Après de longues années de développements au sein de l’ETI (entreprise de taille intermédiaire) de solutions de transport, le véhicule « Cristal » d’attelage de modules fait ses premiers kilomètres commerciaux dans quatre villes, comme alternative aux transports urbains dans les rues des centres anciens. Lohr espère élargir le champ d’application et son portefeuille de clientèle.


L’inauguration prévue le 28 juin à Saverne (Bas-Rhin) n’a pas pu avoir lieu, mais cela ne change pas fondamentalement la donne : le Cristal de Lohr circule désormais pour de vrai. Le système de transports modulaire conçu par le groupe alsacien engrange ses premières commandes après de longues années de mises au point et d’attentes commerciales.

« Entre la fin d’année dernière et le début 2022, nous avons démarré la mise en circulation à Ajaccio, Avignon, Orange et donc Saverne », souligne Jean-François Argence, directeur de la branche  « nouvelles mobilités » de Lohr, dans laquelle le projet Cristal s’intègre. « Et nous sommes en prospection en France dans plus d’une dizaine d’agglomérations dont Strasbourg pour son projet de navettes électriques de centre-ville, en Allemagne dont Rügen (nord du pays) et en Suisse », poursuit le dirigeant.

 

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À l’heure de l’essence de plus en plus chère et de la chasse du CO2 en particulier dans les milieux urbains avec le lancement des zones à faibles émissions (ZFE), la solution de Lohr semble ainsi commencer à se faire sa place.

Son principe : un véhicule électrique (autonomie annoncée de 120 kilomètres) à usage collectif et à la capacité flexible, constitué au minimum d’un module aux dimensions d’une petite voiture citadine (4,2 mètres de long et 1,87 mètre de large), adapté aux personnes à mobilité réduite, et pouvant embarquer 14 personnes. À partir de cette base, il est possible de lui atteler un à trois modules de même dimension, de sorte à transporter jusqu’à 56 passagers simultanément.  

« Le point commun des quatre premiers contrats, c’est l’attrait envers Cristal que suscite à se faufiler dans les cœurs de ville, dans les rues anciennes, là où les bus et trams ne peuvent passer », expose Jean-François Argence. L’innovation procure ainsi, selon Lohr, une « pleine complémentaire » aux offres de transport urbain. Dans le cas de Saverne, elle s’est même déployée en l’absence d’un tel transport en commun, comme un mode principal en quelque sorte.

 

Desservir des zones d'activités

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Le groupe Lohr concentre l'essentiel de sa production à son siège de Duppigheim (Bas-Rhin).


Cristal a aussi été imaginé pour desservir les périphéries à l’écart des réseaux de transport en commun, comme des zones d’activités.
« C’est toujours un axe de développement commercial », pointe Jean-François Argence. Le dirigeant mise également sur l’essor du transport à la demande. Il n’exclut pas par principe la clientèle d’entreprises qui organiseraient des navettes entre domicile et travail, même si de telle opportunités lui semblent plus incertaines.

À la version actuelle avec chauffeur, Lohr compte ajouter une offre en véhicule autonome, l’i-Cristal. « Nous nous fixons l’horizon 2025 pour la déployer », complète Jean-François Argence.

L’émergence de Cristal sur le marché entraîne une montée en charge de sa production, assurée au siège du groupe à Duppigheim (Bas-Rhin). « Nous aurons fabriqué 30 exemplaires cette année et avons programmé de passer à 100 l’an prochain », annonce Jean-François Argence. Pas encore de quoi, cependant, envisager des embauches en masse. L’effectif dédié à Cristal devrait rester à son niveau actuel d’une cinquantaine de salariés.

 

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Cette spécialité reste ainsi une niche sur le plan quantitatif à l’échelle du groupe de 1.200 personnes, dont 850 sur les sites de Duppigheim et ses environs, et qui a réalisé 350 millions d'€ de chiffre d’affaires en 2020 (montant stable l’an dernier). Les « nouvelles mobilités » dont elle fait partie constituent l’une des quatre « business activities » de Lohr. L’entreprise s’est aussi développée dans le ferroutage avec sa solution de pivotage et embarquement de camions sur de longs trajets sur voies ferrées.

Mais elle repose avant tout sur deux autres pieds : son activité historique de porte-remorques de camions et les marchés de la Défense, logés dans la filiale Soframe. Ceux-ci ont plutôt le vent en poupe actuellement, en témoignent les 90 véhicules blindés pour la Gendarmerie décrochés l’automne dernier et dont la production démarre. Mais le modèle économique du groupe fondé sur de gros contrats le maintient en permanence sur le qui-vive pour ne pas se mettre en difficulté par des trous d’air.

Photos fournies par l'entreprise.

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