Traditionnel baromètre de la filière automobile régionale, l’enquête de performance du réseau PerfoEST était tout spécialement attendue dans ses résultats retraçant la très particulière année 2020. L’association d’entreprises affiliée au Pôle Véhicule du Futur (PVF) les a présentés mardi 14 septembre à Etupes (Doubs). Pour reprendre un terme à la mode, ils traduisent une faculté certaine de « résilience » des sous-traitants de rang divers.
Au terme du passage au crible de 11 familles d’indicateurs de l’enquête de performance de la filière automobile régionale, « 37 % de ceux-ci sont en amélioration, 9 % sont stables, 18 % s’affichent en dégradation légère et 36 % en dégradation plus forte », synthétise Marc Becker, président du Pôle Véhicule du Futur (PVF). A souligner toutefois que les entreprises ont été moins nombreuses à renseigner que lors des éditions précédentes, plongées qu’elles étaient dans les préoccupations du quotidien : l’enquête n'a collecté que 40 réponses, alors que celles-ci étaient montées à quelques 80 par le passé.
Il n’en demeure pas que les fondamentaux semblent bien avoir été préservés dans un contexte d’une chute de la production automobile de 25 % sur les principaux marchés ouest-européens, et de 39 % en France avec une contribution significative à cette diminution du site Stellantis PSA Mulhouse tombé à 50.000 véhicules fabriqués l’an dernier contre 230.000 en 2019.
Considéré par PerfoEST comme l’indicateur clé, le « retour usine clients » traduisant le niveau de qualité s’inscrit en amélioration de près de 5 points. « Nous en restons cependant à la situation soulignée par le passé : la plupart des entreprises que nous suivons affichent de très bons résultats sur ce critère, mais il reste une catégorie qui n’est pas au niveau, au risque d’être éliminée : à des taux PPM (partie par million) de 50, 100 ou 150, cela devient problématique », expose Ludovic Party, directeur de Perfo Est.
Une autre évolution positive concerne le coût des retouches, ainsi que le taux de gravité mesurant les accidents du travail avec arrêt. Plus généralement, « le taux de service ne s’est pas dégradé avec la crise sanitaire, cela démontre l’agilité du tissu local », ajoute Ludovic Party.
L’émergence d’une nouvelle crise, celle de la pénurie et du coût de pièces d’approvisionnement

Le ratio des investissements sur le chiffre d’affaires, que l’enquête mesure, s’améliore aussi, mais par l’effet de la comparaison entre le numérateur et le dénominateur : les investissements ont moins baissé que le chiffre d’affaires… mais ils ont diminué quand même, de 18 % (moins 23 % pour le chiffre d’affaires). Les dégradations de résultats touchent la rotation des stocks, l'absentéisme – à relativiser du fait de la Covid-19 – la valeur ajoutée par personne, le taux de fréquence (nombre total d’accidents) et l’investissement dans la formation, malgré les aides publiques pendant la crise sanitaire.
Ce tableau somme toute satisfaisant n’est pas certain d’être reproduit ou a fortiori d’être amélioré en 2021. La cause réside bien sûr dans l’émergence d’une nouvelle crise, celle de la pénurie et du coût des pièces d’approvisionnement et autres matières. « Elle atteint un niveau inédit, de mon expérience », souligne Ludovic Party, qui n’a pas découvert l’univers automobile il y a trois mois...
Référence à la perturbation depuis bientôt un an de la production à cause du manque de semi-conducteurs, qui a contraint notamment Stellantis Sochaux à supprimer provisoirement son équipe de nuit depuis le 3 septembre. Et à la hausse des cours. L’une des entreprises lauréates des trophées de la performance (voir ci-dessous), Accuride Wheels, relate pour l’acier un renchérissement de 60 % aujourd’hui par rapport à décembre 2020, qui devrait encore grimper pour atteindre 85 % sur un an.
Les trois lauréats des Trophées de la performance
L’enquête de performance Perfo Est s’accompagne à chaque édition de la distinction de quelques sous-traitants, attributaires des « Trophées de la performance ». Trois l’ont reçu ce mardi 14 septembre.

• Accuride Wheels Troyes a relocalisé des activités en France
La filiale du groupe américain Accuride à La-Chapelle-Saint-Luc (Aube, 242 salariés), fabricant de jantes en tôle d’acier pour véhicules utilitaires et légers, s’est signalé par l’amélioration de ses indicateurs de qualité, de son taux d’accidents avec arrêt et ses investissements, en formation et en équipements : les 15 millions d’€ mobilisés, l’équivalent d’un quart du chiffre d’affaires annuel, ont permis notamment la relocalisation d’activités en France, depuis l’Allemagne.
• Mercier-Clausse, des plans d’amélioration continue
PME familiale de transformation de métaux employant 50 personnes à Pont-de-Roide (Doubs), Mercier-Clausse travaille à 90 % pour l’industrie automobile, conséquence logique de son implantation depuis près de 90 ans à proximité de Sochaux. Elle est engagée depuis 1997 dans des plans d’amélioration continue accompagnés par PerfoEST. Son trophée se justifie par ses améliorations en qualité, taux de service, ratio de valeur ajoutée par personne et accidentologie.
• Schrader Pacific Advanced Valves, de la R&D pour changer de paradigme
Schrader Pacific Advanced Valves à Pontarlier (Doubs) est également dédié en quasi-totalité à l’automobile, pour sa spécialité dans les fluides et les valves de haute technologie. Le site emploie 390 salariés, dont une forte équipe en recherche-développement qui travaille en particulier à saisir les opportunités que représentent l’électrification des véhicules, la montée en puissance de l’hydrogène et la dépollution des moteurs thermiques. Engagé dans des investissements réguliers, il a été distingué pour l’évolution favorable de son taux de service, de ses accidents avec arrêts et de l’absentéisme.
