La filiale du groupe familial vosgien Exacompta-Clairefontaine clôt un investissement pour augmenter sa capacité de production, réorientée vers les papiers techniques et spéciaux pour l’emballage.


Du papier, il s’en fabrique depuis 1883 à Mandeure (Doubs). Evidemment pas aujourd’hui dans les conditions d’hier. Mais les caractéristiques historiques demeurent : « Mandeure, c’est depuis toujours la culture du papier épais, rigide, et un grand savoir-faire dans la couleur », énonce Patrick Seigneur, le directeur de l’entreprise de 126 salariés.

Le marché change lui aussi. Or, l’usine au bord du Doubs dans l’agglomération de Montbéliard apporte un exemple, réussi, de la capacité à s’adapter à partir de ses atouts immuables. Son propriétaire, le célèbre groupe familial vosgien Exacompta-Clairefontaine, l’a saluée et a donné les moyens de la perpétuer : il a consacré un programme d’investissement de 16 millions d’€ à Mandeure et son site annexe en Haute-Saône qui s’est achevé il y a quelques mois.



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« La capacité de production s’en trouve accrue à 35.000 / 40.000 tonnes par an contre 30.000 jusqu’alors (et 15.000 en 1996). Et la modernisation entreprise conforte notre réorientation vers des papiers techniques et spéciaux, qui représentent même des alternatives aux plastiques pour certaines applications », décrit Patrick Seigneur. De quoi poursuivre la croissance du chiffre d’affaires qui s’est situé à 40 millions d’€ l’an dernier et renoue ainsi avec son niveau d’avant-Covid.

Le temps où Mandeure tirait sa prospérité des cartes perforées, de la billetterie magnétique, des fiches Bristol, des couvertures de carnets de notes ou encore d’intercalaires de classeur est en effet bien révolu à l’ère de la dématérialisation des titres de transport et de la digitalisation de l’écrit. Même s’il n’a pas complètement disparu dans l’activité du site. « Les boîtes d’archivage demandent par exemple des exigences pointues que nous maîtrisons, de tenue à l’eau et à la lumière », souligne le dirigeant.

 

Un site de transformation des bobines en feuilles en Haute-Saône

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La nouvelle machine ajoutée à la chaîne de fabrication de papier modifie le système d’imprégnation et améliore le rendement énergétique.
© Mathieu Noyer

 

C’est en bonne partie le règne de l’emballage qui s’installe pour l’entreprise, celui des produits de luxe ou produits alimentaires, ou encore le papier pour l’encadrement de tableaux. Les nouveaux débouchés confortent une autre facette de mutation du site : sa faculté à écouler sa production plus loin dans le monde. « Nous totalisons désormais 40 % d’activité à l’export. A l’Europe occidentale s’ajoutent des marchés qui s’étendent depuis quelques années à l’Asie et à l’Afrique », signale Patrick Seigneur.

L’ensemble d’investissements récemment mis en service n’a pas succédé à une période d’endormissement, puisque la Papeterie de Mandeure enchaînait auparavant les enveloppes de l’ordre de 2 millions d’€ par an. « Entre ces efforts récurrents et le programme pluriannuel, nous aurons investi 29 millions d’€ sur une décennie durant laquelle nous avons versé 13 millions d’€ d’impôts et taxes, à comparer à 1,5 million d’€ d’aides perçues », aime à rappeler Patrick Seigneur, qui se montre un fervent promoteur du maintien (et du développement !) du tissu industriel hexagonal. 


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Ce programme fait cependant entrer l’entreprise dans une nouvelle dimension, qui s’exprime sur le plan immobilier : elle étend ses bâtiments en le faisant surplomber le Doubs. Une partie d’agrandissement doit encore se construire, pour du stockage.
L’investissement a rajouté un « tronçon » neuf à la machine dans la partie à papier dont l’origine remonte aux années 1970 et avait connu de précédentes transformations. Il modifie le système d’imprégnation et améliore le rendement énergétique. Il poursuit l’amélioration de la surveillance et la gestion des effluents qui plongent dans une station d’épuration dédiée.


Il ne concerne pas que Mandeure : tout en portant le nom de la commune, l’entreprise compte un autre site à Savoyeux en Haute-Saône de 30 personnes contre 96 au siège. Celui-ci s’est doté d’une nouvelle aire de stockage/déstockage depuis deux ans. « Ici à Mandeure nous fabriquons les bobines. Elles sont pour moitié expédiées telles quelles vers les clients, et pour moitié envoyées à Savoyeux pour être transformées en feuilles », explique Patrick Seigneur. C’est donc sur ces deux pieds que la vénérable papeterie avance avec détermination et confiance vers son futur.

Qui est Patrick Seigneur ?

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Patrick Seigneur, directeur de La Papeterie de Mandeure. © Mathieu Noyer

Le directeur de la Papeterie de Mandeure est un fidèle d’Exacompta-Clairefontaine qui a racheté l’entreprise en 1990. Nancéien formé à l’école d’ingénieurs du bois d’Epinal devenue depuis l’Enstib, ainsi qu’à l’école du papier de Grenoble, il a entamé sa carrière dans sa Lorraine natale, dans le département voisin pour lui des Vosges, au sein du groupe familial de 3.500 salariés, célèbre pour ses cahiers.
Après diverses fonctions au siège d’Etival-Clairefontaine, il a rejoint le Doubs en 1996 comme responsable de production. Il en est devenu directeur 8 ans plus tard, de façon dramatiquement imprévue, suite à un événement qui avait défrayé la chronique : le meurtre de son prédécesseur par un salarié dans la cour de l’usine.

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