POINT DE VUE. Il n’y a aucune fatalité à l’échec et on peut toujours rebondir. C’est le message plein d’optimisme que nous livre le patron du laboratoire Filab, spécialisé sur Dijon dans les analyses industrielles.

Certes dans nos sociétés latines et un rien judéo-chrétiennes, échouer est très mal vu. Il suffit pour s’en convaincre d’écouter les chefs d’entreprise qui ont déposé le bilan et vivent les affres d’une procédure collective.

Rien ne leur est épargné et surtout pas le regard suspicieux des autres, subodorant neuf fois sur dix de l’incompétence et parfois pire : de la malversation.

Selon un sondage de 2011, réalisé auprès des entrepreneurs appartenant à la communauté d’Oseo Excellence, 49 % des répondants estiment utile d’enseigner la culture de l’échec, aux jeunes, mais aussi aux fonctionnaires et…, aux banquiers.

 

cyril« Nous voulons tous réussir ce que nous entreprenons et nous vivons nos échecs dans la douleur, voire dans l’humiliation. La réussite nous réjouit, l’échec nous diminue. En d’autres termes, l’échec est une faute.

 

En tous cas en Europe et particulièrement en France. Car ailleurs, dans le monde anglo-saxon notamment, l’échec n’est pas perçu comme une sanction, qui contraint à renoncer, mais comme une expérience qui permet de rectifier le tir.

 

Les plus belles réussites des inventeurs, créateurs ou acteurs de l’histoire que nous admirons ont emprunté les détours de l’échec.

Lequel, accepté et mûri, leur fût nécessaire. Pourquoi ?

 

Parce qu’ainsi que nous le dit le philosophe Charles Pépin dans son dernier ouvrage (1), l’échec a des vertus : il nous apprend à prendre la mesure du réel, à nous confronter aux autres et à évaluer notre endurance. En nous permettant d’identifier nos limites, l’échec nous conduit à élargir l’éventail de nos capacités.

 

N’est-ce pas après l’échec de son couple et la perte de son emploi que J.K Rowling a découvert sa vocation d’écrivain en créant le personnage de Harry Potter, s’offrant ainsi derrière la bible le plus beau succès mondial de librairie ?

 

N’est-ce pas en échouant dans la peinture que Serge Gainsbourg est arrivé à la chanson ? Ou en subissant le rejet de ses pairs pendant de longues années que Charles de Gaulle a fini par s’imposer ?

 

« La difficulté attire l’homme de caractère, écrira-t-il dans ses Mémoires de guerre, car c’est en l’étreignant qu’il se réalise lui-même ».

 

L’échec permet de réussir ses succès ».

 

(1) Les Vertus de l’échec. Charles Pépin (Allary Editions, 2016). 

 Source : Philosophie Magazine n°103-octobre 2016.

2 commentaire(s) pour cet article
  1. Traces Ecritesdit :

    Bonjour, Merci du commentaire envoyé à Traces Ecrites News à propos du point de vue de Cyril Hug, patron du Laboratoire Filab sur la Fécondité de l'échec. Il n'est en rien responsable de l'avant-propos, baptisé dans notre jargon journalistique "chapô" qui introduisait son point de vue et est, en l'occurrence, de ma seule et entière responsabilité. C'est pourquoi, je vous interroge sur votre affirmation m'accusant de brocarder les religions. Je fais juste référence aux sociétés d'origine latines et judéo-chrétiennes issue, de la culture et de l'éducation catholiques, où l'argent n'était pas considéré comme un simple outil pour faire, contrairement à la religion protestante et juive. Et qui marque encore bon nombre de nos mentalités, contrairement aux sociétés anglo-saxonnes par exemple. En outre, vous faites un a priori gratuit sans savoir en indiquant : Sans doute un échec dans une quête personnelle ? Il n'en est rien et, soyez rassuré, il m'arrive souvent de douter... "Les évidences c'est pas mon dessert Tu les avales il en sort un bouc émissaire Moi c'est le doute qui me sert de casse-croûte Oui c'est le doute qui me trace la route" Zebda Bien à vous, Didier Hugue

  2. Pierre CHEVALIERdit :

    Un grand merci pour ce très juste point de vue... Qui me touche particulièrement, car je viens de vivre moi-même un échec. Il y a juste une chose qui me chiffonne. Je sais que c'est la mode en France de brocarder les religions, mais je ne vois pas ce que vient faire la tradition judéo-chrétienne dans une soi-disante mauvaise perception de l'échec ??? Je serais curieux de connaître l'origine précise de ce à quoi vous faites allusion et qui est toute contraire à la réalité des évangiles et du Magistère ! Sans doute un échec dans une quête personnelle ? Rassurez-vous : heureux ceux qui doutent ! ;-))

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