Ne pouvant résister aux prix de revient des fabricants des pays à bas coût, l’industrie textile fait toutefois front dans l’Est, l’un de ses berceaux hexagonaux historiques, en innovant tous azimut. La démonstration par l’exemple de deux jeunes entreprises, Alsatex et Mim&Tech, rencontrées sur le stand collectif du Pôle Textile Alsace, en décembre dernier au salon BE 4.0.


• Alsatex transforme des rebuts de polyester retransformés


Les déchets de l’industrie textile ont motivé la création d’Alsatex en août 2020 à Mulhouse, dans une démarche d’économie circulaire. L’initiative revient à Ulrich Jahn, ancien DG de Freudenberg à Colmar (Haut-Rhin). Pauline Carion, ancienne chargée de mission du Pôle Textile Alsace en est devenue la présidente et développeuse de deux filières de recyclage, parallèlement à une fonction de conseil aux entreprises textiles dans la réduction de leur impact environnemental.
L’une est directement issue des rebuts de polyester de Freudenberg qui, fondus par la technologie d’extrusion, redeviennent des granulés de plastique. Les 1.500 tonnes potentiellement mobilisables dans les industries textiles d’Alsace et des Vosges, devraient déboucher sur le projet d’une unité d’extrusion courant 2022 ou début 2023.
L’autre voie ouverte par Alsatex s’appuie sur la technique de défibrage des polymères pour en faire un matériau de rembourrage. Encore en phase de développement avec le laboratoire de physique et mécanique textile de l’Université de Haute-Alsace, cette technologie se présentait sous une forme concrète, au salon BE 4.0, celle d’un coussin. Un premier essai concluant, estime Pauline Carion.

 bpalcnovembre



• Mim&Tech cherche à reproduire le phénomène de mimétisme


mimtech

 

Mim&Tech s’est positionné sur les tissus de camouflage. Julien Saccone, son fondateur a lancé il y a quelques semaines la production d’un tissu réversible pour les armées qui permet aux soldats sur le terrain d’adapter leur tenue de camouflage à leur environnement. D’un côté, sa dominante est verte, de l’autre couleur terre.
« Nous n’avons rien inventé, les Allemands pendant la seconde guère mondiale utilisaient déjà cette technique ; en revanche, nous sommes en train de créer une filière française dans un esprit de démarche collaborative », expose cet ancien militaire pendant 22 ans. Il travaille en partenariat avec l’entreprise Ennoblissement Textile de Cernay (ETC) dans les Vosges et d’autres fournisseurs en Rhône-Alpes. La jeune entreprise basée à Burnhaupt (Haut-Rhin) se positionne sur un marché de niche (les forces spéciales des armées dans le monde entier) et des marchés civils comme la chasse.
Cette première étape montre le chemin, encore long à parcourir, vers un tissu plus sophistiqué capable de changer d’apparence en fonction de l’environnement naturel. Mim&Tech veut parvenir à reproduire le phénomène de mimétisme existant dans le milieu naturel. La clé, raconte t-il,  pourrait être des capteurs, mais un travail de recherche reste à faire, avec des équipes universitaires, et des sources de financement à trouver.

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