Le fabricant américain de pièces en polymère a consacré quelque 15 millions d’€ pendant trois ans à son implantation alsacienne. L’un des objectifs : diversifier ses marchés, pour ramener la part de l’automobile de 90 % aux environs de 50 % de l’activité.
Le cycle d’investissements qui s’achève chez L&L Products à Altorf (Bas-Rhin) consolide dans toutes ses facettes ce site de pièces en polymère, principalement fabriquées pour l’industrie automobile. R&D, production et logistique ont bénéficié simultanément de l’enveloppe de quelque 15 millions d’€ mobilisée pendant trois ans par le groupe familial américain en faveur de son implantation alsacienne.
Celle-ci a mis en service en avril dernier un bâtiment de 1.000 m2 pour la recherche et développement : « Il rassemble en un lieu les compétences de nos laboratoires alors que nous agrandissions leurs locaux de façon itérative, en poussant les murs, depuis l’installation sur le site actuel d’Altorf en 2003. » Cet investissement double la surface pour la R&D, souligne John Blancaneaux, directeur du site et président de l’entité EMEA (Europe, Moyen-Orient et Afrique) de L&L Products.
De même, les capacités logistiques ont doublé depuis le début de l’année, pour être portées à 6.500 m2 et se concentrer sur le site même, alors qu’elles étaient situées auparavant au port de Strasbourg. Quant à la production, elle s’est dotée de nouvelles presses à injecter de façon à stimuler l’innovation, ADN du site.
L&L Products Altorf estime en effet tirer sa force – et sa croissance – de sa capacité à adapter en permanence la conception de ses polymères (thermoplastiques) aux besoins des clients et à traduire rapidement et fidèlement en production de pièces qui répondent à une multitude d’applications automobiles : acoustique, étanchéité, réduction des vibrations, renforcement des structures. L’industriel travaille sur l’allègement, la recyclabilité des matériaux et le développement de versions biosourcées dans les deux contextes de montée de l’électrification des véhicules et de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre.
« Notre atout majeur réside dans l’équilibre et dans l’interaction entre nos trois piliers : la formulation des pièces - au besoin en trouvant celle qui n’existe pas encore -, l’ingénierie permettant la conception de solutions complètes à partir des polymères et la fabrication de ces solutions », décrit John Blancaneaux. « Notre expertise dans chacun de ces trois domaines nous rend leader de nos marchés, qui sont techniques et de niche », ajoute-t-il.
Un objectif de diversification vers d’autres marchés

Ces débouchés se concentrent aujourd’hui à 90 % dans l’automobile, auprès de l’intégralité des constructeurs et de leurs principaux équipementiers. Les pièces L&L se répartissent un peu partout dans le véhicule : dans la caisse en blanc, les montants de baies, les panneaux de portes, les passages de roue, etc. Mais les investissements récents portent aussi l’objectif d’une diversification vers les autres marchés progressivement développés depuis Altorf : le transport de marchandises et de personnes (trains, fourgonnettes, camions-bennes…), l’aéronautique et l’industrie, cette dernière à travers une gamme d’adhésifs notamment. « L’objectif consiste à ramener la part de l’automobile aux environs de 50 % de l’activité, tout en poursuivant notre croissance auprès de ce secteur, où nous gagnons régulièrement de nouveaux clients, comme Toyota et Hyundai récemment », complète le dirigeant.
L’agilité de L&L Products (1.200 salariés dans le monde) lui permet de concourir avec succès face aux multinationales de son domaine. A Altorf, le groupe emploie 280 salariés permanents, contre 220 il y a cinq ans, et les nouveaux investissements s’accompagnent (ou s’accompagneront) d’embauches supplémentaires.
Le site alsacien est le second plus important du groupe après le siège de Romeo dans le Michigan. Accueillant aussi les fonctions support, il pilote l’ensemble de la région EMEA qui comprend deux autres usines en Tchéquie et en Turquie et il écoule sa production sur tout le Vieux Continent, Russie comprise, ainsi qu’en Afrique du Sud. Les développements dont il bénéficie le renforcent un peu plus comme carte majeure mondiale de son propriétaire américain.
Achats recentralisés
L&L Products Altorf n’a pas attendu la Covid-19 pour raccourcir ses circuits d’approvisionnement. « Nous opérons depuis plus de deux ans un recentrage du sourcing, qui était totalement mondial auparavant. L’explosion des coûts de transport, le réflexe protectionniste de certains pays, les risques de dépendance à un seul fournisseur ou à une poignée d’entre eux situés à l’autre bout de la planète a modifié la donne. A présent, nous achetons 80 % de nos composants en Europe », expose John Blancaneaux. Et l’usine tourne normalement, indifférente à la pénurie de semi-conducteurs qui perturbe de nombreux sites automobiles par ailleurs.

Lui-même a débuté au service achats dont il était devenu le responsable avant de prendre le pilotage du service développement (2002) puis de la R&D (2004) puis de la direction générale, en charge de la région EMEA.
Photos fournies par l'entreprise.