BÂTIMENT/DIJON. Après Le Mipim (Marché international des professionnels de l’immobilier) en mars dernier à Cannes, c’est au 8ème Forum International Bois Construction, cette semaine à Dijon (*) que Thierry Coursin, le PDG de la Société Est Métropoles (SEM) présentera ses toutes jeunes compétences dans la construction en bois.
Le promoteur démarre fort avec un immeuble de 9.500 m2 qui abritera le siège de la Caisse d’Epargne Bourgogne-Franche-Comté et un parking silo attenant de 563 places.


Au 8ème Forum International Bois Construction, jeudi 12 avril à Dijon, manifestation professionnelle itinérante qui réunit des spécialistes du bois du monde entier, la Société Est Métropoles (SEM) à Dijon présentera ses deux projets d’envergure sur le parc d’activités Valmy : le siège de la Caisse d’Epargne Bourgogne-Franche-Comté – un immeuble de 9.500 m2 et de six étages –, et le parking silo attenant de 563 places. Les deux constructions utilisent principalement le bois, avec la technique du poteaux-poutres sur une dalle et des planchers en béton.
Au total, les deux chantiers vont consommer 15.500 m3 de bois. « Avec 9.000 m3, le parking est le plus gros chantier bois de France », s’enthousiasme Thierry Coursin. Et sans doute le seul démontable : « 83% de la matière brute pourront être réutilisée ailleurs. »
C'est une première à Dijon où le bois est peu utilisé en dehors des revêtements de façades, pour l’esthétique ou l’isolation thermique. Cette rareté, la Société Est Métropoles a choisi d’en faire sa spécificité à sa création en 2016 des cendres de la Semaad, l’ancienne société d’économie mixte d’aménagement de l’agglomération dijonnaise dont elle a repris les actifs.
Sur le marché concurrentiel de la promotion immobilière, pour ne pas se retrouver face aux majors et autres acteurs du béton prédominants à Dijon, « le choix du bois s’est révélé naturel, explique Thierry Coursin, mais tout était à faire ; la rencontre avec Mathias Romvos de l’agence Graam Architecture qui avait déjà construit des bâtiments en bois de 4-5 niveaux a été fondatrice. »
Quitte à bousculer les codes. « Le livre qui a fait le plus de mal à ce mode constructif qui pourtant était banal au Moyen-Age et que les centres-villes historiques, et notamment celui de Dijon, mettent en valeur pour les touristes, c’est Les trois petits cochons ! », dit avec sérieux affirmé Thierry Coursin.
Forestarius, assemblier tous corps d’état

Quelques années plus tard, la stratégie prend forme. Des appels à projets nationaux aide le promoteur à formaliser des projets, notamment celui d’ADIVbois (Association pour le Développement des Immeubles à Vivre en bois) qui se traduira par Ecopolis, un immeuble de bureaux de six étages et 2.247 m2 dans le quartier Heudelet 26, derrière le siège de Dijon Métropole. Le permis de construire est attendu fin mai.
Plusieurs acteurs locaux accompagnent la SEM. Le cabinet d’architecture Graam, le groupe Roger Martin de travaux publics et de gros oeuvre (béton) rejoignent en 2017 le principal actionnaire de la SEM, LCDP, dans une société baptisée Forestarius qui jouera le rôle d’assemblier tous corps d’état.
La SEM se rapproche aussi d’un gros acteur national présent dans la région, le groupe Monet-Sève à Sougy, dans la Nièvre. La capacité de production de l’industriel, 60.000 m3 par an, rendent le projet de la Caisse d’Épargne réalisable.
Restait à lever des freins réglementaires. Ne voulant pas s’engager dans une procédure longue et coûteuse d’ATEX (ATmospheres EXplosibles), le promoteur se fait conseiller par le laboratoire de sécurité incendie Efectis et fait valider le projet par le SDIS (pompiers) de Côte-d’Or.
Thierry Coursin n’a pas fini de prendre son bâton de pèlerin pour faire avancer la construction bois à Dijon. « Les pouvoirs publics doivent s’en emparer, pour ses avantages thermiques et énergétiques bien connus, mais aussi parce qu’il s’agit d’une filière courte dans une région qui se situe sur une diagonale à forte implantation forestière », argumente t-il. Il a été entendu.
Le Conseil régional de Bourgogne-Franche-Comté vient de lui a confier la définition d’un Institut technique du bois, un cluster associant des maîtres d’oeuvre, des organismes de formation – l’école d’ingénieurs Arts et Métiers ParisTech Cluny en Saône-et-Loire développe une spécialité bois –, des industriels, des négociants, pour développer une offre compétitive et à grande échelle. A suivre.

(*) Forum International Bois Construction du 11 au 13 avril 2018 au palais des congrès de Dijon. Intervention de Thierry Coursin et Mathias Ramvos, architecte le 12 au matin. Parmi les intervenants du congrès aussi, les experts d’ADIVBois sur les immeubles de grande hauteur le 11 après-midi et exemples d’économie circulaire en Bourgogne, le vendredi 13 matin.
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