Les deux co-entreprises bâties par Stellantis-PSA avec les spécialistes des moteurs et boîtes de vitesse électriques, Nidec et Punch Powertrain, engageront leurs phases de production en série au cours des douze prochains mois. A l’heure actuelle, 70 salariés ont migré vers les nouvelles entités Emotors et E-transmissions, hébergées sur les sites mosellans du constructeur.
Sur le pôle Stellantis (ex-PSA) de Metz-Trémery (Moselle), la marche vers la mobilité bas carbone se fonde sur des coopérations inédites avec deux spécialistes des technologies électriques. Alors que le constructeur présentera son plan stratégique de long terme le 1er mars, les premières productions en série des co-entreprises créées avec Nidec et Punch Powertrain sont attendues localement dans les douze prochains mois.
« Le plan de transformation de nos usines de montage de Metz et de Trémery tel que défini en 2017 s’exécute à l’heure près. C’est une transformation in vitro à laquelle nous assistons avec ces deux co-entreprises installées dans nos murs », commente Marc Bauden, directeur du pôle industriel de Trémery-Metz qui totalise 3.500 salariés et 300 intérimaires.
Le site d’assemblage de moteurs de Trémery (2.500 personnes) abrite la société Emotors associant Stellantis au japonais Nidec, spécialiste des motorisations électriques. Ses ateliers démarreront à l’automne, la fabrication en série de deux composants essentiels des moteurs électriques, les rotors et les stators, ainsi que l’usinage de leurs carters fournis par la fonderie Stellantis de Charleville-Mézières (Ardennes).
« Nous sommes dans l’état d’esprit d’une entreprise apprenante. Notre objectif consiste à maitriser la production des composants du moteur électrique, comme c’est le cas pour le moteur thermique. Nous réfléchissions à aller encore plus loin que le rotor-stator », complète Marc Bauden. La hausse des ventes de véhicules 100% électriques en Europe de l’ouest pousse le groupe à accélérer.
La ligne d’assemblage de moteurs électriques mise en service en 2019 a été doublée en septembre dernier avec six mois d’avance sur le calendrier. Les composants d’Emotors alimenteront ces deux lignes, en remplacement de pièces importées d’Asie. À l’horizon 2024, 1,1 million de moteurs électriques devraient être produits à Trémery, soit l’équivalent de la production totale du site en moteurs thermiques et électriques en 2021.
À 20 km du site d’assemblage de moteurs de Trémery, Stellantis démarrera en janvier 2023, dans son usine de boîtes de vitesse de Metz (1.000 salariés), la fabrication en série d’un modèle à double embrayage électrifié e-DCT. La co-entreprise E-transmissions en charge de cette technologie de « micro-hybridation » associe le constructeur français au belge Punch Powertrain (Yinyi Group), spécialiste des boîtes de vitesse pour véhicules électriques/hybrides. Cette technologie hybride permettrait d’économiser 15% en carburant tout en abaissant les émissions de gaz à effet de serre.

© Philippe Bohlinger
Mais la perspective d’une interdiction des ventes des véhicules thermiques dans l'Union européenne à l’horizon 2035 ne compromet-elle pas les plans de E-transmissions ? « Le marché n’est pas prêt à passer au 100% électrique en raison des coûts élevés de production des véhicules », analyse le directeur. « C’est pourquoi, nous sommes convaincus que l’hybride restera au cœur du marché jusqu’en 2030. Cela représente huit ans de visibilité, ce qui est énorme ! En 2025, le standard des ventes intégrera selon nous une boîte e-DCT couplée à un moteur essence que nous fabriquons également à Trémery. »
Poursuite des plans de départs volontaires

© Philippe Bohlinger
Face à cette évolution, les organisations syndicales se montrent préoccupées par le maintien de l’emploi. « Dans l’hypothèse d’un arrêt des boîtes manuelles, garantir l’emploi à Metz supposerait un doublement des capacités de production d’E-transmissions », calcule Philippe Petry, secrétaire de la section CFDT de Stellantis-Metz. Dans ce contexte, les syndicats proposent que l’usinage des engrenages, actuellement réalisé sur place pour les boîtes manuelles, soit étendu à la nouvelle boîte électrifiée.
À Trémery où tournent également trois lignes de motorisation thermique, la CFDT calcule qu’il ne faudra pas plus de 550 salariés Stellantis, logistique comprise, pour produire 1,1 million de moteurs électriques en 2024. Un chiffre auquel il faut ajouter environ 400 salariés chez son partenaire Emotors et 450 chez E-transmissions. À l’heure actuelle, 70 salariés Stellantis ont d’ores et déjà été recrutés par les deux co-entreprises accompagnées à hauteur de 9,5 millions d’€ par la Région Grand Est.
Parallèlement, les plans de départs volontaires engagés depuis 2007 sur le pôle de Trémery-Metz devraient se prolonger. « Le dernier accord collectif 2021-2022 pourrait se traduire par 350 départs volontaires dans les prochaines années, selon des prévisions basées sur la courbe des âges », précise Virginie Alibo-Collignon, secrétaire de la section FO de Stellantis-Trémery.