Héritière de la tradition horlogère, VP Plast, spécialisée en micro-injection plastique et surmoulage, est au cœur d’un petit groupe s’étant diversifié dans les secteurs de de la connectique, de l’automobile, de l’aéronautique et de la cosmétique. Pour pouvoir continuer à embaucher, elle prend ses distances avec la zone frontalière. Sa filiale recherche et développement, VP Molds, vient de rejoindre une autre de ses filiales dans le bassin d'emploi de Besançon.

VP Plast avait été créée au milieu des années 80 par un ancien travailleur frontalier. L’horloger suisse Tissot, qui l’employait, avait fermé son département outillage et cet outilleur avait lancé sa propre société de sous-traitance horlogère côté France, aux Fins, sur les hauteurs de Morteau et de Villers-le-Lac (Doubs), à moins de dix kilomètres de la Suisse. C’est Frédéric Lamendin, un ingénieur spécialisé dans les matières plastiques, qui avait repris son entreprise d’injection de précision en 1998. Elle employait alors une vingtaine de salariés. 

En vingt ans, cet entrepreneur a constitué un petit groupe qui totalise désormais 85 emplois, - dont 35 pour VP Plast, navire amiral du groupe avec ses 35 presses de 5 à 50 tonnes et ses 8 lignes de surmoulage en continu -, réalise un chiffre d’affaires de 13 millions d’€ et vient d’éloigner sa filiale développement de la frontière pour mieux recruter et garder ses troupes.

Car plus on s’approche de la Suisse, plus les compétences sont, tôt ou tard, aspirées par ses alléchants salaires, de deux à trois fois supérieurs aux salaires français. Toutes les entreprises microtechniques proches de la frontière sont confrontées à ce phénomène.


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VP Molds, la filiale développement du groupe, a donc déménagé des Fins à Valdahon, à une trentaine de kilomètres de Besançon, à la fin de l’année 2018. Le holding et VP Plast, eux, restent aux Fins, mais le dirigeant n’exclut pas, plus tard, de suivre le mouvement.
« L’embellie de l’année dernière dans l’horlogerie suisse a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », explique le dirigeant. 
« Deux choix s’offraient à nous : s’installer en Suisse ou nous éloigner de la frontière. Même si, financièrement, s’installer en Suisse serait plus intéressant pour des questions de charges sociales, la frontière physique crée encore des problèmes et nous avons fait le choix de rester en France. Valdahon permet de toucher un bassin d’emploi différent de celui de Morteau, jusqu’au sud de Besançon. »


« Du travail à prendre »

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Opération de contrôle des micro-pièces. © Laurent Cheviet.

VP Molds avait été filialisée en 1999 pour assurer la R&D de VP Plast au sein d’un holding intitulé LamenPlast group. Chefs de projets, spécialistes de métrologie, des essais et de l’outillage… une quinzaine de personnes ont suivi le déménagement et l’effectif pourrait monter à 30 d’ici 2020, si les embauches suivent. « Ici, on n’arrivait plus à recruter personne », confirme le dirigeant. 

VP Molds rejoint, à Valdahon, une autre filiale du groupe qui, elle, avait été créée en 2000 : MasterPlast. Celle-la compte 25 salariés et est spécialisée dans les pièces de plus grandes dimensions pour les marchés de l’automobile ou de l’aéronautique.


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La dernière entité qui a rejoint le groupe est Sommepp, une entreprise de Draguignan (Var) rachetée en 2017 et comptant 15 personnes. « C’est un outilleur, comme VP Molds, mais qui fait des moules avec plus d’empreintes pour de plus grandes séries, notamment pour des corps de pompes d’échantillons de parfum », détaille Frédéric Lamendin. « Nous avions besoin de personnel pour assurer nos commandes. Mais les clients de Sommepp donnent plus de travail à VP Molds et nous n’avons pas résolu notre problème. Il y a du travail à prendre dans ce métier, c’est une tarte à la crème. Mais il faut des compétences ! »
Pour le petit groupe des Fins, l’horlogerie ne pèse plus que 5% de l’activité. Les secteurs qui montent en puissance, pour ses micro-pièces techniques, sont ceux de la connectique (30 à 35%) et, prometteur, celui de l’aéronautique (un peu moins de 10%). VP Plast fait ce qu’il faut pour cela : l’entreprise est présente depuis 6 ans au salon du Bourget et fait partie du cluster AeroMicrotech du pôle Microtechniques. 

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Dans l'atelier de presses à injecter de VP Plast. © Laurent Cheviet.
Qui est Frédéric Lamendin ?

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© Laurent Cheviet.
« Je suis un vrai Chti », lâche dans un grand sourire cet ingénieur en matières plastiques diplômé de l’école des Mines de Douai. Avant d’atterrir aux Fins, Frédéric Lamendin a travaillé pendant onze ans chez l’équipementier automobile Plastic Omnium. Ce chef d’entreprise énergique et enthousiaste a notamment passé quatre ans et demi aux États-Unis pour y lancer une usine, et son dernier poste, dans le groupe, se trouvait à Langres (Haute-Marne), où il occupait la fonction de directeur technique.
C’est de là, entre Nord et Franche-Comté, qu’il s’était mis en quête d’une entreprise à reprendre. 
Et c’est ainsi qu’il jeta son dévolu sur VP Plast, cette fois à l’extrême Est de la France, région dont il apprécie la mentalité. « Ici, les gens sont travailleurs. Si on les traite correctement, ils nous le rendent bien », dit-il au sujet de ses salariés. « Il faut juste les trouver », ajoute-t-il avec malice.
Il apprécie aussi les paysages du haut-Doubs et, en vingt ans, le Chti est devenu un vrai Franc-comtois : adepte de vélo et de ski, il est désormais comme chez lui dans le massif jurassien.
1 commentaire(s) pour cet article
  1. Christian Guyard dit :

    Bravo à ce groupe et à son dirigeant, preuve qu’il est donc possible de faire tourner des entreprises en France, y compris dans des conditions difficiles (géographiques et proximité suisse). Cela pose en creux la question du pourquoi d’autres n’y parviennent pas.

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