Depuis son rachat par le groupe ASP (Affûtage Service Performance), qui se déploie de Langres à Mulhouse, le site industriel de Sefoc à Saint-Vit, près de Besançon, reprend des couleurs. Après la rénovation des locaux, le fabricant de forets et fraises positionné sur un marché de niche : le brasage à plaquette carbone, s’offre un outil industriel ultra-performant.
Dans l’atelier de Saint-Vit (Doubs), depuis la reprise de Sefoc, en 2012, les choses ont bien évolué, et les onze salariés ne peuvent que s’en réjouir. Créée en 1969 pour concevoir et fabriquer des outils coupants, la petite entreprise avait peu à peu intégré des activités de traitement de surface et de décolletage, – qui furent stoppées dans les années 2000 – et a compté jusqu’à 49 salariés.
Rachetée par Pascal Guichard en 2012, après de nombreuses années sans réel investissement, la Sefoc (pour Société d’étude et fabrique d’outils carbure de précision) intégrait alors un petit groupe composé de trois entités : ASP, ASP 25 et Alsameca. Un petit groupe dont le siège est en Haute-Marne, qui compte une cinquantaine de salariés au total et est en croissance annuelle de 9%. Avec 1,1 million d’€ de chiffre d’affaires en 2017, la filiale Sefoc se veut une bonne élève puisqu’elle affiche, elle, une progression de plus de 10%.
« L’entreprise va bien, le personnel est très qualifié. Mais la reprise n’a pas été facile, le savoir-faire partait », explique le patron du groupe qui a confié la direction du site à Gilles Morlet, un fidèle coéquipier et transfuge d’ASP, la première entreprise. « Il nous a fallu créer un environnement sain pour retenir les compétences. Nous avons entamé la rénovation des locaux, dont les travaux ont été terminés en 2017, et nous avons amélioré la politique sociale avec des augmentations, des primes, l’aménagement des horaires, et nous avons aussi simplifié les choses. Je dialogue beaucoup », ajoute-t-il.
Un investissement de 1 million d’€

Les locaux rénovés et les salariés remotivés, des investissements productifs et numériques s’imposaient pour continuer à concevoir et fabriquer les forets, fraises et broches destinés à des clients nationaux de l’aéronautique, du médical, de l’horlogerie et de l’automobile. Des clients nationaux qui s’expliquent par le positionnement de Sefoc sur un marché de niche : le brasage à plaquette carbone.
Un investissement « productif et numérique » d’un million d’€ a ainsi été lancé, dont 215.000 € ont été pris en charge par des fonds européens au titre du Feder. Un coup de pouce apprécié par le dirigeant. « Cette aide de l’Europe, ça nous permet d’avancer plus vite et de concurrencer tout ce qui part à l’étranger. L’objectif est de renforcer la performance des moyens de production, de pérenniser l’activité du site, d’optimiser les coûts de fabrication et diminuer l’impact sur l’environnement avec la récupération de chaleur », précise encore Pascal Guichard.
L’investissement concerne deux machines à commandes numériques, dont la première a déjà été livrée, une fraiseuse, un banc de mesure et de contrôle livré également, et une centrale de filtration installée ce mois-ci. Le projet s’accompagne de l’embauche d’un ouvrier et de l’accueil d’un nouvel apprenti. Dans l’atelier, qui se robotise peu à peu, les opérateurs apprécient l’évolution technologique et vont pouvoir continuer à concevoir des outils coupants de plus en plus techniques et précis.

Il a un côté un peu bourru au premier abord mais l’effet se dissipe vite. L’homme aime parler du joli petit groupe qu’il a constitué au fil des ans, et qui aujourd’hui fait vivre 45 salariés et forme 8 apprentis. Son côté terrien peut-être ? Titulaire d’un BEP agricole, Pascal Guichard a toujours une exploitation agricole, « avec des bovins », dit-il ; une vie de paysan qu’il a toujours menée parallèlement à sa carrière industrielle. Son épouse l’épaule dans cette double-activité peu banale et doublement chronophage.
Dans les années 1990, il travaillait comme agent de maîtrise chez le sous-traitant automobile Freudenberg, à Langres (Haute-Marne), lorsqu’il a compris que l’industrie aurait de plus en plus recours à des affûteurs externalisés. Entrepreneur dans l’âme, et après avoir hésité avec le métier de maréchal-ferrant, Pascal Guichard a lancé son atelier d’affûtage dans son garage, à Hortes (Haute-Marne), baptisé ASP, en 1994. « Je n’y connaissais rien, mais je savais qu’il y avait un besoin de compétences sur ce métier. »
Pascal Guichard s’est pris au jeu, ASP à Haute-Amance (*), près de Langres (Haute-Marne) a grandi doucement mais sûrement et s’est développé au fil des investissements et des rachats : les premières machines à commandes numériques en 1999 ; la reprise de Beuchet Affûtage, à Besançon, en 2008, qui travaillait pour Streit Industrie et employait deux affûteurs ; la reprise d’Alsameca, à Lutterbach, près de Mulhouse (Haut-Rhin), la même année, qui détenait la licence Kennametal et offrit une belle croissance à l’entreprise ; la reprise de Sefoc, à Saint-Vit (Doubs), en 2012 ; puis celle de Pagnon Outillage, à Neufchâteau (Vosges), en 2016. Un petit groupe éclaté sur quatre départements et que son dirigeant pilote depuis Haute-Amance. Mais il vient passer une journée dans l’entreprise de Saint-Vit chaque jeudi et, si le temps est beau, il fait le voyage en moto.
(*) Hortes a fusionné avec les villages de Montlandon, Troischamps et Rosoy-sur-Amance pour devenir Haute-Amance.