Iello, éditeur et distributeur de jeux de société basé à Heillecourt (Meurthe-et-Moselle), engage un large virage digital. Cette PME de 50 salariés a fait entrer son best-seller «King of Tokyo » sur une plateforme de jeu en ligne. Le e-commerce n’est cependant pas d’actualité pour l’entreprise qui s’appuie en France sur un réseau de magasins indépendants.


Iello fait entrer le jeu de société dans l’ère numérique. Depuis quelques semaines, l’éditeur et distributeur basé à Heillecourt (Meurthe-et-Moselle), dans l’agglomération de Nancy, décline son opus planétaire King of Tokyo en ligne. Traduit en 35 langues, ce best-seller imaginé par Richard Garfield il y a dix ans et illustré par Régis Torres est accessible depuis cet automne sur la plateforme « Board Game Arena », une plateforme web spécialisée dans les jeux de plateau et de cartes.

Une première pour l’éditeur lorrain qui se définit comme « un fabricant d’expériences ludiques ». « Le soleil ne se couche désormais plus jamais sur nos jeux de société », s’amuse Cédric Barbé, cofondateur de Iello avec Patrice Boulet en 2004. Sur la plateforme, plus de 350.000 parties de King of Tokyo, une création inspirée de films japonais mettant en scène d'effroyables monstres, ont déjà été disputées, majoritairement par des Américains et des Japonais.

 

bpalcnovembre

 

Les frontières entre les univers du jeu physique et du jeu numérique se brouillent. En témoigne un autre pont, jeté dans l’autre sens cette fois... Le jeu vidéo à succès « Anno 1800 » d’Ubisoft a été récemment adapté au jeu de société par l’allemand Kosmos à Stuttgart (Allemagne). Et il est distribué en France par Iello.


Ces évolutions boostent la croissance de l’entreprise de 50 salariés (chiffre d’affaires de 19 millions d’€). Présente dans une cinquantaine de pays, avec une filiale aux Etats-Unis depuis 2012, Iello a ouvert cette année un second entrepôt de 800 emplacements-palettes à Ludres (Meurthe-et-Moselle), en complément des 2.400 de son entrepôt d’Heillecourt.

« Nous sommes en croissance continue depuis huit ans. Les restrictions de déplacement imposées à partir de 2020 par la crise sanitaire nous ont amené 10 à 12% de chiffre d’affaires supplémentaires, une progression qui ne s’amoindrit pas. Le jeu de société est devenu une alternative aux écrans, omniprésents », commente Patrice Boulet.

 

Création de contenu audiovisuel

 

iellostudio
Iello a mis à profit les périodes de confinement pour monter un studio vidéo afin d'enregistrer des tutoriels de ses jeux. © Philippe Bohlinger


Caméras zénithales, régie, clavier de streaming facilitant les changements de plan, etc. : Iello a mis à profit les périodes de confinement pour monter un studio vidéo et recruter un réalisateur-monteur. L’usage de ce nouvel espace est multiple. Il permet d’enregistrer des tutoriels de présentation des jeux pour les points de vente, de tourner des émissions, de filmer des parties, etc.
« Nous nous sommes aperçus que la vidéo et le streaming (visionnage de contenus en ligne) marchaient extrêmement bien auprès de nos publics. Grâce à notre studio vidéo, nous avons désormais les moyens de créer du contenu audiovisuel, afin de faire découvrir nos jeux », analyse Patrice Boulet.

L’arrivée en parallèle de Iello sur la plateforme vidéo Twitch et le réseau social Discord, deux médias orientés autour du jeu vidéo, a permis de connecter l’éditeur nancéien à une communauté de passionnés et de joueurs très au fait de ses créations. « Ce n’est pas forcément une audience de masse, mais c’est une audience qualitative, car les personnes touchées sont des prescripteurs, de véritables ambassadeurs des jeux », commente-t-on chez Iello.

 

supplychainmulhouse

 

L’entreprise qui compte 4 alternants a récemment signé un contrat d’alternance avec Quentin Schoemacker, étudiant en master Conception de dispositifs ludiques (Université de Lorraine) en vue de développer la couverture du digital.  « Mes expériences en gestion de projets audiovisuels peuvent être mises à profit pour passer du jeu de société au jeu en ligne et réciproquement », glisse t-il.


Si le numérique augmente la notoriété des jeux, Iello ne s’appuie pas sur le e-commerce pour les distribuer. En tous cas, pas pour l’instant. « Nous avançons prudemment sur ce sujet, malgré les demandes de certains clients. En effet, cela reviendrait à concurrencer notre propre réseau de distribution », avertit Cédric Barbé.

 

iellodirigent
Patrice Boulet, co-dirigeant de Iello. © Philippe Bohlinger


En France, deux-tiers des ventes de Iello passent par un tissu de magasins indépendants, généralement localisés en centre-ville, rappelle Vincent Simonneau, directeur-commercial de Iello. « Ces boutiques bénéficient d’un point fort : le conseil. Elles testent les jeux, contribuent à leur notoriété, etc. A l’inverse, les grandes surfaces spécialisées qui représentent le tiers restant de nos ventes, référencent des produits déjà éprouvés », poursuit-il.

Tournée vers le web, la société lorraine ne néglige donc pas pour autant ses fondamentaux. En témoignent le lancement de sa propre game de puzzles, un produit relancé par les confinements et l’ouverture de sa gamme pour enfants Loki aux jeux pour les 2-4 ans.

Commentez !

Combien font "3 plus 7" ?