EMBALLAGE/HAUT-RHIN. Devenue spécialiste du gobelet pré-dosé, Sotoco à Sausheim, près de Mulhouse (Haut-Rhin) prépare une nouvelle évolution de son activité, à l'origine la distribution automatique de boissons.
La PME réceptionne les gobelets pour procéder à la pose de l’opercule et de la languette aluminium, avant de les remplir de leur liquide.
Demain, espère Ernest Jenner, son fondateur, elle pourrait devenir, en plus, fabricant des machines de production des gobelets. Une façon de boucler la boucle.

Sotoco, c’est l’histoire d’une petite entreprise qui s’est positionnée sur un marché de masse et qui a fait mieux que survivre à son bouleversement. A partir de son activité d’origine la distribution automatique de boissons, la PME de Sausheim près de Mulhouse (Haut-Rhin) s’est lancée en 1988 dans le conditionnement de gobelets pré-dosés.
Le produit - pour mémoire, il contient une dosette que l’on libère en tirant sur une languette protectrice - connaissait alors son explosion pour consommer en vitesse du café, du thé, du potage… à partir justement de distributeurs automatiques.
Mais quelques années plus tard, la capsule d’une célèbre marque de café a fait son apparition, avec le succès que l’on connaît.
« Il nous fallait donc réagir. Nous constations que les gobelets pré-dosés restaient prisés des compagnies aériennes. En 1998, un contrat avec Air France a engagé notre repositionnement vers ce débouché », raconte Anthony Jenner, le gérant et fils du fondateur Ernest. L’activité s’est ensuite déployée vers les low cost et vers les trains.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Le gobelet était alors en plastique. En 2008, Sotoco a ajouté le carton à son offre. Bien vu : les grandes marques ont vite été séduites, au nom de la prise en compte croissante du développement durable et pour la facilité plus grande qu’offre le carton pour inscrire des logos et messages de promotion. En un mot franglais, pour le « branding ».
Sous l’apparente simplicité du produit, Sotoco s’est engagé dans la R&D jusqu’à déposer un brevet mondial sur son procédé.
« Au total, nous avons investi 4 millions d’€ entre 2006 et 2009 dans l’extension de nos bâtiments, les études et la modernisation des équipements », rappelle Ernest Jenner. Socoto réceptionne les gobelets pour procéder à la pose de l’opercule et de la languette aluminium, avant de les remplir de leur liquide.
La PME emploie 25 salariés et réalise un chiffre d’affaires de 6 millions d’€, dont 80 % à l’export dans 32 pays. La société de distribution automatique, Sotoco Services, affiche pour sa part 40 salariés pour 3,5 millions d’€ de chiffre d’affaires généré par un millier d’installations qui restent concentrées dans un périmètre local, entre le Haut-Rhin et le Territoire de Belfort.
Fabricant de machines, peut-être en Allemagne frontalière
Officiellement à la retraite depuis huit ans, mais guère décidé à lâcher l’oeuvre de sa vie créée en 1970, Ernest Jenner poursuit un autre rêve : devenir fabricant des machines de production des gobelets, de façon à boucler la boucle.
« On pourrait les revendre en licence dans le monde entier », assure-t-il. Mais, à l’entendre, cette ambition reste en rade à cause d’un contentieux de quatre ans sur le crédit impôt-recherche.
Celui-ci a pris une telle tournure que l’entreprise envisage sérieusement de transférer le projet à quelques dizaines de kilomètres, en Allemagne frontalière.
De son propre aveu, sa société est devenue une championne du contrôle fiscal. « On met beaucoup de réserves dans le bilan… sans doute trop aux yeux de certains. Mais j’ai appris de ma mère qu’on ne dépense que ce qu’on a », plaide le natif du quartier populaire de Bourtzwiller il y a 69 ans.