EMBALLAGE/AUBE. Installée à La Chapelle-Saint-Luc, dans l’agglomération de Troyes, cette sacherie est spécialisée dans la fabrication des sacs en papier qui servent à emballer le pain en boulangerie.
Depuis sa reprise en 2011, la PME n’a cessé d’étoffer son parc de machines et d’embaucher. Pour trouver les profils rares d'imprimeurs et mécaniciens, elle a monté un cursus adapté à ses besoins et à ceux de ses confrères avec un organisme de formation.
L’année en cours confirme son ascension.

Dans la salle de réunion de l’entreprise, on a placardé une reproduction grand format d’une illustration restée célèbre : celle du premier vol effectué par des hommes en montgolfière, le 19 octobre 1783 à Paris.
Le fabricant d’emballages basé à La Chapelle-Saint-Luc, dans l’agglomération de Troyes (Aube) revendique clairement sa filiation avec les frères Montgolfier, inventeurs du ballon à air chaud. C’est en effet un de leurs parents qui, beaucoup plus tard, en 1860, a fondé la société Montgolfier Fils & Cie.
D’abord imprimerie de labeur (rappelons que les Montgolfier étaient papetiers), la petite société a glissé vers le négoce d’emballages, avant de se lancer, il y a une vingtaine d’années seulement, dans la fabrication d’emballages alimentaires. Et plus précisément dans celle de sacs destinés à envelopper les baguettes de pain.
Un savoir-faire pointu qui a amené le leader français du marché, l’entreprise Gault et Frémont à Tours, à racheter Montgolfier en 2011 après le départ à la retraite de son dirigeant.
Ce préambule historique était nécessaire, car il y a un avant et un après-2011. « On est passé de gros artisan à industriel de taille moyenne », souligne le directeur commercial, Benjamin Jacquet, qui, avec le directeur d’atelier, Jean-Luc Strésy, forme la direction bicéphale de l’usine.
De 2 machines et 16 salariés au moment du rachat, Montgolfier passera à 8 machines et 32/35 salariés d’ici à la fin de l’année. « Nous avons fabriqué 550 millions de sacs en 2016, soit environ 1,7 million par jour », précise Benjamin Jacquet.
Il s’agit de sacs utilisés pour emballer les baguettes de pain, mais aussi les croissants et les boules de pain ; de sacs de regroupement (pour transporter 20 ou 30 baguettes) et de mousselines (de fines feuilles de papier d’emballage).
Le papier arrive en bobines de différents pays européens (Suède, Pologne, Espagne), à raison de plus de 2.000 tonnes par an. Son grammage oscille entre 30 et 38 g/m2. Les machines se chargent d’imprimer, de couper, de coller et de façonner les futurs emballages. Les ateliers tournent en 3x8.
Montgolfier joue de plus en plus sur la personnalisation des sacs, et travaille pour cela avec plusieurs agences de communication, qui pour des messages publicitaires, qui pour des annonces événementielles.
Mais le gros de la clientèle reste constituée de meuniers, qui offrent à leurs clients boulangers un nombre de sacs correspondant au volume de farine commandé.

Tous les sacs fabriqués par l’entreprise sont désormais non seulement biodégradables, ce qu’ils étaient auparavant, mais aussi compostables au jardin. Déjà certifié Imprim’Vert, Montgolfier vient de se voir décerner le label OK compost HOME, qui récompense le travail de R&D mené Gault & Frémont pour modifier la composition du papier, de l’encre et de la colle.
Le surcoût est de l’ordre de 5 à 10 %. Relativement peu, par rapport au coût d’un sac : environ 2 centimes. L’entreprise se prépare maintenant à la certification BRC, qui est paraît-il le summum en matière de sécurité alimentaire.
La maison mère a la fibre écolo, au point d’avoir doté le site troyen de sa propre station d’épuration. Ici, par exemple, tout est recyclé. C’est ce que l’on appelle avoir une conscience environnementale ou, s’agissant d’une entreprise, assumer sa responsabilité sociétale.
Un parti-pris environnemental

Le "verdissement de la production" est un avantage concurrentiel par rapport à d’autres pays - l’Europe de l’Est en particulier - qui ne s’imposent pas forcément les mêmes règles. Montgolfier dit d’ailleurs avoir vu revenir des clients, un retour favorisé par une meilleure maîtrise des coûts en interne.
« Nous avons baissé nos prix de vente de 30 % », souligne le directeur commercial. Standardisation, réorganisation des flux et augmentation des volumes ont permis cette économie.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’interdiction des sacs plastiques n’est pour rien dans cette croissance, puisque les boulangers utilisaient déjà des sacs en papier.
La loi de transition énergétique a même eu des incidences négatives sur l’activité de Montgolfier, en augmentant le prix du papier (de 10 à 15 %) et les délais de livraison. Les papetiers préfèrent donner la priorité à la fabrication, plus rentable pour eux, de papiers d’un grammage supérieur destinés aux cabas à provisions.
Cette contrainte nouvelle n’a visiblement pas freiné l’élan de Montgolfier, dont le souci premier reste le recrutement. Si la PME est en train d’embaucher ses intérimaires en CDI, elle consacre aussi tout un volet de sa politique de ressources humaines à la formation.
Comme elle ne trouve pas dans les CFA d’opérateurs polyvalents, capables d’être à la fois imprimeurs et mécaniciens, elle a monté un cursus adapté à ses besoins et à ceux de ses confrères avec un organisme de formation. Et l’affaire est dans le sac !