Le grand site brassicole d'Obernai (Bas-Rhin) a repensé ses transports pour les expéditions, de façon à conserver au mode ferroviaire son rôle prépondérant malgré l'abandon par la SNCF de la politique du wagon isolé à la fin des années 2000. Il estime que son organisation autour de quelques hubs interrégionaux en France a fait ses preuves.


Après en avoir testé plusieurs, les Brasseries Kronenbourg estiment avoir trouvé la bonne recette pour leurs transports. Elle repose sur un dosage entre rail et route au départ de l’usine d’Obernai (Bas-Rhin), tel qu’il a été reformulé il y a bientôt trois ans, pour les expéditions en direction de la grande distribution (les GMS, grandes et moyennes surfaces) qui forment 70 % de leurs débouchés.

« La pertinence du modèle instauré est désormais démontrée, si bien qu’il ne devrait pas être significativement modifié l’an prochain, à l’échéance du contrat avec nos actuels prestataires », souligne Vincent Petit, chef du service transport-distribution.

Trois pôles locaux fondent le mode opératoire. Obernai, bien sûr tout d’abord. De la brasserie partent les camions à destination de l’entrepôt de 20.000 m2 voisin à Dambach-la-Ville (Bas-Rhin) qui assure les livraisons vers certaines plateformes de la grande distribution.

Mais le site abrite aussi ses propres voies ferrées. Représentant une longueur cumulée appréciable de 14 kilomètres – en rapport avec l’immensité du site de 70 hectares - elles forment une « installation terminale embranchée » (ITE) sur laquelle les wagons chargés des palettes en sortie des lignes de production sont rassemblés, par l’opérateur Captrain (ex-VFLI).

 

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De là, ils partent vers la gare de triage de Hausbergen au nord de Strasbourg. Ce troisième site-clé constitue le point de départ de trains complets vers trois plateformes : Combs-la-Ville en région parisienne, Saint-Quentin-Fallavier près de Lyon et Saint-Barthélémy-d’Anjou près d'Angers. Sur ces hubs gérés par DHL, les camions prennent le relais pour l’acheminement final vers les régions de France hors du Nord-Est. Captrain opère vers la plateforme francilienne, et Fret SNCF vers les deux autres.

« L’embranchement fer remonte à l’origine de la brasserie à la fin des années 1960. Elle a toujours constitué un atout que l’entreprise a cherché à exploiter, sous des formes diverses dans le temps », souligne Vincent Petit.

A l’origine en effet, les Brasseries Kronenbourg pouvaient faire partir des wagons les uns après les autres, selon le principe du « wagon isolé ». La SNCF l’ayant abandonné en 2007, le brasseur a alors instauré la massification en trains complets de 28 à 32 wagons, et installé ses trois hubs lointains.

La restructuration suivante, opérée en 2019-20 et aujourd’hui en vigueur, a principalement consisté à mettre en place un navettage vers Hausbergen et à s’adjoindre les services du logisticien Ideo (groupe ID Logistics). « Celui-ci assure un rôle de coordination des flux de transports et des opérateurs, nécessaire pour répondre à la saisonnalité forte de notre activité. En somme, cela a apporté la flexibilité que nous visions », observe le responsable transports.

 

Jusqu'à 12 trains par semaine au départ de la brasserie à Obernai

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Le brasseur fait charger des trains complets d'une trentaine de wagons directement à la sortie de ses lignes de production.


La cadence de trains varie du simple au double, passant de six par semaine en période basse à 12 hebdomadaires pendant les pics, enregistrés au second trimestre lorsque les commandes affluent en prévision de l’été. Chargés chacun d’un millier de palettes, ces trains sont environ 475 à partir, au cumul  d'une année. Ils transportent un peu plus de la moitié des près de 7 millions d’hectolitres annuels qui sortent d’Obernai : ils concentrent en effet les trois-quarts des expéditions pour les GMS qui captent au total 70 % des volumes. 

« Notre recours au ferroviaire évite la circulation de 20.000 camions par an », ajoute Vincent Petit. Le solde de 30 % des expéditions se répartit à parité entre la CHD (consommation hors domicile) et l’export. Pour ces deux débouchés, le transport s’effectue par la route. 

 

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Le brasseur reste friand de tester de nouvelles possibilités. En témoigne le service de caisses mobiles qu'il a instauré récemment entre Obernai et la Bretagne d’une part, et à destination de Bordeaux et Toulouse d’autre part, via Combs-la-Ville : les chargements passent alors sans rupture du train au camion. Dans le sens inverse des approvisionnements, l’organisation est bien moins complexe. Sauf cas particulier, les bouteilles en verre proviennent de l’usine OI de Gironcourt (Vosges) par trains, à raison de quelque 300 par an. 

 

Le plan Carlsberg de 100 millions d'euros en marche

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La Tourtel Twist est la marque de bière sans alcool de l'entreprise.

Comptant parmi les plus grandes brasseries d’Europe, le site d’Obernai emploie quelque 600 salariés, sur un effectif total de 1.000 personnes pour l’entreprise. Pilier de l’histoire économique… et sociétale alsacienne, revendiquant « une bière consommée sur quatre » en France avec ses marques Kronenbourg, 1664, Grimbergen et Tourtel Twist (sans alcool), les Brasseries Kronenbourg ont changé plusieurs fois de mains dans les dernières décennies (Danone, Scottish & Newcastle…) pour rejoindre en 2008 le groupe danois Carlsberg. Celui-ci a décidé en 2018 d’investir massivement, 100 millions d'€, dans la modernisation des installations. Les travaux sont toujours en cours. L’an dernier, le chiffre d’affaires de Brasseries Kronenbourg s’est établi à 830 millions d'€. À voir cette année jusqu'à quel point la canicule de l'été aura stimulé ses ventes.

 Photos fournies par l'entreprise.

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