L’interruption des chantiers de travaux publics au premier jour du confinement qui, en Bourgogne-Franche-Comté, ont tous repris progressivement du 20 avril au 11 mai, a simplement mis entre parenthèses la politique d’embauche des entreprises. Chez Roger Martin, le plus gros groupe de BTP indépendant de la région, les besoins d’embauches se chiffrent à une centaine par an depuis deux ans. L’avenir dira si la relance des appels d’offres qui étaient au programme cette année, maintient cette dynamique.


Sur le site Internet du groupe de bâtiment et de travaux publics (BTP) Roger Martin dont le siège est à Dijon, la rubrique « recrutement » fait défiler une centaine d’offres. Les profils sont divers : d’un côté, des hommes de terrain – régleur de finisseur enrobé, maçon finisseur, chauffeur de cylindre etc… –, et leurs encadrants – chefs de chantier, responsable d'exploitation terrassement etc –; de l’autre, la matière grise, technicien de bureau d’études, ingénieur généraliste. Certains postes sont spécifiquement ouverts aux débutants, bienvenus en alternance.
Et quasiment chaque annonce se termine par « Poste à pourvoir dès que possible ». Le site Internet est le premier mode de recrutement qui génère des candidatures spontanées, note Catherine Mignard, DRH. « Nous en recevons 600 par mois, de tous niveaux de qualification. »
Depuis deux ans, Roger Martin recrute entre 80 et 100 personnes par an. Les recrutements sont destinés à renouveler l’effectif de 1.600 personnes, au gré des départs volontaires ou à la retraite, ou encore des alternants en fin d’étude, mais aussi compléter les compétences suite à une forte politique de croissance externe. (Lire l’encadré en fin d’article). En cinq ans, le chiffre d’affaires a doublé à 300 millions d’€ et les effectifs, depuis 2014, sont passés d’un millier à 1.600 aujourd'hui.

 

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De longue date dans l’entreprise, Catherine Mignard, DRH, déploie une panoplie d’outils de recrutement, assistée d’une responsable de la formation. Elle y associe les directeurs d’agence qui sont sur le terrain et mettent parfaitement en adéquation leurs besoins et les compétences du candidat. « Ils sont de meilleurs analystes des besoins car la culture d’une agence rurale comme à Vesoul, par exemple, ou d’une agence urbaine, comme Lyon, n’attire pas les mêmes profils pour un poste identique. »
La feuille de route de la directrice des ressources humaines comprend deux voies : les profils qualifiés et les profils « qualifiables » c’est-à-dire devant être formés. La proposition que vient de faire le Conseil départemental de la Côte-d’Or à la filière des travaux publics en particulier, d’autoriser temporairement (jusqu’au 31 décembre 2020) à cause de la crise du Covid-19, le cumul du RSA avec un emploi salarié, sans diminution des aides, concerne un vivier de main d’oeuvre qu’explore déjà Roger Martin : des personnes non qualifiées qui pourraient apprendre un métier du BTP.
Le groupe fait partie des entreprises qui ont participé il y a un an, à un job dating qui a débouché sur la sélection d’une vingtaine de personnes, en cours de formation ou formées depuis (pendant 150 heures à 450 heures environ) aux métiers de canalisateur, maçon, voierie réseaux divers et conducteur d’engins.
« Pour ce public de jeunes ou d’adultes, il s’agit de leur donner un premier niveau d’autonomie et de détecter le degré d’envie, car les travaux publics ne sont pas si techniques, c’est beaucoup de bon sens  », précise Vincent Martin, le PDG de l’entreprise familiale..


L’alternance, voie royale du CAP au diplôme d’ingénieur

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Vincent Martin, PDG du groupe Roger Martin et Catherine Mignard, DRH. © Traces Ecrites

La moitié des recrutements est généralement issue d’une formation au sein de l’entreprise, en alternance. Il s’agit principalement d’apprentis, du CAP jusqu'au niveau ingénieurs. Au nombre de 90 actuellement, les alternants sont accompagnés par autant de tuteurs qui les forment sur le terrain. La majorité sont issus du CFA régional de la profession qui délivre des diplômes du CAP à la licence pro et de l’École d'Application aux métiers des Travaux Publics d’Egletons dont Roger Martin parraine une promotion par an.
Au niveau ingénieur, l’entreprise accueille des étudiants de l’École Supérieure d’Ingénieurs des Travaux de la Construction de Metz et de l’École Spéciale des travaux Publics (ESTP) de Paris qui vient d’ouvrir un campus à Dijon. « Aujourd’hui 60% des alternants sont embauchés en CDI, c’est une excellente voie car les apprenants ont le temps d’intégrer la culture de l’entreprise et ils restent fidèles pendant de nombreuses années », note Roger Martin.

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Concernant les recrutements qualifiés – des personnes diplômées ou expérimentées –, l’intérim est une voie efficace. La DRH travaille aussi avec une demi-douzaine de cabinets de recrutement, principalement pour les encadrants. Et depuis trois ans, l’entreprise a mis en place un sytème de cooptation. Une vingtaine de personnes ont ainsi été recrutées l’an dernier. Un salarié de l’entreprise qui présente un ouvrier qualifié reçoit une prime de 750 €, à la fin de la période d’essai de ce dernier si elle débouche sur un CDI.  Vincent Martin se dit très satisfait de ce mode de recrutement. « La cooptation débouche sur des embauches sérieuses car le collaborateur qui présente un candidat se mouille. »
Les travaux publics souffrant souvent d’une image négative et d’une forte concurrence entre entreprises qui se siphonent les meilleurs éléments en surenchérissant sur les salaires, Roger Martin réfléchit à mettre en place un « pack d’avantages inventif » pour donner envie d’intégrer l'entreprise et d'y rester durablement. « Nous n’avons pas les moyens des grands groupes, mais une méthode de travail et une possibilité d’évolution de carrière qui peut séduire. »

Le groupe Roger Martin en chiffres

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Terrassements en cours sur la déviation de la RN57 entre Vellefaux et Authoison (Haute-Saône) en groupement avec Colas et Bonnefoy. © Roger Martin
Une stratégie dynamique de croissance externe depuis 2015 a hissé le groupe familial présidé par Vincent Martin en tête des entreprises familiales de BTP de Bourgogne-Franche-Comté. En 2019, il a réalisé un chiffre d’affaires de 300 millions d’€ avec un effectif de 1.600 personnes.
Initialement terrassier, Roger Martin est aujourd’hui dans le bâtiment avec SNCTP, racheté en 2014, Bugnon Construction en 2016 est SMB dans la région parisienne en 2017.
Ces cinq dernières années, le groupe a fait l’acquisition des sociétés Merlot TP dans la Nièvre (terrassement) et Axiroute dans le Cher (voirie). Avec ses différentes filiales dans le Centre de la France, en région Rhône-Alpes et en Ile de France, le groupe exerce quasiment tous les métiers des travaux publics : terrassements, constructeur de routes, d’ouvrages d’art, installation de canalisations, de réseaux électriques, entretien des voies ferrées.

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