Dix-huit mois après le déclenchement de la crise de la Covid-19, il est possible d’établir un bilan économique de ses conséquences. Bruno Duchesne, professeur associé à l’école de commerce BSB Lyon, nous dresse les premiers constats, peu glorieux pour la zone euro.
Partout dans le monde, les PIB ont chuté de façon vertigineuse : moins 10 % en Chine sur le premier trimestre 2020, moins 10 % aux Etats-Unis pour le deuxième trimestre 2020, moins 15 % en Zone Euro sur la même période.
Mais la violence et la durée de la crise n’ont pas été identiques dans chacune de ces zones. Ce qui fait s’interroger sur la naissance d’un nouvel ordre économique mondial.
En ce début de 2021, la Chine, avec tout le paradoxe de la situation sachant que la Covid-19 vient de sa ville de Wuhan, apparaît être la grande gagnante de cette crise avec une croissance de plus de 5 %.

Les USA la suivent en retrouvant en ce milieu d’année le niveau de PIB de 2019. Enfin, la vieille Europe reste à la traîne, avec dans tous les pays, une croissance freinée par les confinements successifs et un retard de presque 5 points de PIB par rapport à 2019.
La différence de création de richesse s’évalue à plus de 500 milliards d’€ par rapport aux Etats-Unis et environ 1.000 milliards d’€ avec la Chine. Trois choix sanitaires différents expliquent cet écart entre les trois zones :
- La Chine a très vite privilégié l’isolement des personnes porteuses du virus, au mépris parfois des libertés individuelles. Puis elle a entrepris une campagne massive de vaccination avec près de 500 millions de doses injectées fin mai.
- Les USA ont donné la priorité au vaccin en se préoccupant peu de la distanciation sociale.
- Enfin l’Europe, empêtrée dans ses négociations commerciales avec les laboratoires pharmaceutiques, a été contrainte à des confinements successifs, retardant d’autant la reprise.
Deux graphiques illustrent, de façon saisissante, les choix opposés de l’Europe et des USA :
Le premier donne le nombre de cas de Coronavirus dans les 2 zones, avec jusqu’en avril 2021, une surreprésentation des cas aux USA, puis une inversion de la tendance à partir du début du deuxième trimestre.
Le second explique le précédent en montrant la montée en puissance très rapide de la vaccination aux États-Unis, se réalisant à un rythme trois fois plus élevé qu’en Europe.
« Si l’état est fort, il nous écrase ; s’il est faible, nous périssons. ».- Jamais la citation de Paul Valéry n’aura été plus juste. Les options sanitaires prises par les décideurs de ces trois zones en sont la traduction, allant du libéralisme absolu à la quasi-négation des libertés individuelles.
Mais la leçon économique qui peut en être tirée est assez simple : mieux vaut une stratégie explicite et durable que des choix successifs parfois contradictoires. Privilégier la cohérence à la réactivité : voilà peut-être un enseignement pour l’avenir.
Toutes les illustrations graphiques ont été fournies par l'auteur.