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Jean-Philippe Girard, à gauche, en discussion avec François Hollande au dernier SIAL. Et juste à droite, Xavier Belin président de la FNSEA.

 

PORTRAIT. Extension du site dijonnais d’Eurogerm, ouverture d’une seconde boutique Tartin’Art sur Paris, négociations serrées avec les groupes de la grande distribution dans le but de stopper la politique suicidaire des prix bas, lobbying forcené pour dénoncer l’empilage de normes, aussi inutiles que dévastatrices…

L’agenda 2015 hyperbooké du président fondateur d’Eurogerm et président de l’Association Nationale des Industries Alimentaires (ANIA) ne lui laissera guère de temps libre pour jouer au golf de Norges-la-Ville, qu’il co-possède près de Dijon.

 

• Côté business, comment se porte votre société Eurogerm ? Toujours numéro un français des ingrédients et auxiliaires technologiques pour la filière blé-farine-pain ?

 

Plutôt bien, avec un chiffre d’affaires à mi-exercice en progression de 15,7% à 35,5 millions d’€ et un résultat d’exploitation en hausse de 16,5%. Nous pensons donc atteindre, voire franchir la barre symbolique des 70 millions d’activité. Cette bonne croissance nous conduit à étendre de 2500 m2 notre unité située près de Dijon, pour spécialiser les lignes dédiées à la meunerie, à la panification et aux avant-produits de pâtisserie.

Nous optimiserons ainsi tous nos flux pour gagner en capacité et en productivité. Nous refaisons également des laboratoires sur environ 560 m2 où collaborent les personnes de la R&D et des méthodes. L’innovation est dans l’ADN d’Eurogerm et sous-tend bien évidemment tous ses développements.

L’investissement global dans cette nouvelle extension s’élève à 2,1 millions d’€. C’est une opération très importante dans la situation actuelle qui engendrera entre 5 et 10 recrutements dans l’année.

 

• Votre première boutique Tartin’Art sur Dijon devait servir de pilote à un concept de restauration rapide autour du pain voué à être franchisé. Ou en êtes-vous ?

 

La boutique de Dijon, en jouant le rôle de test grandeur nature, a répondu à presque tous nos espoirs. Je peux donc maintenant annoncer l’ouverture, à Paris, d’une seconde boutique Tartin’Art. Elle se situe rue de Montorgueil entre le 1er et le second arrondissement. C’est un très bon emplacement sur une voie piétonne très animée.

Grâce à ce nouvel espace de vente, nous allons affiner notre modèle exploitable pour nous implanter, demain, dans toutes les grandes métropoles mondiales. Chacune des boutiques représente un investissement de 300 000 à 500 000 €, car nous les équipons d’une cuisine et d’un fournil et elle créée en moyenne 10 emplois.

 

• Le fauteuil de président de l’Association Nationale des Industries Alimentaires (ANIA), que vous occupez depuis la fin juin 2013, vous laisse-t-il encore suffisamment de temps pour bien diriger Eurogerm ?

 

Je n’aurais jamais postulé à une telle fonction si l’entreprise n’avait pas été structurée, avec une nouvelle gouvernance, pour se passer de moi quelques jours par semaine, du moins les mardis, mercredis et parfois les jeudis. Benoit Huvet, le directeur général délégué d’Eurogerm, qui a toute ma confiance, maintient ferme la barre. Nous avons créé un comité stratégique, plus un comité de direction expérimenté et nos équipes sont aux rendez-vous. Je reste par ailleurs en lien constant avec eux au moindre coup de vent.

 

• On entend votre voix critiquer les comportements de la grande distribution qui se livre par centrales interposées à une guerre des prix toujours plus bas. Est-ce le principal danger qui menace le secteur agroalimentaire ?

 

Nous sommes entrés en déflation alimentaire avec désormais un risque important de déflation sociale. Je dois réagir fermement car je représente la première industrie de France : 20 fédérations nationales sectorielles et 23 associations régionales qui fédèrent les 11 852 entreprises alimentaires de notre pays. Je vous rappelle que l'agroalimentaire français c’est en 2013, un chiffre d'affaires de 160,5 milliards d'€, le premier employeur industriel avec 492 727 salariés et le second contributeur à la balance commerciale avec plus de 8 milliards d’excédent. Veut-on détruire à jamais cette force et cette richesse ?

La politique stupide et contre-productive imposée dans les négociations commerciales par la grande distribution accélère la défaillance de nombreux fournisseurs, en très grande majorité des PME. Ce n’est pas supportable, car cela détruit tous les bénéfices du crédit d'impôt compétitivité emploi (CICE) qui commence à porter ses fruits.

C’est pourquoi, nous négocions pour imposer un prix juste et responsable. Un prix qui prend en compte les attentes des consommateurs en terme de qualité, de sécurité et de diversité. J’ai bon espoir d’y parvenir, de nombreux distributeurs commençant à partager ce constat, car c’est l’avenir même de notre belle filière qui est en jeu.

 

girardeurogerm• Votre autre cheval de bataille concerne les scores nutritionnels. En quoi est-ce une mauvaise mesure ?

 

On se tire une balle dans le pied avec cette nouvelle et énième norme. Je n’accepterai jamais que l’on « enferme » le modèle alimentaire français dans un score nutritionnel.

Si l’on veut détruire des siècles de savoir-faire, il n’y a pas mieux. Avec ce système de pastilles, qui s’échelonne du vert au rouge, imaginez un acheteur étranger devant un pot de miel de Provence, un jambon d’Auvergne ou un saucisson du Haut-Jura. Le premier est par nature sucré et les seconds salés, donc estampillés dans le rouge. Bilan des courses : un handicap lourd à l’exportation et un boulet au pied pour le tourisme dans nos régions.

Nous sommes pour une meilleure information aux consommateurs et travaillons, avec l’ensemble de la filière, sur le renforcement de l’information INCO (nouvelle réglementation européenne).

 

Sur un tout autre sujet, étant avant tout un entrepreneur, laissez-moi vous dire ceci : plutôt que de voir nos jeunes entrer dans le monde de l’entreprise avec un compte RTT et un compte pénibilité, ne devrait-on pas les accueillir avec un plan de formation et un plan de carrière. On semble oublier que le travail nourrit et permet de se réaliser.

 

• Vous parliez aussi de changer l’image de l’agroalimentaire, comment peut-elle évoluer ?

 

En se dévoilant comme elle l’a fait au dernier Salon de l'Industrie Agroalimentaire en France (SIAL), organisé du 19 au 23 octobre dernier. Je l’ai inauguré avec le Président de la République qui a été agréablement surpris. Il y avait plus de 1000 entreprises françaises exposantes et pas moins de 1700 innovations présentées.

Ce dynamisme, au service du consommateur, dans la recherche, comme cette pluralité d’acteurs, doivent de nouveau être montrés à l’exposition universelle de Milan 2015 qui sera elle aussi une vitrine mondiale et un vecteur d’attractivité pour nos métiers à compter du 1er mai prochain.

Ne l’oublions jamais : l’alimentation c’est la vie !

2 commentaire(s) pour cet article
  1. Damien Troussièredit :

    C'est un honneur de travailler pour Monsieur Jean-Philippe Girard, un entrepreneur qui se bat pour relancer la croissance dans notre pays.

  2. André RENARDdit :

    Jean-Philippe Girard est également adhérent membre de Réseau Entreprendre Bourgogne. Il verse une cotisation importante, nous abrite gratuitement dans ses locaux, sponsorise notre Soirée des Lauréats, participe financièrement aux "Entrepreneuriales" et en plus il est toujours disponible pour nous aider ou aider des créateurs d'entreprise!! Merci Jean-Philippe pour cette fidélité sans faille depuis 12 ans!!

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