il parle de mécanique poids-lourd. Epaulé par son épouse, expert-comptable au sein de l’entreprise, le dirigeant est parvenu à faire évoluer son métier tous les cinq ans « en créant des produits nouveaux, des prestations nouvelles. Une diversification nécessaire pour tenir », résume-t-il.