
FINANCEMENT. Finie la période des annonces, la banque publique d'investissement (BPIfrance) est effectivement née cet été dans toutes les régions.
Hier 5 septembre à Dijon, Mathieu Défresne, directeur général de la Bpifrance Bourgogne s'est livré à un exercice pédagogique devant un parterre de chefs d'entreprises et agents de développement économique, à l'invitation de l'agence Dijon Développement.
Explications.
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Plus simple, plus efficace et plus proche du terrain sont les promesses de la banque publique d'investissement (Bpi) qui regroupe depuis juillet les fonctions de quatre structures existantes, pour certaines bien connues des chefs d'entreprises comme Oséo (aide à l'innovation).
Cette dernière, le fonds d'investissement FSI, CDC (Caisse des dépôts) Entreprises et FSI Régions (filiale de CDC Entreprises et d'Oseo) mutualisent leurs moyens financiers et humains à l'échelle régionale (21 salariés en Bourgogne) pour simplifier les démarches d'aides réputées complexes, surtout pour les petites entreprises.
Alimentée pour moitié par l'Etat, pour l'autre par la Caisse des dépôts, Bpifrance s'apparente à un guichet unique pour le financement des entreprises, qu'il s'agisse de subventions, de prêts ou de prise de participation au capital pour la création ou la reprise d'entreprises, l'investissement matériel ou immatériel, l'innovation et, nouveauté bien accueillie, pallier les défaillances de trésorerie.
Première règle à retenir : « La Bpi n'intervient jamais seule, mais en accompagnement des banques et des investisseurs en fonds propres ».
Mathieu Défresne, directeur général de Bpifrance Bourgogne se montre rassurant face aux craintes des chefs d'entreprises de devoir se familiariser avec un nouveau système d'aides.
« 90% des décisions sont prises localement », précise t-il. Ce sera systématiquement le cas pour les investissements de moins de 4 millions d'€, ce qui représente la majorité des projets bourguignons.
Les démarches s'annoncent plus légères pour le chef d'entreprise. C'est sa banque qui sollicite Bpifrance pour la garantie de prêts.
Pas de grande révolution cependant. « Les aides sont dans la continuité des financements actuels », notamment ceux mis en place par le conseil régional, même si on compte un certain nombre de nouveaux dispositifs.
C'est le cas du préfinancement du crédit impôt recherche (CIR) et du crédit impôt pour la compétitivité (CICE) : dans l'attente de bénéficier d'avantages fiscaux liés à des investissements en R&D pour le premier et d'allègements de charge pour le second, Bpifrance avance l'équivalent.
C'est également le cas des aides à l'export qui seront complémentaires des subventions du conseil régional pour les démarches commerciales (comme les représentations dans les salons).
Pour ce faire, en Bourgogne, les collaborateurs de la Coface et d'Ubifrance rejoignent la direction régionale de la Bpi.
Est également mis en place un prêt spécifique pour la phase de lancement industriel et commercial d'un produit innovant qui demeure éligible à une subvention, comme au temps d'Oséo.

Pas question toutefois de soutenir les canards boiteux
En ces temps incertains, la mesure la plus populaire est sans aucun doute le fonds de garantie accordé auprès des banques pour soutenir la trésorerie des entreprises.
Une centaine en ont déjà bénéficié en Bourgogne depuis le début de l'année, avant même la création de la Bpifrance.
Pas question de soutenir les canards boiteux, prévient Mathieu Défresne. « Notre intervention est un relais pour quelques mois à un an, mais ne corrige pas des problèmes structurels ».
Nouvelle bénéficiaire, l'économie sociale et solidaire découvrira ces prochaines semaines les mesures concrètes qui lui sont réservées.
Par ailleurs, pour répondre aux distorsions de la concurrence à l'échelle européenne, des secteurs d'activités seront désignés prioritaires. Ils sont définis dans chaque région en fonction de son profil économique et des pôles de compétitivité en place.
Mécanique, nucléaire, sciences de la vie se profilent comme les secteurs éligibles en Bourgogne.
Ce n'est pas un hasard si Lusieza-Exceldef (photo), entreprise de la filière nucléaire à Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) est l'un des premiers "clients" de Bpifrance Bourgogne. Relire ici l'article de Traces Ecrites News.
Le système refondu, politiquement vendu pour redonner un souffle à l'économie, ne sera pas forcément plus généreux. Pas d'enveloppe régionale déterminée à l'avance. Les financements sont puisés au gré des demandes dans le budget national de 42 milliards d'€.
Pour avoir un ordre d'idée, les fonds alloués aux entreprises bourguignonnes par les quatre feu structures s'est élevé à 462 millions d'€ en 2012, portés à 700 millions en ajoutant les concours bancaires.
Crédit photos : Bpifrance Bourgogne et Lusieza Exceldef.