INNOVATION/LORRAINE. A l’occasion du congrès d’Aprovalbois qui se déroule jusqu’à ce soir à Dijon, Escaliers Somme reçoit un trophée de l’innovation décerné par les interprofessions du bois du Nord-Est.
Le menuisier de Moselle a créé un escalier connecté capable de déclencher une alarme, un éclairage ou encore un message de bienvenue par simple contact du pied sur une marche.
Il vient de décrocher un contrat de 100 à 150 escaliers par an en Belgique.

Et le lauréat dans la catégorie Innovations matériaux procédés, produits, design est … l’escalier connecté Tempo des Escaliers Somme à Dieuze (Moselle).
A l’occasion de son congrès qui a ouvert hier et se déroule jusqu’à ce soir 27 novembre à Dijon, l’association bourguignonne Aprovalbois s’est associée aux autres interprofessions du Nord-est (Franche-Comté, Lorraine, Alsace, Picardie et Champagne-Ardenne) pour récompenser les entreprises les plus innovantes de la filière bois.
Parmi les 23 entreprises qui ont concouru à ces premiers trophées, figure la PME dirigée par Gilles Somme (30 salariés, 2,9 millions d’€ de chiffre d'affaires).
Son escalier connecté est le fruit de la collaboration de plusieurs sociétés lorraines : Imagine Elément (électronique), la Miroiterie Righetti (garde-corps), ZED Industrie (rampe en acier), Chêne de l’Est (bois) et le garage Citroën de Dieuze (laquage).
A l’image d’un piano-instrument qui a inspiré le design du prototype, le contact d’un pied sur une marche-touche peut déclencher un message de bienvenue, la mise en route d’une alarme ou encore l’éclairage d’une pièce.
Le principe de fonctionnement est assez simple : des capteurs placés sous les marches enregistrent les variations du champs magnétique provoquées par le déplacement d’un pied et transmettent l’information à une carte électronique.
« Au bout de cette information, nous pouvons mettre ce que nous voulons», s’enthousiasme Gilles Somme, le gérant de l’entreprise qui a investi 80 000 € dans le projet.

Présenté pour la première fois au salon Maison & Objet à Paris en septembre 2014, l’escalier connecté est avant tout un moyen de communiquer sur l’activité des Escaliers Somme « à l’image des concept-cars des constructeurs automobiles », reconnaît son gérant. Et ça marche.
Le buzz a suscité l’intérêt d’un constructeur belge de maisons individuelles.
Celui-ci a signé en octobre pour 100 à 150 escaliers par an. Ce qui représente un tiers d’activité en plus et du chiffre d'affaires à l’export pour l’entreprise qui réalise l’essentiel de ses ventes en Lorraine auprès d'une clientèle de particuliers.
Cela ne l’a pas empêchée d’installer ces dernières semaines un escalier à Pointe-Noire au Congo en partenariat avec le décorateur d’intérieurs Rinck.

« La dynamique de l’entreprise a toujours été de se réinventer, d’essayer d’être leader de l’escalier en Lorraine et de le rester. Economiquement parlant, la situation régionale n’est pas brillante, alors nous faisons le dos rond et nous rognons un peu sur nos marges pour continuer à investir. Nous aurons ainsi un outil performant, prêt à absorber les volumes quand l’activité repartira », souligne l’entrepreneur dont le maitre est, depuis quelques années : « diversification ».
En 2012, l’entreprise a investi dans un atelier inox pour internaliser la fabrication de ses balustres.
Un choix qui lui a permis de gagner de l’activité en sous-traitance pour d’autres membres du groupement Treppenmeister. Escalier Somme est le représentant en Lorraine de cette association européenne qui fédère 85 fabricants d'escaliers, dont une trentaine en France.

En 2015, l’entreprise a démarré la commercialisation de produits de décoration intérieure en chêne massif avec la marque Petite Friture. Un modèle de chaise et de banc créés par un designer sont déjà commercialisés.
Sur le bureau de Gilles Somme, est posé le dessin d’une table à rallonge. « C’est un marché qui s’ouvre à nous. Les produits sont très techniques, complexes à réaliser, car ils associent le cuir et le bois. »
« Mais c’est justement ça qui nous intéresse. Ce n’est pas notre métier, mais cela ouvre l’entreprise sur d’autres modes d’organisation de la fabrication », détaille Gilles Somme.
C'est aussi l'occasion d’encore mieux valoriser les chutes de bois : 140 m3 par an, soit 35% provenant des approvisionnements. Celles-ci sont actuellement brûlées dans une chaufferie pour alimenter les 1600 m² d’atelier, bureaux et show-room à Dieuze.
Qui est Gilles Somme ?
Touche à tout, passionné, créatif, Gilles Somme, 52 ans, a repris l’entreprise familiale de menuiserie en 1987 après un tour de France de sept ans. Un compagnonnage qui l’a conduit à spécialiser l’entreprise dans la fabrication d’escaliers.
« Je suis toujours à l’affût de nouvelles idées. Côtoyer des personnes dans une dynamique créative stimule mon imagination ». Elu en juin 2014 président du Gipeblor, l’interprofession du bois en Lorraine (qui devrait s’unir à l’horizon 2017 avec l’Alsace et la Champagne-Ardenne), l’homme se dit convaincu de l’avenir du matériau bois.
« On entend dire qu’il n’y aura bientôt plus de sable pour fabriquer du béton. Pour le bois, c’est différent. Il y en aura toujours si nos forêts sont gérées durablement ».
Les autres lauréats du trophée de la filière bois Nord-Est
- La Menuiserie Sifferlin (Mundolsheim, Alsace) a inventé la plus petite cuisine au monde : elle tient dans une armoire de 250 kg montée sur des roulettes et occupe 1m2 au sol lorsqu’elle est fermée.
- Bois et Sciages de Sougy (Nièvre, Bourgogne) lance la production d’un panneau en bois lamellé-collé croisé. Collées en couches successives et croisées à 90 degrés, des lames de sapin, d’épicéa ou de douglas, forment des panneaux de grand format pouvant atteindre 70 m2, afin de faire des murs et des planchers.
- Forest-Tract (Saint-Dizier, Champagne-Ardenne), constructeur de machines forestières, a conçu un engin à débusquer doté d’un mode de transmission hydrostatique développé avec Poclain Hydraulique et d’une grue de débardage très puissante qui apporte des gains de productivité estimés entre 20 et 30%.
- SERTIT (Strasbourg, Alsace), pour traitement d’image de télédétection dépendant du laboratoire de recherche ICube de l’Université de Strasbourg, a développé une méthode d’inventaire des essences forestières qui repose sur des relevés de terrain et les images satellites des châtaigners.
- Sygea (Schiltigheim, Alsace) est une plateforme de cartographie en ligne créée par trois coopératives forestières du Grand Nord-Est qui permet aux propriétaires adhérents de partager des informations sur des supports interactifs.