En pleine croissance et recrutement avant la crise sanitaire du Covid-19, l’entreprise industrielle de peinture et thermolaquage de Wittelsheim, près de Mulhouse (Haut-Rhin), relance son activité. À l’issue d’une semaine d’arrêt, Nicolas Lecourt, le dirigeant, n’a pas voulu laisser en plan certains clients. Explication.
Nicolas Lecourt n’est pas différent dans ses inclinaisons comme dans ses motivations des autres chefs d’entreprise. Implanté en Alsace, dans le Haut-Rhin, département le plus touché par le Covid-19 à la suite d’un rassemblement d'évangélistes, il s’est longuement interrogé sur la façon de réagir face à cette crise sanitaire inédite.
« On n’est pas préparé à cela, d’autant qu’au début, on ne parlait que de notre département. Nous étions la seconde semaine de mars et je venais, après un très bon début d’année, de recruter quatre personnes, dont deux en CDI », commente le dirigeant d'Arc en Ciel qui emploie 15 personnes à Wittelsheim, près de Mulhouse.
À la tête de l’entreprise familiale spécialisée dans la peinture et le thermolaquage, ce dirigeant de 41 ans sert dans un rayon d’action de 60 à 100 km, intégrant les Vosges et le Territoire de Belfort, pas moins de 350 clients réguliers. Si les gilets jaunes ont quelque peu ralenti son activité l’an dernier, la PME renoue bien vite avec une belle croissance sur les deux premiers mois de 2020, en exprimant sa compétence reconnue par le réseau d'applicateurs de peinture poudre Star Coater et le label QUALISTEELCOAT géré en France par l’association AFTA.P.

« J’étais dans la démarche de doubler l’effectif car je dispose d’un équipement parmi les plus importants de la région avec deux chaines automatisées et une manuelle, réparties dans deux bâtiments de 2.000 m2 chacun », explique-t-il. Et puis, début mars, les écoles ferment. Comme beaucoup, Nicolas Lecourt pense qu’on en fait un peu trop au niveau du matraquage médiatique, que c'est sérieux, mais pas forcément si grave… « À la fin de la semaine 11 - du 9 au 15 mars -, j’appelle mes clients et les fournisseurs pour savoir si je dois arrêter ou continuer, mais avec la nécessité le 17 mars de confiner la France, je décide de fermer. »
Un effectif revenu presque au complet
Une décision difficile à prendre, mais dictée par l’absolue sécurité sanitaire à respecter. En son for intérieur, Nicolas Lecourt n’est toutefois pas satisfait, il s’interroge : « et pourquoi planter certains de mes clients ; qu’est-ce qui justifierait un arrêt complet de notre économie si l’on respecte scrupuleusement les directives sanitaires imposées ? » Il pense à tous les maillons d'une chaîne économique à ne pas rompre totalement.
Après une petit semaine d’arrêt, Arc en Ciel Industrie redémarre le 23 mars avec un effectif très réduit et à moins de 15% de sa capacité. Depuis, tous les salariés sont revenus et la chaîne manuelle fonctionne à plein. « Mes fournisseurs et beaucoup de clients appellent pour me remercier », glisse non sans émotion Nicolas Lecourt.
La PME de traitement de surface réalise 1,5 million d’€ de chiffre d’affaires, pour la moitié dans le bâtiment : portails, clôtures, garde-corps… et l’autre dans l’industrie, en pièces mécano-soudées, tôlerie…

Et après ? La question interpelle le chef d’entreprise. Pour beaucoup d'entreprises mais seulement à certains postes, le télétravail a été une réponse salutaire. Devra-t-on par ailleurs revoir plusieurs fondamentaux en terme d’organisation interne, de relations professionnelles, de contacts commerciaux ? « Nous sommes obligés d'en sortir changé et de modifier certains comportements, sinon nous n’aurons rien compris. »