Le fabricant de tubes soudés en acier inoxydable s’ouvre des opportunités sous la houlette de son nouvel actionnaire, le fonds d’investissement LiCap, au Lichtenstein. La Meusienne engage le recrutement de 40 salariés et mobilise 2 millions d’€ d’investissement avec l’aide de France relance en vue de conquérir le marché du nucléaire.


À l’écart des projecteurs, La Meusienne compose à coup sûr le prochain tube de l’été. Le fabricant français de tubes soudés en acier inoxydable basé à Ancerville, aux confins de la Meuse, profite de l’impulsion d’un nouvel actionnaire, le fonds LiCap basé au Lichtenstein. Le propriétaire de l’entreprise depuis août 2021, filiale de Swiss Global Investment, joue sur deux terrains pour mettre en musique sa stratégie de croissance et développer de nouveaux produits : un investissement de 2 millions d’€ soutenu par le plan France relance pour se doter d’instruments de pointe, ainsi qu’un programme de 40 embauches.

LiCap a repris La Meusienne, mais aussi sa société sœur, la tréfilerie TrefilUnion à Commercy (Meuse) au fonds d’investissement allemand Mutares. « LiCap s’inscrit dans une stratégie d’investissement de long terme en misant sur des PME. Localement, son objectif consiste à amplifier les synergies entre La Meusienne et TrefilUnion dans les domaines de l’administration, de la gestion de la qualité, mais aussi de la maintenance, des achats, etc. », résume Stefan Müller-Bernhardt, nommé directeur général de La Meusienne en janvier 2022.


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À Ancerville, les besoins sont d’abord humains. L’entreprise de 117 salariés (chiffre d’affaires de 40 millions d’€ en 2021) compte embaucher 40 personnes sur les dix-huit prochains mois en vue d’accompagner sa croissance, mais aussi de compenser les départs à la retraite. « Nous appliquons des méthodes du Far West pour recruter ! » glisse Stefan Müller-Bernhardt.

Au premier trimestre, l’entreprise a mis en place des affichages en mairie, une campagne sur les réseaux sociaux, ainsi que des primes de parrainage pour ses salariés attirant de nouveaux profils. En dix jours, La Meusienne s’est vue adresser 350 CV. Une première douzaine de candidats est actuellement en cours d’intégration. Un opérateur requiert en effet six mois de formation en interne.

Avec des ventes de 10.000 tonnes par an, l’entreprise passée dans le giron d’Usinor, puis d’Aperam, ne rêve pas de batailler dans la cour de ses concurrents italiens, plus compétitifs en volumes. Pas davantage de se lancer dans les tubes non-soudés, un marché à part. Elle se félicite d’être quasiment sortie du marché des pots catalytiques pour l’automobile, un secteur qui a fait sa prospérité dans les années 1980.

La nouvelle direction oriente résolument ses gammes (6 mm à 219 mm de diamètre extérieur), vers les marchés à haute valeur ajoutée. Fournisseur de l’exigeante chimie allemande, l’industriel cible désormais le nucléaire et la pharmacie. « Nous avons fabriqué une première commande destinée à transporter les composants de vaccins. Ces tubes nécessitent une extrême pureté et propreté », détaille le directeur général.



Contrôle des soudures aux ultrasons

 

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Dans les ateliers, d’un côté une ligne de soudage à l’arc TIG (tungsten inert gas), de l’autre une ligne de soudage laser.  © Philippe Bohlinger

 

Les nouvelles orientations stratégiques de La Meusienne s’accompagnent d’un investissement de 2 millions d’€ soutenu à hauteur de 800.000€ dans le cadre du plan de France relance au titre du « soutien à l’investissement et la modernisation de l’industrie nucléaire ». L’enveloppe vise à équiper les unités de soudage au laser d’une nouvelle technologie : le guidage laser par fibres optiques, plutôt que par miroirs.

La société va en parallèle se doter d’ici un an d’un système de contrôle des soudures par ultrasons, un équipement en cours de développement avec l’Université de Aalen (Allemagne) et le groupement d’entreprises germaniques PVA TePla. « L’objectif consiste à optimiser les performances de nos procédés, en générant un minimum de rebuts, dans un contexte où les cours de l’acier inox ont doublé sur les vingt-quatre derniers mois », résume le directeur-général.


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Dans la conquête de nouveaux marchés, l’entreprise installée sur 12 hectares de foncier voit son positionnement géographique, à l’est de Saint-Dizier (Haute-Marne), en bordure de la route nationale 4, comme un atout logistique. Cette localisation lui offre une proximité avec les marchés français et allemand qui captent respectivement 22% et 52% de ses volumes. Une situation qui lui permet d’atteindre ses clients distributeurs, mais aussi industriels, sans péages autoroutiers, insiste son dirigeant déterminé à orchestrer un avenir durable à l’entreprise plus que centenaire où il a débuté sa carrière.


Qui est Stefan Müller-Bernhardt ?

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Stefan Müller-Bernhardt, directeur-général de La Meusienne. © Philippe Bohlinger

Le nouveau directeur général de La Meusienne navigue depuis plus de trente ans entre la France et l’Allemagne. Il connait bien le site d’Ancerville, puis y avoir démarré sa carrière en 1988 en tant que directeur commercial pour l’Allemagne. Stefan Müller-Bernhardt, 56 ans, a travaillé dix ans pour l’usine lorraine. « Par la suite, j’ai conservé des liens étroits avec elle, puisque j’ai audité La Meusienne quasiment tous les ans, car j’ai été recruté par certains de ses clients stratégiques », explique le directeur général. Ce passionné a en effet roulé sa bosse chez l’allemand Voss Inox qu’il a contribué à implanter en France. Il est ensuite passé chez le français Jacquet Métals où il a participé à l’intégration du groupe franco-allemand Stappert. Avant de revenir dans la Meuse, Stefan Müller-Bernhardt pilotait la direction générale « Europe centrale » du distributeur Damstahl.

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