La start-up strasbourgeoise développe un mini-patch connecté contenant des capteurs, qui facilite le suivi et accélère le retour à domicile des patients à risque, après une opération chirurgicale ou un passage en soins intensifs des suites de la Covid-19. RDS réalise actuellement les études cliniques qui devraient déboucher sur une commercialisation en 2022.
« Chaque année, environ 30 millions d’opérations chirurgicales sous anesthésie générale sont pratiquées en Europe. Un tiers de ces opérations concernent des patients à risque qui doivent en général rester à l’hôpital pendant trois jours, juste pour surveillance », rappelle Elie Lobel, le dirigeant de RDS. Pour que ces patients puissent rentrer chez eux plus tôt, RDS a créé un mini-patch connecté, équipé de cinq capteurs qui permettent de mesurer en temps réel une dizaine de paramètres cardio-respiratoires vitaux.
Collé sur la peau au niveau du torse du patient, le mini-patch contenant des capteurs, de fréquence cardiaque, respiratoire, de température cutanée etc. est connecté à une application sur smartphone, un appareil remis au patient. Les données collectées sont transmises à l’application qui les envoie sur des serveurs sécurisés. Puis elles sont traitées pour en extraire les informations utiles au monde médical.
L’équipe hospitalière peut ainsi suivre en temps réel, 24 h/24, l’évolution des paramètres mesurés. Elle est alertée par mail ou par SMS dès que l'un d'entre eux dépasse les seuils normaux. Le médecin ou chirurgien peut ainsi prendre contact avec le patient et le faire revenir à l’hôpital si nécessaire. Léger, flexible, résistant à l’eau (si on ne l’immerge pas), le patch dispose d’une autonomie d’une semaine grâce à une petite batterie intégrée qui peut être remplacée.
L’objectif de faire revenir les patients à domicile plus rapidement a un double intérêt pour le patient lui-même et pour les hôpitaux. « Les patients qui rentrent chez eux plus tôt récupèrent plus vite et courent moins de risque d’attraper des maladies nosocomiales », souligne Elie Lobel. Du côté de l’hôpital, cela permet de libérer des lits plus vite et donc de réduire les coûts de prise en charge.
4 millions d’€ pour des ambitions mondiales
Créée il y a un an, RDS vient de lever 4 millions d’€ pour financer deux études cliniques et le projet d’industrialisation du dispositif. Un tour de table qui a réuni des investisseurs privés européens, américains et taïwanais, pour 3 millions d’€, et un million de financements publics parmi lesquels Bpifrance, la Région Grand Est et le ministère des Armées. En partenariat avec l’IHU (Institut de chirurgie guidée par l’image) de Strasbourg, la start-up a déjà obtenu l’autorisation de l’ANSM (Agence Nationale de Sécurité du Médicament et des produits de santé) pour réaliser les essais cliniques.
La première étude clinique a démarré en décembre 2020 sur une dizaine de patients du service de chirurgie viscérale de l’IHU de Strasbourg. Elle doit s’achever au plus tard à la fin de l’année. La seconde démarrera en mars ou avril prochain pour se terminer fin 2021 ou début 2022. Elle concernera des patients ayant reçu des soins intensifs (intubation, assistance respiratoire…), notamment en raison du Covid-19.
Baptisé MultiSense, le dispositif de RDS cible surtout les interventions qui visent une récupération rapide : chirurgie viscérale, urologique, cardiaque… L’entreprise qui emploie une quinzaine de personnes, entre Strasbourg et la Californie, espère démarrer la commercialisation en 2022, d’abord en Europe, puis aux Etats-Unis et en Asie en 2023 et 2024. Aujourd’hui, les mini-patch sont fabriqués en pré-séries en partie aux Etats-Unis et en Europe.
Mais pour la phase d’industrialisation, l’Europe tient la corde. Précisons toutefois que c'est à Palo Alto, aux Etats-Unis, que le projet a démarré, à l’initiative de Sam Eletr, un dirigeant franco-américain. Elie Lobel a accepté de prendre la direction de la phase 2 du projet en 2019 et RDS a été créée en février de l'année suivante. Après le patch MultiSense, la start-up aimerait développer un dispositif pour surveiller les troubles et les apnées du sommeil.

Ingénieur et médecin de formation, Elie Lobel travaille depuis 20 ans dans le domaine de la médecine digitale. De 2009 à 2016, il a dirigé le département des projets e-santé de l’Agence du numérique en santé (agence gouvernementale), puis en 2016, il devient directeur général d’Orange Healthcare. En 2019, il rejoint le projet RDS à Strasbourg et en devient le président.